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Désaccord gouvermental ou dyarchie au sommet ?

Désaccord gouvermental ou dyarchie au sommet ?

Les atermoiements ou plus proprement les tergiversations (se retourner de temps en temps tout en avançant) du gouvernement au sujet de la manifestation de ce jour trahissent une ligne de fracture au sommet de l’Etat. Il s’agit de désaccords sur la manière d’apporter une ou des solutions à ce projet dit loi travail qui a été vidé de son contenu positif et paralyse depuis lors la vie de la nation.

Voyons ce qui a bien pu se passer et les conséquences pour l’avenir immédiat. Apparemment, le premier ministre n’a pas bien senti le pays, il a trop souvent confondu autorité et autoritarisme, détermination et entêtement. Dès le début, au lieu de mieux faire connaître le contenu de la loi travail, il s’est contenté de dire sa détermination : j’irai jusqu’au bout, clamait-il partout, au lieu de mettre en avant les bons points de la loi et il y en a. A la place d’un souci pédagogique, dont les Français sont si friands, M. Valls a donné l’impression (fausse ?) de vouloir passer en force. Il a ensuite misé sur le pourrissement de la situation, joué le temps pensant naïvement que celui-ci jouait en sa faveur. Le résultat n’a pas tardé : il a été marginalisé par le ministre de l’intérieur soutenu ou inspiré par le chef de l’Etat.

Evidemment, l’exécutif dément ce déroulé et le discours du Premier Ministre à l’Assemblée a tenté de recadrer la situation. Rien n’y a fait ; les commentateurs insistent, depuis hier, sur ce point : Manuel Valls a été presque désavoué par le président de la République qui n’a pas du tout la même approche. Il y a dans ces deux hommes deux sensibilités largement différentes, l’un veut montrer qu’il est là, qu’il tient la barre et ne recule jamais, et juge que ce pays risque de sombrer si on le réforme pas en profondeur. Il n’a pas entièrement tort, mais comme l’indique un vieux proverbe oriental : quand on gouverne, ce qui compte, ce n’est pas d’avoir raison, c’est de faire preuve de sagesse… Le président, lui, a fait de la temporisation, un art et un mode de gouvernement.

Le fait que dans la même journée, que dis-je, en quelques heures, le gouvernement ait fait un virage à 180° ne restera pas sans conséquence. Ce qui m’a frappé ce matin, c’est le nombre de députés socialistes, non fractionnistes et non frondeurs, qui mettaient en cause l’attitude du chef du gouvernement. Que va t il se passer ?

Un journaliste ami d’Outre-Rhin pense même que cette divergence entre les deux têtes de l’exécutif présage un divorce. Le mois d’août pourrait nous réserver, selon lui, quelques surprises puisque l’échéance de 2017 se rapproche à grands pas. Toujours selon ce collègue, si le président se rend compte que son impopularité ne peut que s’aggraver s’il garde le même Premier Ministre, la tentation serait alors grande de s’en séparer. Problème, par qui le remplacer ? Comme aucun texte gouvernemental d’importance n’est prévu en année électorale, des personnalités comme M.M. Le Driant ou Cazeneuve sont envisageables. En outre, ces deux ministres n’ont pas d’ambitions politiques exorbitantes… La question qui demeure reste cependant celle-ci : Manuel Valls serait il plus dangereux à l’intérieur ou à l’extérieur ?

Je ne crois pas en la réalité de cette construction. Au fond, le jeu politique est presque aussi difficile à déchiffrer que les carnets de la Providence. Le choix de se soumettre à une primaire a déjà modifié la donne, pas encore en profondeur, mais cela pourrait arriver, surtout si la croissance se maintient et si le chômage baisse. Un exemple : si, à leur retour de vacances, les Français recevaient des feuilles d’impôts allégés, ils pourraient bien poser un regard plus aimable sur le président.

Récemment, un vieux commentateur de la chose politique de ce pays parlait des ressources insoupçonnées de François Hollande, le qualifiant de plus grand tricoteur de synthèse du pays. Ce n’est pas faux.

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