Mais que cherche donc Emmanuel Macron ?
Mon père me disait souvent ce proverbe français, reflet du solide bon sens paysan: il faut se méfier de l’eau qui dort… L’initiative du ministre de l ’économie, prise dans sa ville natale, d’Amiens, hier soir, peut être interprétée de diverses manières. Que nous allons passer en revue.
La première chose, la première idée qui vient à l’esprit est que le jeune ministre prend date. Il tient compte de tout ce qui pourrait se produire et se met sur les rangs : en politique, tous les coups de théâtres, tous les revirements sont possibles, un homme politique n’est fini que lorsqu’il est cliniquement mort. Donc, eu égard à la situation économique et sociale du pays, M. Macron s’est bien rendu compte, surtout au poste où il est, que droite et gauche ne réussiront pas à redresser le pays, car elles sont engluées dans des postures idéologiques paralysantes. Il tente donc d’occuper un terrain qui se situe ailleurs. Mais c’est une vieille ficelle : il ne le sait peut-être pas, en raison de sa jeunesse mais jadis, Jacques Duclos avait traité Jean-Jacques Servan-Schreiber de parachutiste suspendu entre ciel et terre car l’auteur du Défi américain tournait le dos à toute la classe politique.. Il y eut aussi le cas, bien plus sérieux de Raymond Barre qui se situait ailleurs, ce qui fit dire à ses détracteurs que son ailleurs ne se trouvait nulle part…
Il est donc important pour le ministre de savoir où il va et de préciser ce qu’il entend faire. Mais comme le projet vient de naître, il serait prématuré d’en demander plus.
Passons à la seconde question, la plus importante, peut-être : comment se situe le ministre par rapport au président Hollande qui l’avait choisi comme conseiller puis l’avait nommé à un poste très important, lui donnant la chance de sa vie. Il me semble exclu qu’il puisse y avoir la moindre déloyauté à l’égard de François Hollande, même si le monde politique ignore tout de l’amitié et de la gratitude.
Cela me semble vraiment relever du tiers exclu. Et ce, pour une simple rai son : s’il y avait de noires arrière-pensées là-derrière, M. Macron aurait quitté le gouvernement où se serait vu prier de le faire sur le champ. J’opte donc pour une action concertée avec le président. Et l’incertitude vient plutôt de là. Il faut donc attendre pour voir et ne pas substituer ses propres hypothèses à la réalité.
En revanche, une certaine pénombre vient d’un autre côté et qui est loin d’être secondaire. C’est Manuel Valls qui se dit très intéressé par une candidature en 2022. Et là, forcément, il y aura Emmanuel Macron. Comment va se passer cette échéance ? Certes, d’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts de la Seine.