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Mais à quoi sert le G7

A quoi est censé servir le G7 de Biarritz ?

 

Ce n’est sûrement pas manquer au patriotisme que de se poser cette inquiétante question, surtout quand on a une idée plus ou moins précise de ce qu’il aura coûté… Même la presse quotidienne régionale (PQR) ne se prive pas de poser la question. Et les commentaires les plus féroces fusent sans arrêt.

 

D’abord, on se demande pourquoi la ville si célèbre du littoral a été choisie, et à cette période de l’année, lorsque les touristes sont en vadrouille dans tout ce territoire… Mais on prête surtout à Monsieur Macron de noires arrière-pensées visant par dessus tout à se redonner une stature internationale et à s’échapper des problèmes domestiques, style gilets jaunes… Bref, fuir les problèmes domestiques pour se rendre à l’étranger.

 

Les commentateurs y voient le retour à l’aspect le plus contestable du gaullisme : fermer les yeux sur les questions intérieures les plus préoccupantes, parler aux Français de la grandeur de la France, d’une certaine idée de la France et de l’indépendance nationale… Tous ces dérivatifs pouvaient encore accomplir leur effet dans les années soixante alors qu’aujourd’hui, à l’heure des télévisions diffusant des nouvelles en continu, à l’heure de l’internet où l’information déborde de partout. Les citoyens français sont devenus plus exigeants et surtout plus ouverts sur le monde : l’Hexagone ne leur suffit plus.

 

Du coup, on reproche à Monsieur Macron de se servir de ce sommet qui ne sert à rien pour faire redorer son blason. Notamment, de profiter de l’affaiblissement, voire de l’effacement de Angela Merkel, à un moment où l’Europe se cherche, inquiète du Brexit, préoccupée par le désordre de l’Italie, sans même parler des tensions dues à une rentrée qui promet d’être mouvementée.

 

La question fondamentale que la presse, tant française qu’étrangère pose est la suivante : Monsieur Macron, ou la France contemporaine, a-t-il, a-t-elle les moyens de sa politique ? Vouloir profiter de l’affaiblissement de notre puissant voisin, de l’effacement progressif d’une dirigeante, Madame Merkel, ne signifie pas vraiment qu’on en a les moyens, ni que cela va réussir. Et Monsieur Macron a peut-être commis quelques impairs qui pourraient coûter cher au pays : s’autoproclamer porte parole de l’Europe, alors que cette même Union européenne est engluée dans un inquiétant Brexit, n’est pas sans risque. Recevoir de manière aussi publique le président Poutine ne rime pas à grand chose. Le président français se fait des illusions quand il pense que son interlocuteur russe va composer ou assouplir sa main mise sur la Crimée. Or, ce geste d’annexion est inouï : c’est la première fois depuis la fin de la seconde Guerre mondiale qu’on s’en prend aux frontières d’un Etat souverain, l’Ukraine. Un commentateur connu a résumé ainsi la méthode de V. Poutine : ce qui est à moi est à moi, ce qui est à vous est négociable…

 

Même sur le dossier syrien, le président Poutine n’a cédé sur rien. A part quelques bonnes paroles concernant d’éventuels pourparlers avec le nouveau président ukrainien, M. Macron n’a rien obtenu. Si ce n’est une présence médiatique renforcée en cette rentrée où les problèmes intérieurs ne vont pas tarder à se rappeler à son bon souvenir. Donc, déploiement international presque sans précédent, en lieu et place de nos amis allemands. Lesquels pourraient très bien réagir, comme le fait régulièrement la nouvelle présidente de la CDU. Il suffit de se rappeler ses dernières déclarations peu amènes à l’égard de la France…

 

Mais ce n’est pas tout, le pire est encore à venir. Le président français a décidé de recevoir la veille du G7 le ministre iranien des affaires étrangères ! On devine ce que sera la réaction du président Trump qui s’est lancé dans une croisade anti-mollah depuis sa sortie de l’accord sur le nucléaire iranien.

 

Il faut appeler un chat un chat : la France, pas plus qu’aucun autre pays de l’UE, n’est en mesure de s’opposer aux sanctions US, ni même d’aider à les contourner. Le Secrétaire d’Etat US a souligné que son pays suivait à la trace le pétrolier iranien GRACE I et qu’il interviendrait militairement si le navire se rendait en Syrie pour y décharger sa cargaison… Et c’est dans ce contexte que Monsieur Macron reçoit l’ennemi juré de notre allié américain.

 

L’arrière-pensée de Monsieur Macron est de montrer à la face de l’univers que la France parle avec tous. Mais cette ouverture a des limites. L’oublier pourrait nous exposer à un retour de bâton. Et on se souvient que Monsieur Trump a qualifié de stupide le président français lorsque ce dernier a proposé de taxer les profits des GAFAs…

 

Imagine t on le tollé qui se produirait si le président Trump, qui est capable de tout, annulait sa participation au G7 ? Nous sommes tout près de l’incident diplomatique avec la venue du ministre iranien qui, de toutes façons, repartira les mains vides, avec, certes, quelques bonnes paroles…

 

Ne soyons pas un oiseau de mauvais augure. Mais cette politique étrangère est risquée, voire même sans garantie.

 

Est ce que la France est encore une grande puissance ? Je le souhaite, mais j’ai quelques doutes…

 

Me revient en mémoire la petite phrase assassine de Henry Kissinger sur notre pays : La France est une grande puissance… de taille moyenne !

 

La situation du pays lui donne hélas raison.

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