Le phénomène Marine Le Pen
Avant de traiter ce sujet, je ferai référence à l’éducation que l’on nous a donnée et que l’on continue de donner dans les établissements secondaires français, notamment en classe terminale où l’enseignement de l’histoire de la philosophie est dispensé. Certes, les dissertations que l’on nous proposait passaient nettement au-dessus de nos têtes d’adolescents, mais cela a laissé des traces. Et quand je pense à ce phénomène socio-politique qu’est devenu Marine Le Pen, je ne peux pas ne pas penser à un thème philosophique de l’époque, véritable tarte à la crème= comment naissent les grands hommes ? Sont ils le produit de l’Histoire ou font ils l’Histoire ? Il y a là un rapport de cause à effet : qui est responsable de l’autre ?
C’est un peu ce qui s e passe avec cette jeune présidente du FN qui a triomphé de presque tout, des adversités personnelles, des querelles entre ses parents, de la dispute publique avec son père, bref qui fut en butte à toutes les oppositions et qui, pourtant, caracole en tête des sondages. Les sondages, parlons en : le dernier en date la donne vainqueur aux élections régionales dans le Nord Pas de Calais, une région victime d’une désindustrialisation galopante et surtout abritant une population étrangère qui campe dans un no man’s land, en attente de l’autorisation de pouvoir passer en Grande Bretagne.
Comment s’explique cette formidable montée en puissance et surtout la logique d’une telle expansion ? Probablement par plusieurs facteurs dont le plus saillant est le discrédit total du personnel politique traditionnel. On ne croit plus personne et les scandales émaillant régulièrement le comportement d’une nombre croissant d’élus n’arrangent pas les choses. Certes, certains esprits malicieux ont tenté de s’en prendre à l’image de la présidente du FN en lui attribuant certains comportements passibles des tribunaux, cela n’a pas suffi. A intervalles réguliers, on parle de telle ou telle autre affaire, mais rien ne tient, et en tout cas rien ne parvient à stopper cette marche triomphale.
Il y a aussi la nouveauté de l’offre, gauche et droite n’ont pas réussi à rétablir les choses et le pouvoir actuel a battu des records d’impopularité au point de se demander, il y a tout juste plus d’un et demi, si le quinquennat irait à son terme… Du jamais vu !
Même le caractère hasardeux, pour ne pas dire aventureux du programme économique de la candidate ne ralentit pas l’enthousiasme de ses supporteurs. Vouloir quitter l’euro est folie, dans quelle numéraire serait alors libellée la dette de la France ? Ou bien est ce que Marine ambitionne de refuser de l’honorer ? Deviendrions nous comme la Grèce ? Si cette dame amendait enfin son programme économique, elle aurait encore plus de suffrages.
Au fond, l’électorat français est atterré par deux choses : la situation actuelle qui est presque désespérante et l’impuissance du pouvoir politique à la redresser. Le débat politique ne voit apparaître aucun élément nouveau ; les mêmes têtes continuent d’occuper le petit écran. Depuis des années, on vit un essoufflement, un épuisement de l’idéal politique de gauche comme de droite. Du coup, les gens cherchent un écho nouveau, un nouvel évangile.
Ils se trompent peut être, l’avenir nous le dira, mais il faut bien reconnaître que ce n’est pas gagné, je veux dire que l’électorat va peut être franchir le pas et donner la victoire à Marine Le Pen.
On ne peut pas laisser hors du jeu politique une partie de la France qui oscille entre 25 et 27 %. Il faut réagir si l’on veut éviter une grave crise.