Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Erdogan au lendemain du putsch manqué…

Erdogan au lendemain du putsch manqué…

On ne dira pas, ce serait présomptueux, que ce blog avait attiré l’attention, bien des semaines avant le putsch, sur de possibles réactions de l’armée turque, tant la méthode d’Erdogan était arrogante et hégémonique. L’homme qui, aujourd’hui, se fait appeler le généralissime, après s’être comporté comme un sultan ottoman, n’a décidément rien compris à ce qui se passe : certes, il a échappé au putsch, certes, il a sauvé sa vie, mais les purges qu’il a entreprises dans sa joyeuse prise de possession de tous les pouvoirs, pourraient lui réserver des surprises dans l’avenir. Réfléchissons : il a de nouveau décapité l’armée, laquelle se sent méprisée, affaiblie et surtout surveillée, il a licencié des milliers de fonctionnaires d’Etat dans l’éducation, la justice, la magistrature, etc… il a fait fermer des chaînes de télévision, des journaux, des radios, des écoles, des universités, et le tout au motif que ces institutions étaient, de près ou de loin, l’émanation de son ennemi juré Fathulac Güllen !

Il faut comprendre la topographie et mesurer l’impact de cet imam-homme d’affaires sur la vie de la Turquie et de ses habitants. Nous pouvons le voir en analysant la confession d’un haut gradé de l’armée qui avait pactisé avec les putschistes : je suis, dit-il après avoir été sérieusement malmené par les enquêteurs, le fils d’un paysan pauvre d’Anatolie ; sans l’aide de l’imam Güllen je n’aurais jamais fait d’études et ma condition sociale serait restée la même que celle de mon père… Et il expliquait que sans l’aide financière de l’imam réfugié dans le New Jersey, une grande majorité de Turcs se débattraient dans la misère sans jamais en sortir…

C’est à la misère de son pays et de ses habitants qu’Erdogan devrait s’en prendre et non point à ses opposants ou à la Russie ou à Israël !

D’ailleurs, en emprisonnant, en excluant, en ostracisant et en rejetant des milliers de ses compatriotes au motif qu’ils s’opposent à lui, Erdogan prépare lui-même les coups d’Etat de demain. Car, que font faire tous ces réprouvés, ces mis au ban de la société ? Ils vont s’unir, devenir une force et mieux préparer leur coup. Malheureusement, Erdogan ne croit qu’à la force et au lieu de profiter de ce grand bouleversement pour engager un authentique dialogue, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Turquie, il bannit et exclut tous azimuts, se préparant ainsi de douloureux lendemains.

C’est le caractère même de l’homme qui est en cause : devons nous nous répéter ? Il s’est mis tout le monde à dos : les Arabes, les Kurdes, la Syrie, L’Egypte, l’Iran, Israël, la Russie, l’Union Européenne, les USA (qu’il accuse d’avoir soutenu le coup d’Etat, ce qui n’est pas faux car la CIA le savait et n’a pas prévenu Erdogan)… C’est seulement récemment qu’il eut un éclair de lucidité, voyant que cet isolement croissant le conduirait à sa perte. C’est alors que survint le coup d’Etat avec les conséquences et surtout l’amateurisme que l’on sait.

Que va t il se passer désormais ? Erdogan n’ira pas jusqu’à rétablir la peine de mort, et s’il le fait et que des hauts gradés sont condamnés à la peine capitale, il les graciera. Mais, pour le reste du monde qui le surveille comme le lait sur le feu, ce sera un test. Et pas uniquement pour l’Union Européenne qui sait pertinemment bien que la Turquie n’est pas une nation européenne, les pseudo négociations d’adhésion sont menées en trompe-l’œil. Comment admettre un tel pays avec un tel président et qui plus est, frontalier de la Syrie ; et qui nous fait un chantage aux visas en brandissant l’afflux de réfugiés ?

Les mois suivants seront un test. Est ce que l’armée ou ce qu’il en reste, va se tenir tranquille ? Est-ce que la lutte contre le PKK va prendre de l’ampleur ? Est-ce que l’Etat Islamique avec ses cellules dormantes va commettre encore des attentats ? Voilà bien des inconnues qui pèsent sur le proche avenir.

Mais si Erdogan se décidait enfin à entamer un vaste dialogue national, il conjurerait tous les dangers. Le fera t il ? J’en doute, tant cet homme est assoiffé de pouvoir.

Quand on dirige un pays aussi compliqué que la Turquie, on gouverne selon un consensus. Et pas seul contre tous.

Les commentaires sont fermés.