La rencontre entre Erdogan et Poutine, deux réprouvés de l’Europe...
Curieuse, cette idée de se rencontrer tout juste deux semaines après le Putsch manqué en Turquie. Cela ne nous étonne pas vraiment, de la part d’Erdogan qui ne rend de comptes qu’à lui-même. Voilà un membre important de l’OTAN qui se rend en Russie car il a enfin compris qu’il n’a plus aucune chance en Europe. De plus, son régime autoritaire et autocratique n’est guère éloigné de celui de Vladimir Poutine. C’est aussi une manière de faire peur aux Occidentaux qui, dit le sultan d’Ankara, n’ont pas volé au secours de son régime… D’où le ton vengeur de son interview accordée au journal français Le Monde. Il estime que certains ont spéculé sur le coup d’Etat, espérant qu’il réussisse afin d’être enfin débarrassé de cet allié indispensable quoiqu’encombrant.
Il y a aussi un calcul à peine caché d’Erdogan : constatant que l’ordre devra un jour ou l’autre régner en Syrie, pays responsable de grands bouleversements, il prend les devants et compte sur Poutine pour transmettre un message à Bachar. Ce dernier peut compter sur plus de mansuétude de la part de son voisin.
Certes, l’aspect économique ne doit pas passer inaperçu dans cette rencontre, les deux pays ayant des intérêts assez complémentaires et ne pouvaient pas se permettre de rester brouillés pendant longtemps.
Fidèle à son habitude, Erdogan est capable de se tourner vers d’autres horizons dans quelques semaines ou quelques mois. Il a fait la même volte face avec Israël dont son propre état major militaire est resté très proche, en dépit des aléas de la politique d’Erdogan.
Donc, Erdogan se cherche des alliés, il se sent seul et veut rompre l’isolement de son pays, un isolement dont il était le premier responsable. Il s’est brouillé avec l’Iran, la Syrie, Israël, la Russie, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis, les Kurdes, les Arméniens, l’Egypte, etc…
Il était grand temps de mettre un peu d’ordre dans tout cela. Espérons que cela ne sera pas de courte durée mais cette alliance avec le reste du monde est strétégique et non pas seulement tactique.