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A quoi sert une nouvelle conférence internationale sur le Proche Orient?

A quoi sert une nouvelle conférence internationale sur le Proche Orient?

Certains observateurs sont un peu sévères à l’égard de François Hollande et de son premier ministre à l’occasion de la convocation de cette conférence internationale ; ils susurrent que l’exécutif français n’avait plus le choix : face à une dégringolade inquiétante dans les sondages (respectivement 11% et 14% d’opinions favorables), avec de tristes perspectives face aux inondations et à l’Euro, il fallait avoir un sujet où l’on prend l’initiative. C’est d’ailleurs ce que distille certaines sources US proches du Département d’Etat.

Pour les USA et pour Israël, et même pour certains pays arabes, voire même les Palestiniens, la France n’a pas les cartes en main pour modifier la donne. Seuls les USA pourraient le faire, mais pour l’instant ils sont très occupés par d’autres sujets, sans même parler de la réorientation de la politique US qui cherche à contrer la Chine en Asie. Même le successeur d’Obama sera obligé de poursuivre dans cette voie. Par ailleurs, au plan régional, c’st d’une part l’Iran, et d’autre part, l’Etat islamique qui retiennent l’attention.. Comme l’a dit le président français en le déplorant, le conflit entre Israël et la Palestine est devenu périphérique. Aucun pays arabo-musulman d’importance ne s’en soucie vraiment. Même l’Iran, soutien du Hamas, a d’autres chats à fouetter en Syrie et en Irak. Et les pertes sont lourdes. Sur place, Iraniens et soldats US ont le même ennemi, Daesh qui est désormais sur la défensive. Et l’Iran pense d’abord à lui-même : il attend des investissements étrangers, le renouvellement de son matériel et la satisfaction des besoins de sa population. Du coup, les Palestiniens ne figurent plus au sommet des priorités.

Enfin, tout a changé au Proche Orient car ce n’est plus Israël qui pose problème mais le monde arabo-musulman qui est en pleine liquéfaction : l’Egypte est instable depuis que Morsi a été démis de ses fonctions, la Syrie est en ruines et ne ressemblera à rien d’ancien à la fin de la guerre, le même constat vaut aussi pour l’Irak. Enfin, il y a la Turquie qui risque de redevenir le nouvel l’homme malade de la région…

La Turquie risque de payer pour ce qui se passe en Strie, l’émergence d’une puissante milice turque va mettre en péril son intégrité territoriale, d’où le soin mis par la Turquie à surveiller la situation comme le lait sur le feu… Les Turcs vont bientôt s’apercevoir que leur urgence ne porte pas sur l’Europe et l’adhésion à son Union mais plutôt sur le problème kurde qu’ils ont intérêt à régler par la négociation.

Il faut accorder aux Kurdes une large autonomie interne dans le cadre de la régionalisation au sein de l’Etat turc. Mais l’actuel Sultan Erdogan ne l’admettra jamais. D’où la possibilité d’une grave déflagration. Et cela risque d’être compliqué car les Turcs font partie de l’OTAN…

Et depuis avant-hier, le Bundestag a courageusement voté la reconnaissance du génocide arménien qu’Ankara s’entête à nier. Si les Turcs mécontentent même le pays d’Angela Merkel, cela n’augure rien de bon

On le voit, les défis qui se préparent sont bien loin des bisbilles entre Israéliens et Palestiniens, lesquels sont lâchés par le monde arabo-musulman.

Maurice-Ruben HAYOUN in La Tribune de Genève du 4 juin 2016

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