Du bon usage de la guerre ?
A propos d’un passage du livre des Juges 14 ;18 sur Samson..
Les bruits de bottes et les grondements des canons continuent au Proche Orient. Ni Israël qui se défend ni le Hamas qui tente de sauver son régime à Gaza ne paraissent disposés à relâcher leur pression, bien que Tsahal semble contrôler la situation. Pourtant, parallèlement à la fureur sévissant sur le champ de bataille, les diplomates font des progrès et explorent des voies nouvelles qui ne seront plus une simple étape intermédiaire entre deux déflagrations mais un calme quasi définitif.
On pense à cela en réfléchissant sur un personnage biblique qui était tombé amoureux d’une jeune Philistine de cette même région où se déroulent les combats, ennemie de son peuple. Mais l’amour, c’est bien connu, rend aveugle.
Samson était devenu célèbre dans cette même région où il se mromenait avec ses parents. Chemin faisant, un jeune lion fonce sur leur petit groupe. Le livre des Juges (14 ;18) nous dit qu’il le déchira comme un chevreau de ses mains nues (sic) . Peu de temps après, Samson repasse devant le lieu de son exploit et voici que la carcasse du lion abrite un essaim d’abeilles dont notre héros savoure le bon miel. Il en apporte à ses parents qui en mangent mais sans divulguer l’origine de a trouvaille. Au cours du festin nuptial de Samson et Dalila, qui dure sept jours suivant les fastes de l’Orient, Samson propose aux Philistins, les ancêtres des Gazouis, une énigme qu’il avait formulée en quelques mots denses et obscurs : Quoi de plus doux que le miel, quoi de plus fort (amer) que le lion ? C’était une manière de s’autoglorifier et de mettre en avant.
Mé’az yatsa matok : de l’amer est sorti le doux. De le violence des combats d’aujourd’hui sortira, nous l’espérons la douceur de la paix de demain.
En effet, les scenari de paix excogités par les diplomates sont très prometteurs. Ils pensent désormais qu’il est temps de traiter le problème à la racine, c’est-à-dire démilitariser la zone de Gaza, alléger le blocus d’aujourd’hui puisqu’il n’y aura plus d’armes ni de tunnels de contrebande. Vu d’ici, cela paraît miraculeux, mais on parle avec insistance de Mahmoud Abbas qui récupérerait pacifiquement la zone de Gaza, en contrôlerait les entrées et les sorties et veillerait, grâce à sa police, à la sécurité tant de Gaza que d’Israël à la frontière.
Ce scénario paraît plausible. En dépit de ses rodomontades, n’oubliez pas qu’on est en Orient et que les apparences sont plus parlantes que la réalité, le Hamas a été mis à mal. Il cherchait désespérément à pouvoir se prévaloir aux yeux de son opinion publique, d’une action d’éclat, qu’il porterait devant l’opinion publique internationale. Il a bruyamment manifesté sa joie lors de l’annonce de l’interruption des vols depuis et en direction d’Israël. Mais dès ce matin, les autorités américaines ont levé l’interdiction.
Au moment où j’écris, I24News a interrompu momentanément ses émissions en raison d’une alerte sur Tel Aviv. Mais cela ne changera rien au fond du problème. Gaza sera démilitarisée et Mahmoud Abbas ainsi que l’Egypte reprendront la main bien que Le Caire ne porte guère le Hamas dans son cœur.
Israël va devoir jouer serré car s’il y a une unité palestinienne, il faudra bien reprendre des négociations de paix. Mais au fond, si la paix prend durablement la place de la tranquillité, ce serait aussi un bon objectif pour Israël : une paix pérenne.
Samson, s’il a existé, vivait il y a plus de trois mille ans. Et il vivait dans les mêmes régions qui constituent le champ de bataille, cette pentapole philistine, Ekron, Gaza, Gat, Ashdod et Ashkelon. La syllabe initiale ASH atteste l’origine philistine de ces cités.
Au delà de trois millénaires, les mêmes problèmes subsistent. Il faut les régler et au fond Samson, héros tragique, avait raison de dire que l’amertume des combats meurtriers peut donner naissance à la douceur du miel.