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Erdogan et les libertés...

Erdogan et   les libertés...

Ce fut peut être le coup de colère de trop : l’actuel président turc, pris à partie assez violemment par un humoriste allemand a porté plainte contre l’artiste et la chancelière a dû donner son accord afin que la plainte soit recevable. Je n’ai pas pris connaissance du corpus delicti même si les journalistes reconnaissent que la charge fut plutôt rude. Mais tout de même cela nous ramène à des temps immémoriaux où l’on pouvait encore être poursuivi ou condamné pour injure au chef de l’Etat. Cela donne une idée assez précise des conceptions de cet homme qui ne tolère ni satire ni critique. Mais ce qui frappe bien plus l’opinion et même les alliés de Madame Merkel, c’est que cette dernière ait obtempéré alors qu’elle est à la tête de la nation la plus puissante d’Europe. Elle a cédé devant un pays qui est en retard de tant de décennies par rapport à la patrie de Goethe, de Fichte et de Hegel… D’ailleurs, les hommes de la SPD ont tenu à se désolidariser de cette mesure, estimant que le président turc n’a pas à se mêler de ce qui se passe en Allemagne. La chancelière n’est pas naïve ; redoutant les réactions totalement imprévisibles (Unberechenbarkait) de son collègue d’Ankara, elle lui a donné apparemment raison tout en procédant à un changement institutionnel qui rendra la plainte du grand Turc inopérante. Mais cela en soi est déjà révélateur : tout le monde sait que la Turquie a joué double ou triple jeu dans cette crise syrienne qui a jetéé sur les rivages méditerranéens des millions de migrants que Erdogan laissait passer afin d’être en position de force par rapport à l’Europe. On se souvient du cynisme de son Premier Ministre qui a exigé non seulement de l’argent mais aussi la réouverture des négociations d’adhésion à l’UE tandis que chacun sait que nous n’admettrons jamais la Turquie en Europe.. Toutefois, ce n’est pas un très bon signe, lorsque les démocraties cèdent devant des dirigeants qui ne tolèrent pas la moindre critique. Et si demain Erdogan exigeait qu’on lui livre un adversaire politique ou un Kurde, accusé de menées subversives ou de terrorisme ?

Personnellement, je condamne les attentats anti turcs qui ont été perpétrés récemment, même contre des militaires, l’Etat turc a le droit de se défendre, mais il serait bien mieux inspiré en ouvrant des négociations avec les Kurdes qui pourraient alors mieux se sentir chez eux en Turquie et adopter une solution politique au conflit. La question qui se poserait alors est la suivante : Erdogan est il personnalité la plus qualifiée pour engager de telles négociations ? On se souvient de ses remarques acerbes contre Israël et aussi contre la Syrie de Bachar. On se souvient aussi de son aide aux islamistes alors qu’il préférait frapper le PKK, faisant croire aux Occidentaux qu’il était de leur côté…

On peut comprendre que la Turquie ait des intérêts nationaux à défendre. On peut comprendre sa méfiance à l’égard du nationalisme kurde qui aboutirait, à terme, à des démantèlements du territoire. Mais par delà de telles remarques, c’est la nature même du régime qui est ici en cause. Et j’oubliais : la Russie ! Erdogan a commis une grave erreur en abattant un avion militaire russe, ce que V. Poutime ne lui pardonnera jamais.   Il serait donc conseillé à Erdogan de se calmer car même s’il se croit à l’abri, aujourd’hui, grâce à l’Otan, les choses pourraient changer.

Erdogan ne devrait pas déposer plainte contre l’humoriste allemand qui l’a si sévèrement pris à partie. L’humoriste est peut être allé trop loin mais c’est la règle dans les pays démocratiques. Le grand Turc devrait faire un effort pour comprendre, pour se réconcilier avec ceux qu’il vitupère régulièrement et en bref changer son image.

Cela lui ferait beaucoup de bien, à lui-même et à son pays. Qui en a bien besoin. Voyez la brouille avec Israël. La Turquie a besoin d’Israël dans de nombreux domaines et Erdogan a tout gâché pour rien. Oui, pour rien, puisque les Arabes n’accepteraient jamais d’être dominés ou représentés par un Ottoman. Revoyez l’Histoire.

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