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Du plus vieux restaurant végétarien du monde (1898) aux vitraux de Marc Chagall de l’église Fraumünster

Carte postale de Zurich :

 

Du plus vieux restaurant végétarien du monde (1898) aux vitraux de Marc Chagall de l’église Fraumünster

 

 

 

Mercredi 7 juin vers 16h15, l’avion de Swiss, construit par la société canadienne Bombardier, atterrit lourdement sur la piste de l’aéroport de la capitale économique et financière de la Suisse. Comme tout ce qui touche ce petit pays si influent dans notre bas monde, nous sommes à l’heure et les bagages arrivent rapidement. Dans l’avion on nous remet en guise de sandwich un gâteau cacher, notre ami Monsieur Rudy Levy ayant bien fait les choses… Il est d’ailleurs là à nous attendre pour nous recevoir et nous conduire, au nom de la belle Loge Augustin Keller, à notre hôtel.

 

 

                                          Carte postale de Zurich :

 

Du plus vieux restaurant végétarien du monde (1898) aux vitraux de Marc Chagall de l’église Fraumünster

 

 

 

 

 

 

 

En effet, j’ai suivi l’invitation de cette célèbre loge, l’une des plus prestigieuses de Suisse, pour donner une conférence en allemand ( on est en Suisse alémanique !) sur Histoire juive ou destin juif ?

 

 

 

Le trajet fut anormalement long en raison d’incroyables embouteillages, provoqués par les sévères contrôles aux portes d’un grand concert où tous les spectateurs devaient être fouillés un à un.  Finalement, nous arrivons et comme un problème n’arrive jamais seul, nous avons un pneumatique avant droit qui est crevé. Mais notre accompagnateur trouve vite la parade et tout est réparé en un temps record.

 

 

 

Nous dînons le soir même dans un restaurant qu’un ami d’Israël, natif de Zurich, m’a chaudement recommandé, il s’agit du Hiltl vegi, célèbre restaurant végétarien, Uraniastrasse 9, exploité par la même famille depuis cinq générations. La réservation a été faite pour notre accompagnateur suisse qui nous introduit dans l’établissement.

 

 

 

Et là, c’est la découverte : sur deux étages, meublés de diverses manières, des tables  collectives ou individuelles, des chaises, des fauteuils, une foule de gens attablés mangent des produits végétariens qui ont le goût d’aliments carnés. Croyez moi , je n’en croyais pas mes pailles gustatives ! J’avais commandé un hamburger qui était végétarien, tout en me laissant un arrière-goût de viande dans la bouche.

 

 

 

J’avoue que j’étais assez sceptique en arrivant, mais mon correspondant israélien m’avait assuré, en juif orthodoxe qu’il est, que l’ancien ministre de la justice d’Israël, le vieux Joseph Burg, père de l’ancien président de la kenését Abraham Burg, et juif orthodoxe, donc strictement cacher, ne manquait jamais de venir se restaurer dans cet établissement, chaque fois qu’il se rendait à Zurich. Une telle garantie m’a suffi : je  mange dans tous les restaurants, notamment étoilés, mais jamais de viande ni de crustacés. Et je ne pouvais pas croire que la boucherie végétarienne (c’est le nom allemand qu’elle porte) pouvait produire un goût de viande avec des matières végétariennes. Les desserts sont plus classiques : millefeuilles, pana cota, salade de fruits, etc… Pour ce qui est des boissons, la bière pression coule à flots, surtout que ce jour là Zurich était en pleine canicule, près de 28° !

