Semaine délicate pour l’exécutif français : la jeunesse est dans la rue
La situation se détériore de plus en plus dans l’Hexagone. Et c’est la loi dite El Khomry qui a versé de l’huile sur le feu. Franchement, on ne voit pas comment la loi pourrait passer sans être dénaturée, entièrement vidée de son contenu. Les syndicats et les jeunes n’accepteront pas de corrections à la marge, ils veulent une réécriture, tandis que les autres organisations de travailleurs, CGT en tête, réclament le retrait pur et simple de cette loi. On a donc affaire à des réformistes s’opposant à des fondamentalistes. Mais même les premiers mettent en garde le gouvernement : ils n’accepteront pas des modifications cosmétiques.
Le gouvernement fait face à un vrai dilemme : il ne peut pas se déjuger gravement en capitulant en rase campagne, il ne peut pas, non plus, ne rien faire puisque tout l’intérêt de la loi est de faire baisser le chômage et de rendre plus aisée une éventuelle candidature de Fr Hollande en 2017, enfin il ne peut pas, sans graves conséquences pour son chef, retirer le projet purement et simplement. La situation de Manuel Valls serait alors intenable avec les développements que l’on sait.
Je ne souscris pas à des raisonnements machiavéliques faisant état d’un terrifiant stratagème fourbi par un membre de l’exécutif contre l’autre. On aurait tendu un piège au Premier Ministre le laissant s’empêtrer dans un chaos sans nom qui conduirait à son départ, ce que des socialistes de plus en plus nombreux semblent souhaiter, notamment depuis la tribune au vitriol parue dans Le Monde et cosignée par Martine Aubry et d’autres frondeurs.
Les mêmes qui développent ce raisonnement à la fois tortueux et invraisemblable ajoutent que le président n’aurait pas apprécié qu’on lui force la main, ni même les arrière-pensées de quelques uns, spéculant sur son éventuel départ au terme de son mandat…
De telles spéculations portant sur un divorce entre les deux têtes de l’exécutif ne tiennent pas la route. Certes, les tempéraments sont différents, les approches aussi, mais si on avait voulu remplacer le Premier Ministre, c’était au moment du remaniement du gouvernement qu’il fallait le faire… Qui s’aventurerait à changer d’attelage à moins de 14 mois de l’élection présidentielle ? Et le remplacer par qui ? Sapin, Royal, Macron ? Impossible
Pour le moment les manifestations vont avoir lieu et le gouvernement scrutera leur importance. Et surtout si les jeunes sont dans la rue et bloquent les lycées, ce sera une autre paire de manches.