Rendre le vote obligatoire en France ?
Régulièrement, la question revient à l’ordre du jour. Ce matin, un commentateur d’I-TELE a rappelé que Laurent Fabius, François Hollande et Manuel Valls avaient jadis joint leurs voix pour faire voter cette mesure. Le même commentateur ajoutait la remarque suivante : maintenant qu’ils sont au pouvoir, que n’adoptent ils pas la mesure jadis préconisée ?
Et en effet, la question se pose avec une certaine acuité depuis que le premier parti de France est celui de l’abstention. Voter est un droit, voter est un devoir. Mais dans une démocratie on ne transforme le droit en devoir, ce serait forcer les gens, les contraindre à s’intéresser à quelque chose dont ils désespèrent : la politique !
Il y a quelques années j’ai entendu en Israël une dame assez âgée se livrer à une réflexion désabusée sur les élections et les hommes politiques : Pendant la campagne électorale les murs vous parlent, mais une fois que les politiciens sont élus, vous parlez à un mur…
Avec son bon sens populaire, cette dame a résumé la situation : comment contraindre les hommes politiques à tenir leurs promesses, à dire la vérité, à ne pas mentir, à ne pas falsifier les bilans de leur passage au pouvoir, etc…
Donc, on pourrait, le cas échéant, rendre le vote obligatoire, mais il faudrait qu’un second volet accompagne cette mesure coercitive : que devons nous faire aux hommes politiques, de droite comme de gauche, qui mentent délibérément (je rappelle la phrase de J. Chirac, la plus cynique du siècle : les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent…), falsifient les comptes, etc… pas seulement en Europe, en France, mais aussi et surtout dans un pays comme la Grèce où les nouveaux élus se rendent compte qu’ils ont délibérément menti et qu’ils sont désormais en retrait par rapport à ce qu’ils ont dit.
Une fois que des tricheurs et des menteurs ont été élus parce qu’ils ont abusé leur peuple, de quel recours dispose celui-ci pour se débarrasser d’eux ? Aucun, strictement aucun. Une fois qu’on est élu, on l’est pour toute la durée de la législature. Les exemples sont nombreux pour illustrer ce phénomène.
Si l’on veut réformer le code électoral, il faut tout revoir, à commencer par l’engagement des candidats face à leurs électeurs. Que quelqu’un promette qu’on rasera gratis demain, c’est connu. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est le punir, le traduire devant un tribunal indépendant qui lui inflige une peine d’inéligibilité de 5 ou 10 ans. Dans ce cas, on conçoit que les électeurs soient contraints d’aller voter.
C’est probablement parce que les conditions, toutes les conditions ne sont pas réunies que les gouvernements, de droite comme de gauche, ne veulent pas entendre parler de cette mesure.
Il ne faut seulement une dose de proportionnelle, il faut surtout une grande d’éthique dans la politique, deux termes qui riment ensemble. Mais c’est tout ce qu’ils ont en commun.