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Le NEIN/NIET à la Turquie d’ Angela Merkel

Ce matin, en découvrant la nouvelle formule très prometteuse de www.i24news.tv/fr, j’ai eu le plaisir d’entendre Angela Merkel, suivi par son challenger Martin Schultz, dire que la Turquie n’avait définitivement pas sa place dans l’Union Européenne et qu’elle allait se concerter avec ses partenaires de l’Union pour mettre un terme officiel aux pourparlers d’adhésion. Enfin une dirigeante courageuse qui n’a pas peur et ne recule pas devant un satrape qui se prend pour un sultan, du style de Soliman le magnifique. Monsieur Erdogan croit que ses janissaires font le siège autour de Vienne, comme il y a plusieurs siècles. Je ne fais pas preuve de sévérité excessive mais je fais la part des choses.

M. Erdogan a emprisonné des milliers de gens, il en a licencié des milliers d’autres, dans la police, l’armée, la justice, l’éducation et l’enseignement supérieur, etc… Il éloigne ou enferme qui il veut. Certes, il a été victime d’une tentative de coup d’Etat mais les méthodes qu’il utilise contre ses adversaires font craindre que ceux-ci ne veuillent à tout pris prendre leur revanche et préparer leur prochain coup avec plus de soin.

En effet, certains spécialistes ont émis des doutes quant à l’état d’impréparation par les militaires mutins. Il y a quelques décennies, l’armée turque avait encore la main, elle savait faire. Les troupes engagées n’ont pas été convenablement commandées ni le coup bien préparé. Heureusement, car il vaut mieux un régime démocratique qu’une dictature des forces armées. Mais voilà ! D’après la majorité des observateurs les plus impartiaux, M. Erdogan anime un régime qui ressemble furieusement à une dictature ; en outre, les pouvoirs qu’il s’est arrogé sont excessifs et font douter de la qualité de sa gouvernance. C’est simple : il se croit éternel et concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Mais que se passera-t-il après lui, si quelqu’un d’autre lui succédait et ne faisait pas bon usage de tout cet arsenal… Apparemment, le chef de la Sublime Porte (al Baba al ‘Ali) ne se pose pas ce genre de question. 

La chancelière allemande a fini par être agacée par les saillies du sultan actuel : il avait exigé que les capitales européennes lui permettent de tenir des meetings et de faire des campagnes en faveur de son projet de référendum ; devant leur fin de non recevoir, il a osé demander aux Turc de nationalité allemande de ne pas voter pour le parti d’Angela Merkel. Ce n’est pas tout : il n’a pas permis à des parlementaires allemands de se rendre dans une base aérienne pour y rencontrer des conscrits allemands…

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Il a fait arrêter des citoyens allemands d’origine turque au motif qu’ils menaient des activités subversives. Il a osé demander à Interpol d’arrêter en Espagne un germano-turc qui lui déplaisait : les Allemands ont obtenu gain de cause auprès des autorités de Madrid qui n’ont pas remis l’homme aux autorités turques. La chancelière a même parlé d’un emploi abusif d’interpol… La liste est longue. Et la chancelière a estimé que cela suffisait (es reicht !) Il fallait signifier au satrape oriental que la patience occidentale a des limites.

Madame Merkel a fait le tour du personnage, elle a décidé de mettre fin à un mythe qui a la vie dure : l’intégration dans l’Europe judéo-chrétienne d’une Turquie musulmane à 99%. Je me souviens avoir rencontré une parlementaire européenne grecque à Lisbonne qui me rendit attentif au bouleversement ethnique que provoquerait une adhésion pleine et entière de la Turquie à l’Union Européenne…. La seule dévolution du nombre des députés changerait la situation du tout au tout. Cependant, chacun savait, y compris les négociateurs européens, que la Turquie ne serait jamais membre de l’UE. Même la chancelière le savait, mais elle ménageait M. Erdogan. Aujourd’hui, cette délicatesse n’est plus de mise Et elle l’a fait savoir.

Certes, le Grand Turc ne va pas se laisser impressionner par une femme ; il se dit qu’il a des atouts dans sa manche et il va agiter le chantage des réfugiés, déferlant sur l’Europe. Il oublie que les banques allemandes disposent elles aussi d’un redoutable levier. Or, l’économie turque n’est pas en si bonne forme que cela, en dépit d’un bon taux de croissance. Elle a un besoin vital d’investisseurs et l’Allemagne est la première puissance économique d’Europe. Si M.Erdogan est dans le rouge auprès des banques outre-Rhin, cela peut être dangereux pour son régime dans son ensemble.

Reste l’Otan. On a moins besoin de la Turquie puisque l’URSS n’existe plus. Par ailleurs, même Vladimir Poutine ne fait pas vraiment confiance à ce chef d’Etat que Bachar el Assad a qualifié de mendiant politique, comprenez qui s’offre au premier venu, à qui veut travailler avec lui. Il y a l’instabilité chronique du personnage : Souvenez-vous pour Israël ! M Erdogan voulait prendre la tête d’une flottille pour Gaza et voilà qu’il rétablit les relations diplomatiques daredare, envoie son ministre du tourisme en Israël, fait inviter des hommes d’affaires israéliens à Ankara, etc… etc… Comprenne qui pourra.

Saluons le courage de Madame la chancelière qui a su dire son fait à un personnage agité. C’est la première fois que la chef du gouvernement le plus puissant d’Europe dit non sur tous les tons : NEIN / NIET. La Turquie, surtout la Turquie actuelle, n’a pas du tout sa place dans l’UE.

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