La lutte autour des lieux saints à Jérusalem
Quand on voit les tristes développements de toute cette affaire on a du mal à discerner par quel cheminement on en est arrivé là où nous sommes.
Il y a quelques jours, deux policiers israéliens ont été lâchement assassinés par des terroristes arabes d’Israël ; les deux hommes étaient en faction près d’une porte de la vieille ville. Ls terroristes ont bénéficié de complicités comme le montre, sans la moindre discussion possible, les films de la vidéosurveillance. Le gouvernement israélien qui exerce sa souveraineté sur tout le territoire de la cité du roi David, sans toutefois avoir la haute main sur la mosquée en tant que telle (gérée directement par les Jordaniens) a dû prendre des mesures, et ce pour plusieurs raisons : d’abord, au plan intérieur et extérieur, il est responsable de la sécurité des personnes et des biens ; ensuite il ne peut pas permettre que les terroristes transforment un lieu saint en arsenal, et enfin il se devait de prendre des mesures pour empêcher que de telles attaques ne se reproduisent.
Les autorités militaires et policières ont fait valoir le fait suivant : en raison de la topographie des lieux saints, les cours de la mosquée Al aksa surplombent quelque peu le mur dit des Lamentations où des milliers de Juifs viennent prier tous les jours. Si des terroristes jetaient d’en haut des grenades ou des explosifs sur les fidèles en oraison, ce ne serait pas deux mais plusieurs dizaines de victimes qu’il faudrait alors déplorer. Et, en règle générale, un lieu où l’on vient prier ne saurait se transformer en zone de guerre. C’est fort de ces considérations que l’Etat d’Israël a installé les portiques de sécurité autour desquels se cristallise tout le problème.
Voyons aussi le problème du côté des Arabes. Selon eux, cette installation des portiques de sécurité ne sert la sécurité qu’en apparence, les Israéliens pratiqueraient une tactique de grignotage visant à priver, en fin de compte, les Arabes de leur lieu de prière.
Cette version des faits peut se comprendre mais elle ne résiste ni à la critique ni même à l’examen impartial. Que dirait on d’un Etat souverain qui laisse les armes circuler en toute liberté, qui permet qu’on tue ses policiers en toute impunité ? Une telle situation serait intenable et injustifiable.
Alors, pourquoi tant de graves incidents autour d’un tel malentendu ? C’est qu’aucune confiance n’est disponible, chacun prêtant à l’autre des noires arrière-pensées qu’il n’a pas toujours. Comment sortir de la crise dont tout le monde se mêle, jusques et y compris le président turc qui fait preuve de modération et d’activisme à la fois ? Ce qui est étonnant, venant de sa part. On note, cependant, que l’Egypte et l’Arabie saoudite font preuve d’une grande retenue, malgré les protestations d’usage, mais c’est vraiment le service minimum.
Il faut donc souhaiter que les choses rentrent dans l’ordre, même si ce problème entre Israéliens et Palestiniens, et au-delà entre Juifs et Arabes, ne disparaitra pas de sitôt.
Une dernière remarque : j’ai toujours pensé que ce conflit israélo-palestinien avait des racines religieuses profondes. Ce n’est sûrement pas le fruit du hasard si la scène s’embrase autour d’un problème religieux. J’ai toujours pensé qu’on aiderait puissamment à la résolution de ce conflit en déblayant le terrain au plan théologique. Il y a trop de haines recuites, notamment du côté arabe qui ne peut pas vivre avec l’idée que le drapeau des Juifs flotte fièrement au=dessus de leurs têtes et de leurs mosquées. Et pourtant, du point de vue du principe de réalité, il faudra bien s y faire.
Et puis, il existe d’autres moyens de s’entendre et même de cohabiter y compris avec des ennemis. Si les choses ne se calment pas rapidement, de grands changements sont à craindre au sein de la société israélienne qui doute de plus en plus de la possibilité de s’entendre avec ses voisins. Et le statut, la question de l’avenir des Arabes israéliens va se poser en des termes encore inconnus à ce jour.