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Le discours du Pr Martin Schulz devant la Knesset

 

Le discours du président du parlement européen Martin Schulz à la knesset

 

 

 

En termes diplomatiques, on dirait que le discours de Martin Schulz, actuel président du parlement européen, était parfaitement inapproprié, comme disent les Américains lorsqu’il veulent parler d’une grave dissension avec d’autres pays. En ellemand, on dirait ganz ou total unangebracht, pour ne  pas dire scandaleux ( eine Aufsehenerregende Rede).. Toutes ces remarques philologiques préliminaires pour dire que le diplomate social démocrate allemand, en charge de l’Europe, a manqué son objectif qui était de rapprocher les points de vues et de paver la voie à une meilleure approche du processus de paix entre les Arabes et les israéliens.

 

 

 

Martin Schulz, né en 1955 comme il l’a lui-même rappelé devant la Knesset pour bien montrer qu’il n’avait rien à voir avec les criminels de guerre nazis, n’a pas fait preuve d’une grande délicatesse. D’abord, il a choisi de s’exprimer en allemand (ce qui est son droit et ce n’est pas moi qui lui en tiendrai rigueur) pour rappeler aux députés israéliens des choses peu agréables à entendre, surtout lorsqu’il a répandu des contre vérités concernant le gaspillage de l’eau par les agriculteurs israéliens : même l’autorité palestinienne compétente en ce domaine lui a donné tort : les juifs ne disposent pas de quantités d’eau sept fois supérieures à celles de leurs voisins arabes.

 

 

 

On est loin du temps où la chancelière, chrétienne-démocrate et fille de pasteur, s’exprimait humblement devant les descendants des rescapés de la Shoah et clamait haut et fort, dans sa langue maternelle : wir werden nie Israel allein lassen : jamais nous ne laisserons tomber Israël : (verbatim : jamais nous ne laisserons Israël seul). Le message de M. Schulz était bien différent. Il s’est fait le porte-parole de l’aile la plus anti-israélienne de son parlement. Certes, comme toute instance dirigeante, le gouvernement israélien est, à l’instar d’autres pays, critiquable. C’est normal, l’action gouvernementale, ce ne sont pas la loi et les prophètes. Mais tout de même. Un tel unilatéralisme (Einseitigkeit) nous laisse pantois. M. Schulz a cru aller bien loin en soulignant le droit d’Israël à exister. Mais c’est bien le moins, il aurait dû déplorer le fait que ce droit est contesté depuis plus de 70 ans !

 

 

 

Sans vouloir donner des leçons à Martin Schulz qui ne tardera pas à mesurer concrètement les retombées, voire les conséquences négatives de ce discours sur sa carrière personnellement, il faut bien relever que l’on attendait tout autre chose de sa venue. Et tout d’abord, des assurances quant au retour de l’Europe, devenue entre les deux guerres et pendant la Shoah, un immense cimetière juif. M. Schulz aurait dû parler d’une Europe régénérée, en paix avec elle-même, ayant répudié ses anciens démons, son antisémitisme séculaire, et surtout inspirée par une attitude plus compréhensive vis-à-vis d’un Etat juif, entouré d’ennemis implacables qui se sont juré sa perte depuis sa renaissance, au motif, éminemment discutable, qu’il s’est installé sur cette terre à leurs dépens.  M. Schulz aurait aussi pu reconnaître que c’est par un acte d’héroïsme quotidien qu’Israël continue d’exister…. Il y aurait eu aussi tant d’autres choses à dire ou à rappeler.

 

 

 

Ce discours manquait singulièrement de hauteur. Au lieu de transcender les petits problèmes d’intendance (étiquetage des produits, statut des implantations juives sur la terre ancestrale),  et souligner la reconnaissance du régime démocratique d’Israël, le seul de tout le Proche Orient, le diplomate allemand (si peu diplomatique) a, comme on dit, mis les pieds dans le plat. La presse allemande le critique, d’ailleurs, sans ménagement. Elle parle de Plumpheit, de lourdeur,  de manque de finesse (unverblümt), d’absence totale de Herztakt bref, les journalistes lui prodiguent leurs conseils sous forme de leçons de diplomatie.

 

 

 

Tout ceci est un gâchis. L’Europe a un grand rôle à jouer en matière de politique étrangère et, pourtant, elle échoue lamentablement. On a vu son absence dans le dossier syrien où Russes et Américains lui octroient tout juste le statut d’observateur aux mains liées, à Kiev où les Ukrainiens l’implorent, en vain, de venir à leur secours,  en Afrique où elle brille par son intolérable absence, au point que la France a dû, seule ou presque, se déployer militairement dans ses anciennes colonie (Côte d’Ivoire, Mali et Centrafrique).

 

 

 

Et après cela, on s’étonne du désamour des Européens pour l’Euro et l’Europe en général. Et on feint de s’émouvoir de la montée des parti extrémistes. Et la prestation du président du parlement européenne à Jérusalem n’a pas arrangé les choses.

 

 

 

Le discours de M. Schulz n’était pas, bei allem Respekt, au niveau de la fonction qu’il occupe.

 

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