Le procès du Carlton de Lille et DSK
Les lecteurs fidèles de ce blog savent qu’on y a toujours défendu DSK, même dans des circonstances particulièrement délicates et qui le mettaient gravement en cause. Aujourd’hui, je voudrais faire la distinction entre la morale et le droit. Dans ma vision idéaliste du monde et de l’homme, c’est-à-dire de la justice, je pensais que le droit et la morale devaient avancer main dans la main et que l’équité devait se substituer aux arcanes juridiques dont d’habiles avocats savent tirer le meilleur profit pour leur client. Je ne mets pas en cause la fonction d’avocat, je dis simplement qu’il existe une distorsion entre la justice et le droit. Quand vous vous réclamez de la justice, on vous répond : voici ce à quoi vous avez droit… J’en viens à présent au procès. Au plan moral, l’attitude de DSK est éminemment condamnable. Il est difficile de ne pas dire la déception que cet homme, hors du commun, a provoqué dans tous les milieux. Un homme, véritable Mozart de la finance, qui se commet avec des femmes de petite vertu, qu’elles soient des prostituées professionnelles ou pas. Cela pose le problème des relations entre vie privée et vie publique. Est ce que DSK peut se retrancher derrière le dogme de la vie privée et interdire à quiconque de porter une appréciation sur sa vie sexuelle ? Au plan judiciaire, l’argument est recevable, l’important est de ne pas avoir commis de délit. Or, ici, le délit serait le proxénétisme si on arrive à prouver qu’au cours de ces soirées libertines, DSK savait qu’il avait à faire à des femmes aux charmes tarifiés. Ça, c’est l’affaire de la justice, mais au plan moral, que pouvons nous dire ? Peut on admettre qu’un homme public donne un si mauvais exemple ? Avançons une hypothèse : si le tribunal acquitte DSK (ce qui va être le cas au regard de la réaction du ministère public) pourra t on dire qu’il est sorti blanchi par la justice ? J’en doute. Il n’aura plus de problème avec la justice mais avec sa conscience. Et sa réputation en restera éternellement ternie. Certes, tout passe, et la nature oublieuse de l’homme est bien connue, une nouvelle chasse l’autre, hier c’était un tel, aujourd’hui c’est DSK et demain ce sera un autre… Comme le dit l’Ecclésiaste : une génération s’en vient, une génération s’en va, mais la terre, elle subsiste à tout jamais.