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L'appel à l'aide du président François Hollande

L’appel à l’aide du président François Hollande…

La terrible semaine passée et celle qui s’annonce avec ce grand ballet diplomatique et même militaire, m’a fait penser à un sujet de dissertation philosophique auquel étaient soumis, en classe terminale, les jeunes lycéens que nous étions : Est-ce l’Histoire qui fait les grands hommes ou est-ce l’inverse, les grands hommes qui imposent leur marque à l’Histoire ?

N’en déplaise à certains ou, au risque de faire grincer des dents dans certains milieux, je dois bien reconnaître que François Hollande a su faire face et, du reste, les sondages, qui, d’ordinaire, lui sont défavorables, en font foi : pour la première fois il gagne plus de points que son Premier Ministre, même si, entre les deux têtes de l’exécutif, l’écart reste conséquent.

A maintes reprises, et depuis le mois de janvier 2015, François Hollande ne s’est pas effondré mais a fait face, et je dirai même avec courage et intelligence. En voici quelques exemples : en intervenant militairement au Mali, il a brisé net l’avance d’al-Quaida qui entendait déferler sur Bamako. On n’imagine pas les suites cauchemardesques d’une telle attaque si elle avait été couronnée de succès : des milliers de François et d’Européens massacrés ou retenus en otage…

Après les attentats de janvier, il a fait de Paris le point de rencontre de tous les grands de ce monde, le centre du monde.

Et il y a presque deux ans, il était prêt à s’engager en Syrie, les cibles, nous dit-on, étaient déjà désignées, lorsque Barack Obama lui fit faux bond, revenant ainsi sur ses propres engagements de frapper Bachar se celui-ci franchissait la ligne rouge, i.e. l’emploi d’armes chimiques contre son peuple. Mais hier soir, ce même B. Obama a tenu un discours menaçant et d’une grande fermeté face à Daesh : trois fois, il a dit que ce sont nous les démocraties qui le détruiront. N’est ce pas un hommage tardif mais réel aux prévisions de Fr. Hollande ?

Lors des attaques du vendredi 13 novembre, Hollande est apparu presque défait à la télévision et on le comprend. Mais il s’est vite repris et surtout a fait preuve d’une réactivité sans égale : le congrès à Versailles, l’état d’urgence, le bombardement de Daesh, l’envoi du porte-avions Charles de Gaule, déjà sur zone, etc… Bref, il a fait ce qu’il fallait. Et ce vieux peuple français, connu pour son solide bon sens paysan, ne s’y est pas trompé : il a compris que le chef d’Etat savait agir lorsque les circonstances l’exigeaient. Sur ce coup là, on ne finasse pas, on agit vite et bien, sans manœuvres politiciennes ni postures idéologiques dont une certaine gauche est si friande.

Un mot du discours au congrès de Versailles ; la phrase-clé, presque passée inaperçue, est celle-ci : le pacte de sécurité prend le pas sur le pacte de stabilité ! Génial ! Personne n’a osé s’y opposer, même Bruxelles entend voler au secours de la France, pays sévèrement touché par un terrorisme cruel et aveugle.

François Hollande a donc pris les bonnes mesures.

Je relisais durant ce week-end un éditorial du Figaro sur la solitude de la France, attaquée sur son propre sol alors qu’elle est engagée sur tant de fronts à l’extérieur. D’où l’appel à l’aide du président français : cette semaine, il boucle la boucle : les quatre grandes puissances qui comptent, européennes ou extra-européennes se réuniront avec lui ou l’accueilleront lors d’une visite. Sans même parler du roi du Marco dont les informations ont rendu à la France un service signalé, permettant de neutraliser un redoutable terroriste…

Au vu de ce qui précède, on peut donc dire, sans flagornerie, que Fr. Holland a tenu le coup, a bien réagi et a même renversé la vapeur ; pour reprendre une expression du regretté Charles Pasqua : terroriser les terroristes ! François l’a fait et entend continuer de le faire.

La grande question qui se pose n’en demeure pas moins celle-ci : même si le chômage (dont plus personne ne parle tant les préoccupations sont ailleurs : la sécurité avant la prospérité) devait encore augmenter et le pouvoir d’achat rester en berne, même si les élections régionales devaient signer un nouveau revers pour le gouvernement et le chef de l’Etat, l’impact sur ce dernier ne devrait pas être catastrophique.

Au fond, Hollande a la baraka : n’importe quel autre chef d’Etat, je le répète, se serait effondré et lui que tous critiquent pour son indécision devenue presque proverbiale (je fais référence à un grand article paru il y deux semaines et demi dans la Frankfurter Allgemeine) a tenu.

Certes, la France étant ce qu’elle est, le combat partisan ne tardera pas à reprendre. Mais, étrangement, le président (et futur candidat ?) est nettement mieux placé qu’auparavant alors que l’amélioration de la situation économique se fait toujours attendre.

Une seule ombre au tableau, selon moi : ne fallait il pas, immédiatement après les attentats, nommer un gouvernement d’union nationale, abattre les barrières idéologiques et construire un nouveau paysage politique ? A de plus experts que moi de juger.

C’est vrai, la France n’est pas l’Allemagne avec ses grandes coalitions qui permettent d’avancer et éloignent les divisions si souvent paralysantes.

La mentalité française n’est pas la mentalité germanique.

Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 23 novembre 2015

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