Renégocier Schengen ?
Ce qui se passe aujourd’hui dans le monde est absolument inouï. C’est du jamais vu : soixante-dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, d’énormes déplacements de populations ont lieu et l’échange se fait entre deux continents si éloignés l’un de l’autre, sur tant de plans : le Moyen Orient arabo-musulman et l’Europe judéo-chrétienne. Il était prévisible que cela soulèverait bien des oppositions.
On a vu des pays solidement ancrés dans la culture chrétienne refuser de recevoir des migrants d’une autre religion, d’autres ont conditionné leur accord à des mesures très strictes. Bref, l’Europe étale ses divisions et ses conceptions qui varient souvent d’un pays à l’autre.
L’opinion publique française a été versatile sur cette question car elle a déjà commencé par rejeter les réfugiés mais sous le coup de la pression médiatique, elle a changé d’attitude, et nul ne peut nous garantir qu’elle ne changera pas de nouveau sur ce point délicat.
Des voix se font entendre, tant celles des maires que celle, plus autorisée, de l’ancien chef de l’Etat, qui préconise un nouveau statut de réfugié, celui de réfugié de guerre : on accueille les gens, on les traite correctement, mais une fois que le conflit dans leur pays est réglé, ils réintègrent la mère patrie. Cette solution est bonne et équitable mais elle est utopique car jamais ces gens, qui auront vécu ici, n’accepteront de revenir chez eux après avoir joui de la protection sociale des Européens.
Certains membre de l’opposition, ici comme ailleurs, dénoncent l’attitude des riches monarchies pétrolières du Golfe qui ferment les yeux sur les souffrances indicibles de leurs frères arabo-musulmans… Et les mêmes se demandent : mais pourquoi donc l’Europe chrétienne est elle tenue d’accueillir de tels réfugiés ?
Il est indéniable que le monde va vers des difficultés sérieuses. Le fossé culturel est trop profond et ne pourra pas être comblé. Mais soyons optimistes et essayons de voir l’avenir mieux que cela, sans toutefois nier que, vu la situation économique, les pays concernés ne peuvent plus intégrer personne.
Mais rêvons un peu : ces centaines de milliers de réfugiés (car ce n’est qu’un début et Madame Merkel insiste sur le caractère pérenne de cet afflux) peuvent œuvrer au rapprochement de nos cultures. En vivant en notre sein, peut-être feront ils émerger un islam des Lumières, plus proche des valeurs de l’Occident. Peut-être assisteront nous alors à un renouveau du dialogue des cultures…
J’ai été très ému par les déclarations de gratitude des réfugiés qui chantaient la gloire de l’Europe et rendaient grâce à la France et à l’Allemagne. Mais n’oublions pas l’attitude plus froide de la Grèce, de l’Italie, de la Hongrie, de la Pologne, de la république tchèque, du Danemark qui a modifié ses lois pour stopper une immigration sauvage.
Il faudra faire preuve d’une grande vigilance. Sinon, l’espace Schengen n’existera plus.