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L'élection présidentielle en Egypte

L’élection présidentielle en Egypte

Vendredi matin, j’écoutais attentivement un long reportage sur l’Egypte, diffusé par France-Info. On a même eu droit à une interview en français de la fille aînée de Nasser qui s’exprimait dans un excellent français, 44 ans après la disparition de son père. Elle a apporté son soutien au candidat , le maréchal al-Sissi. Il y eut d’autres commentaires sur la sécurité intérieure du pays et sur la nécessité d’introduire les ingrédients d’un redressement économique. L’en jeu est simple et clair : le pays est en crise, au bord de la faillite, le citoyen moyen, sans travail, vit avec un Euro et demi par jour, les jeunes ne peuvent ni quitter leurs parents ni fonder une famille et sans tourisme, le pays ne décollera pas. Or, sans sécurité sur le territoire, pas de touristes. Jusqu’ici, rien de nouveau, tout le monde est d’accord.

Mais ce qui a accru mon étonnement, c’est l’insistance que mettent les Occidentaux à exiger de la part de dirigeants de ces pays le respect de règles démocratiques fondamentales, alors que cela est largement impossible : il n’existe pas un seul pays de ces régions du monde a vivre dans un régime démocratique. Excepté Israël qui appartient par son histoire à la civilisation occidentales et aux valeurs judéo-chrétiennes.

Le maréchal égyptien qui se considère déjà élu l’a expliqué clairement : on ne peut pas avoir de telle exigences dans de tels pays, dont le sien, l’Egypte. Le maréchal a au moins le mérite de la franchise. Lui-même n’est apparu dans aucun meeting, aucune campagne et pourtant il est omniprésent. La raison officielle alléguée est étonnante : c’est la sécurité du candidat, menacé de mort par les islamistes ! C’est là tout le problème.

Dans quelques jours, al-Sissi sera officiellement le nouveau président égyptien, mais pourra t il assurer la sécurité ? Saura t il s’affranchir de l’armée ? Pourra t il compter sur autre chose que le financement des émirats du Golfe et des USA, à un moment où ces derniers commencent à être sérieusement critiqués par le peuple ? Ce n’est pas certain. Il y aura des problèmes de sécurisation et je ne pense pas qu’on pourra les résoudre par la répression. Or, le programme d’al-Sissi, c’est, selon ses propres termes : en finir avec les Frères musulmans. Ces derniers ont, certes, sur la défensive, mais restent assez fortement implantés dans des secteurs différents comme les chômeurs et la petite bourgeoisie. Alors que faire ? Il faut absolument éviter à l’Egypte de sombrer dans le chaos et le terrorisme, ce grand pays musulman doit assurer une partie d’un équilibre régional devenu très précaire. Il faudra donc trouver les moyens de réaliser une réconciliation nationale. Pour y arriver, il faut un dialogue. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies. Les Frères musulmans sont arrêtés ou pourchassés.

Les USA et l’UE devraient comprendre qu’on ne peut pas imposer à de tels régimes le respect des règles démocratiques ayant cours en Occident. Evidemment, nous aurions tous à y gagner mais comment demander l’impossible ? Regardez simplement les centaines de condamnations à mort prononcées par un tribunal d’Alexandrie ? Comment accepter pareille chose ? Et pourtant, c’est ce qui s’est passé. Il faut espérer que les condamnés sauront exploiter toutes les voies de recours et que de telles peines seront commuées en emprisonnements ou en travaux forcés..

En une phrase, l’élection présidentielle ne règle rien, les vrais problèmes commencent. Toutefois, les Occidentaux ne devraient pas pousser le maréchal-président dans les bras de forces obscurantistes qui placeraient le pays dans une orbite anti-occidentale. Il faut un minimum d’empathie. Et accorder du temps au temps.

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