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Cerné par les «affaires», B. Netanyahou joue le peuple contre les élites… 

Est-ce un lointain effet de l’élection de Donald Trump ? Est-ce la nouvelle méthode des gouvernants, un peu partout dans le monde, lorsqu’ils sentent leur pouvoir menacé, pour de bonnes ou de moins bonnes raisons ? Quoi qu’il en soit, on voit se profiler ces dernières semaines en Israël un empressement du Premier Ministre à mobiliser autour de sa personne tous ses alliés et ses partisans. Il a commencé par un imposant rassemblement des membres de son parti et de ses sympathisants à Tel Aviv et il a rendu visite par deux fois aux habitants du sud de Tel Aviv qui se sentent oubliés et abandonnés, envahis par des Africains, rendant leur vie quotidienne des plus malaisées.

Tous ces actes isolés se recoupent quand on les met bout à bout, ils laissent apparaître une stratégie aux contours clairs : jouer le corps électoral, le peuple, vivant dans des conditions difficiles, contre des élites, des journalistes, notamment, coupés des réalités et désireux de mettre fin à un régime, pourtant couronné de succès. Jalousie, envie, rancune, haine partisane, qui sait quoi d’autre ?

Ce point rappelle le mieux le comportement de Donald Trump qui communique directement avec ses partisans et mobilise à son profit ses fidèles. Et il faut bien reconnaître que sa base électorale continue de le soutenir en dépit des assauts répétés de la presse. Revenons au schéma israélien. En tant d’années de pouvoir, le Premier Ministre a acquis une expérience indéniable ; qu’on l’accepte ou non, il a imprimé sa marque profonde aux institutions mais n’a pas pu ou n’a pas su, éloigner quelques arrivistes, pire quelques affairistes qui entachent sa réputation. Mais jusqu’à présent, la justice et la police enquêtent dans son entourage et lui-même ne paraît pas impliqué, jusqu’à plus ample informé.

Pourquoi tant de haine obsessionnelle de la part de la presse, plus de 90%, qui s’est juré la perte de B. Netanyahou ? Ce n’est sûrement pas pour son bilan, qui est plus qu’honorable : l’économie se porte bien, le chômage est à son niveau le plus bas et le taux de croissance ferait pâlir d’envie bien des pays de l’OCDE. De grandes puissances comme la France célèbrent en l’Etat d’Israël une merveilleuse Start up nation. Ce rejet de la classe médiatique a des racines idéologiques de gauche.

Un indice ne trompe guère, à la grande fureur de ses détracteurs : tous les sondages donnent B. Netanyahou vainqueur et enregistrent même une avancée significative des députés du Likoud à la Kenését. Enfin, aucun leader de l’opposition ne fait figure de challenger sérieux. Cette situation pose un problème qui commence à revenir un peu partout sur le devant de la scène : le statut de la presse qui cherche de plus en plus à peser sur le choix de l’électorat.

Ce rôle de formatrice d’opinion et de fondatrice d’identité est rejeté. Lequel électorat rejette ce joug et rue dans les brancards, comme dans le cas de Trump, et dans une tout autre configuration, dans le cas de Emmanuel Macron. On note que dans les deux cas, une grande défiance vis-à-vis de la presse a prévalu. Une remarque du défunt Charles Pasqua revient à l’esprit : alors qu’elle est, par sa nature même, un contre-pouvoir, la presse est devenue un pouvoir. Et certains dirigeants politiques ont décidé de dénoncer cette évolution qu’ils  jugent antidémocratique : ils en appellent directement au peuple.

Détrônée, la presse manifeste sa mauvaise humeur en stipendiant des équipes de reporters et de journalistes d’investigation qui se donnent pour mission officielle, de découvrir des affaires compromettantes et de les rendre publiques. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui dans un Etat juif qui en oublie les règles éthiques fondamentales qui marquèrent son entrée sur la scène de l’Histoire mondiale.

Dans le Décalogue, éthique et religion sont au coude à coude. Que l’on enquête sur l’achat de frégates et de sous marins, quoi de plus normal. Que l’on fasse le ménage dans des cercles qui ont obtenu des pots de vins, là encore rien de plus normal. Mais que l’on s’en prenne au Premier Ministre pour des cigares, du champagne et autres peccadilles , quelle bassesse !

Dans le monde entier, depuis toujours, les gouvernants ont reçu des présents, des cadeaux, des voyages, des faveurs, etc… Là, on s’en prend à l’homme, à sa femme, à son fils…… et demain peut-être à son chien ou à son poisson rouge ! Il faut veiller à ce que l’attention du Premier Ministre ne soit pas déviée des vrais problèmes : la Syrie, le Liban et le Hezbollah… Voilà ce qui risque de se passer : s’il devait y avoir inculpation du Premier Ministre dans je ne sais quel dossier, il saura faire face, notamment en négociant sa démission contre l’abandon des poursuites. La Kenését sera dissoute et de nouvelles élections auront lieu qui marqueront une nouvelle la victoire, voire l’apogée, du Premier Ministre et du Likoud…

Toutefois, la sagesse commande aussi de se préoccuper de l’avenir, le Premier Ministre doit penser à préparer sa succession. Nul n’est éternel, surtout pas au gouvernement d’Israël, un pays si dur à gouverner. Mais pour le moment Netanyahou est aux commandes. En d’autres termes : Benjamin Netanyahou est parti pour rester…

Lien permanent Catégories : Israël

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