 

 

 

Durant ce bref séjour, nous primes le temps Danielle et moi de visiter la ville. Nous fumes surpris de voir que les banques avec leurs milliards de dollars ne sont pas la seule attraction de cette cité qui compte de très beaux monuments, notamment des églises, mais aussi une très belle synagogue, construite du temps de la splendeur de la communauté. Malheureusement, compte tenu de l’histoire récente du pays, cette synagogue n’est plus très fréquentée alors que les quorums religieux, les minyanin prolifèrent : chacun va soit chez Habad, soit chez d’autres et d’autres encore. Vous connaissez l’histoire juive : un juif seul sur une île déserte, et deux synagogues, dont l’une où il ne met jamais les pieds en raison d’une brouille avec un imaginaire rabbin local…

 

 

 

Nous quittons le restaurant ayant bien mangé et Rudy nous propose un Zurich by night. Il nous conduit sur les hauteurs de la ville, le Zurich Berg où résident les chicariya, les notabilités locales. Nous passons même devant l’habitation d’un certain Joseph Blatter ; en redescendant, nous apercevons, à la nuit tombée, d’autres dépendances de la Fifa, ce qui nous fait dire que si Zurich a beaucoup fait pour l’ancien président du football mondial, lui-même en a autant fait pour Zurich…

 

 

 

Chemin faisant, Rudy qui a une vue perçante, interpelle deux dames qui sortent d’un club de golf privé. Elles ne le reconnaissent pas du premier coup mais elles réussissent enfin à l’identifier ; nous descendons de la voiture pour faire connaissance. Elles disent leur regret de ne pas pouvoir assister le lendemain à ma conférence en raison d’autres engagements pris de longue date.

 

 

 

Laissez moi vous parler à présent d’un chef d’œuvre architectural, l’église Fraumünster, qui sortit de terre au milieu du Xe siècle, devint un monastère pour dames de la haute société et qui depuis le temps de la Réforme, a été transformée en lieu de culte protestant. Si j’en parle, c’est en raison des magnifiques vitraux de Chagall, réalisés à l’âge de 90 ans ! On nous dit qu’un responsable qui avait vu à Jérusalem les vitraux d’une synagogue, créés par le grand maître, avait pris contact avec lui. Et le résultat est là, désormais, sous nos yeux. Sans oublier une belle rosace, comme celle de Augusto Giacometti, aux côtés de ces magnifiques vitraux.

 

 

 

On se souvient de la phrase de Pablo Picasso concernant son illustre collègue : Un ange se trouve certainement quelque part dans sa tête…  Allusion au génie de l’artiste qui a si magnifiquement représenté, comme dans ce temple protestant, des personnages et des scènes bibliques.

 

 

 

En effet, dans ces magnifiques vitraux aux couleurs si sombres et si vives à la fois, on voit Jésus, mais aussi l’échelle de Jacob et tant d’autres scènes ou personnages bibliques, notamment le roi David qui a hanté l’imaginaire de toutes les royautés d’Europe et d’ailleurs. N’est il pas, après tout, le premier monarque de droit divin, si l’on en croit la Bible ?

 

 

 

Un mot de la conférence ; comme je la fis en allemand, à la demande de la puissance invitante, il y eut du monde mais un peu moins que prévu. Il s’agissait de montrer que la vocation du peuple d’Israël ne fut pas librement choisie, en se fondant sur des versets bibliques, des passages talmudiques et des références à des penseurs modernes comme Heschel, Rosenzweig, le ravv Kook et Levinas.

 

 

 

Au cours du dîner qui précéda la conférence, dîner pris dans le restaurant cacher du centre communautaire de Zurich, aussi rutilant qu’une station de ski suisse, j’eus le grand honneur d’avoir en face de moi, le célèbre professeur nonagénaire, Simon Lauer, fils et petit fils d’une grande lignée rabbinique.

 

 

 

Après la conférence et la discussion qui s’ensuivit, il y eut un vin d’honneur permettant aux auditeurs de poser des questions et d’échanger entre eux ou avec le conférencier.

 

 

 

Je tiens à remercier le président de la loge, M. Arthur Braunschweig et ses amis pour la cordialité de leur accueil.

 

 

 

Si vous venez à Zurich pour affaires ou autres, n’oubliez pas de visiter tous ces beaux monuments et surtout d’aller manger végétarien. C’est une expérience unique à vivre.

 

 

 

Maurice-Ruben HAYOUN

 

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