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Emmanuel Macron et le mal français… 

Existe-t-il un mal français ? Oui, et il consiste à s’opposer vent débout à toute idée de réforme. Comment est-ce possible ? En réalité, les Français ont porté à la présidence un jeune homme dont ils attendaient une chose principalement : c’est qu’il marche sur l’eau, comprenez qu’il redresse le pays sans rien y changer, et notamment sans toucher au mode de vie à la française, ce qui revient à vivre à crédit depuis des lustres. J’écoutais il y a quelques instants un ministre dire qu’on a vécu à crédit jusqu’à présent et que le réveil allait être brutal. Qu’il fallait s’attendre à des bouleversements, etc…

On se demande alors pour quelles raisons on n’a pas dit clairement aux Français l’état du pays et les mesures nécessaires pour améliorer la situation. Mais tout le mal n’est pas imputable au nouvel élu dont l’élection, je me répète, n’est pas si sensationnelle qu’on veut bien le croire.

Les Français ont d’abord exprimé un ras le bol, ils ont refusé d’accorder leur confiance à Marine Le Pen et la seule solution qui leur restait était de voter Macron pour écarter les extrêmes, dont Jean-Luc Mélenchon. Mais regardons de plus près les choses, ce ne fut pas un chèque blanc ni un plébiscite, car, sans l’apport précieux de François Bayrou et de ses 4,5%, E. Macron ne franchissait l’étape du second tour… Ce qui signifie que le vote des Français a exprimé un second choix. Et les résultat aux législatives, me direz-vous ? Eh bien, ce fut l’entrée en jeu du fameux dégagisme, terme emprunté à la langue arabe (tanaheh min al sulta) : on avait annihilé l’ancien système à la François Hollande, il convenait d’en éradiquer les séquelles au Palais Bourbon.

On voit le résultat : plus de trois cents hommes et femmes dépourvus de toutes expérience et incapables de stimuler l’exécutif dans le bon sens… Si vous ajoutez aux difficultés consubstantielles, les maladresses verbales d’Emmanuel Macron, vous comprenez aussitôt la terrible chute dans les sondages. J’ai entendu il y a quelques instants que la chute dans les sondages se poursuivait, que l’homme n’a réussi à enrayer ce processus…

Certains auteurs, grands analystes politiques parlaient de possibles changements incluant les plus hautes fonctions. Je ne crois pas qu’on y soit déjà, le pays étant enraciné dans une solide culture démocratique. Mais la question se pose : où irons-nous si les manifestations se suivent dès demain ?

La rentrée scolaire se fait mal, la rentrée universitaire se présente de manière bien pire et les syndicats sont vent debout contre la loi travail… Comment avoir parlé de fainéants même si ‘l’intention n’était pas négative ? C’était donner des verges pour se faire battre. C’est la conjonction de tout cela qui explique la situation actuelle.

Certes, il y a aussi l’action du jeune président qui aggrave les choses. Pourquoi ? On ne proclame pas impunément la fin de l’ancien système et la naissance du monde nouveau. Tout enfantement se fait dans la douleur car notre homme a ligué tous les protestataires contre lui. C’est un signe de courage, d’entrain et de foi en l’avenir : qui oserait le reprocher au président ? Aucune personne animée de bonne foi (un ingrédient très rare dans le combat politique) ne pourrait ni ne devrait le faire.

Mais voilà, la France frileuse qui a cru que Macron allait tout changer, tout arranger, sans toucher à leur petit confort personnel, s’est trompée. Voilà Macron qui dit que tous les jeunes n’ont pas vocation à aller à l’université !! Mais comment aucun de ses conseilleurs ne lui a dit qu’on ne touche pas à cette vache sacrée des Fran çais aux yeux desquels l’ascenseur social, la promotion sociale est l’Alpha et l’Omega du système. C’est comme si l’on touchait aux aides sociales de toutes sortes et qui couvrent plusieurs dizaines de milliards. Or, Macron a dit cela et il a proposé de réduire de 5€  telle ou allocation ou telle autre… Ici aussi, il a raison mais il commet une erreur politique encore plus lourde.

Cet homme veut réformer, il veut changer les choses, il a bien raison, mais on lui interdit de faire bouger quoi que ce soit. Cela me rappelle un dicton allemand qui illustre bien cette idée de quadrature du cercle : Wasch’ mir den Pelz aber mach’ mich nicht nass : lave moi la fourrure mais surtout ne me mouille pas !! Au fond, il manque à cet homme un peu d’expérience.

Son entourage est aussi jeune et aussi inexpérimenté que lui. Il faut dire qu’il paie aujourd’hui sa façon de faire et le fait qu’il ait installé un gouvernement de technocrates afin que personne ne lui fasse de l’ombre. Il a éjecté tout le monde politique pour que tout se concentre sur lui, Jupiter. Quelle erreur ! Surtout dans un pays comme la France où l’on déteste la réussite tout en la jalousant secrètement.

Pourquoi avoir pris M. Le Drian de la défense pour le mettre au Quai d’Orsay alors que l’homme connaît parfaitement les arcanes de la grande muette.. Le Drian n’aurait jamais eu le moindre problème avec l’ancien général chef d’Etat major… Toujours le même problème, un insatiable appétit de reconnaissance. Aucun membre du gouvernement actuel n’a un profil politique suffisant.

Nous déplorons le départ du gouvernement de François Bayrou. Certes, nul n’est parfait mais cet homme est un leader politique qui jouit d’une audience nationale. On peut donc parler d’une déception de l’électorat qui s’est volontairement bercé d’illusions, croyant que la France allait se redresser d’elle-même, sans douleur ni effort ; or, pour changer la donne, Macron a besoin de demander des sacrifices aux Français. Et comme d’habitude, ceux-ci vont lui dire avec plus ou mois de délicatesse d’aller voir chez le voisin. Et nous voila retombés dans un sport national bien connu : la réforme commence et s’arrête chez le voisin. Pas chez moi, pas chez soi.

Quand je pense que le gouvernement dans son ensemble a tenté d’éviter le terme REFORME pour se rabattre sur un terme moins offensif, TRANSFORMATION !! C’est à peine croyable : un gouvernement de la France qui essaie de gouverner en passant entre  les gouttes…

Le résultat est assez indigent, le gouvernement donne l’impression de ne pas imprimer. Les sondages n’ont pas à dicter la démarche de l’exécutif qui ne doit pas redouter l’impopularité. Il est là pour avancer. Or, sur presque tous les fronts, le gouvernement donne des signes d’essoufflement déjà.

Que faire ? C’est la méthode Macron qui est contestée, alors que JLM et sa France insoumise caracolent dans les sondages. Je crains fort que Pierre-André Taguieff ait vu juste dans son récent ouvrage où il scrute avec sa perspicacité habituelle la situation. En fait, comme je l’écrivais dans mon récent éditorial, le pays a vieilli, il s’est doté d’un jeune président mais il n’est pas prêt à accepter les jeunes remèdes qu’il veut lui administrer. Il veut un président jeune qui lui prescrive des remèdes de vieux, pas de jeune. C’est le mal français.

Nos compatriotes ont prêté l’oreille à la belle légende nationale que le gaullisme lui chuchotait à l’oreille. Mais jadis la position de la France était différente. Depuis cette époque là, les choses ont changé et pas nécessairement dans le bon sens…

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