L’abominable attentat d’Ankara
Que ce soit Daesh ou le PKK qui se trouvent derrière l’attentat d’Ankara, le monde civilisé ne pourra que le condamner sans réserve aucune. Cela montre que tous doivent unir leurs efforts pour combattre le terrorisme devenu un fléau mondial. J’écoutais hier un reportage sur la ville de Raqqa, pseudo capitale de Daesh, où il était dit que l’Etat islamique avait fait tuer ses opposants même très loin de ses frontières. C’est dire que les tentacules s’étendent partout dans le monde. On l’a vu avec les attentats de Paris et la chasse à l’homme en Belgique.
Pourquoi cet attentat à Ankara, mais aussi à Stockholm ? Il faut bien reconnaître que la Turquie se trouve dans une situation délicate et que ses atermoiements dans la crise syrienne n’ont pas facilité les choses.
Résumons les faits : dès le début de la crise syrienne, la Turquie a tenté de jouer les médiateurs, ce qui était éminemment louable. Et puis il y eut la répression aveugle de Bachar qui a conduit à la rupture des relations et a incité la Turquie à aider, en fermant les yeux, les soldats de Daesh, admis à recevoir à travers la frontière turque, renforts en hommes et armes, munitions, etc…
Au fond, les fronts n’étaient pas très nets et surtout la coalition d’une part, les Turcs, d’autre part, ne poursuivaient pas les mêmes objectifs. Pour les Turcs, qui se décidèrent enfin à entrer dans le conflit, l’ennemi principal et obsessionnel, c’est le PKK, ce n’est pas Daesh qui n’était qu’une variable d’ajustement, si je puis dire.
Mais il faut reconnaître à la Turquie un mérite incontestable, même s’il n’a jamais cessé d’être ambigu : accueillir sur son sol plus de deux millions de réfugiés syriens, tout en s’en servant pour arracher des concessions et de l’argent à l’Union Européenne ! Or, chacun sait que la Turquie ne fera jamais partie de l’Europe, ce serait une terrible modification des équilibres ethniques, sociaux et religieux… Enfin, pour les trois milliards promis et non encore versés, certains Etats de l’UE rechignent et ne veulent pas donner leur accord, arguant des ambiguïtés savamment distillées par le gouvernement turc, héritier de la diplomatie ottomane
Les attentats qu’il faut condamner avec la dernière énergie et sans la moindre réserve s’expliquent par les revirements de la politique turque dans la conflit syrien : vos alliés d’hier, même secrets, ne resteront pas inertes si vous vous retournez soudain contre eux. Et même les puissances occidentales somment l’armée turque de cesser ses bombardements contre les Kurdes du nord de la Syrie. Ankara ne veut rien entendre et voit d’un très mauvais œil le rapprochement entre ces mêmes puissances occidentales et les Kurdes. Ankara redoute d’être le dindon de la farce et on la comprend. Mais d’un autre côté, elle a toujours refusé de régler le problème kurde qui finira bien par aboutir à la création d’un Etat, mordant sur l’Iran, l’Irak, la Syrie, la Turquie…
C’est donc la question kurde qui détermine l’action ou l’inaction de la Turquie. Il faut assouplir les positions, et cela est impossible avec l’actuel sultan.
En conclusion, la crise syrienne a des métastases qui n’en finissent pas de nous inquiéter car elles touchent le monde entier.
Il existe cependant un responsable, c’est Barack Obama qui n’a pas voulu intervenir dès le début et a préféré laisser pourrir la situation. C’est un stratégie erronée car Daesh s’est fondu dans la population, rendant quasi impossible la reconquête d’une ville comme Mossoul, forte de deux millions d’habitants…
La suite, nul ne peut la prédire.