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La comédie du pouvoir : réflexions (désabusées) sur l’exercice du pouvoir…

 

La comédie du pouvoir : réflexions (désabusées) sur l’exercice du pouvoir…

Depuis plusieurs mois, je me suis abstenu volontairement de jeter le moindre regard sur ce qui se passe autour de soi, au plan politique. Car les nouvelles étaient désespérantes. Les gilets jaunes, les soubresauts concernant la réforme des retraites, l’état pré insurrectionnel du pays , la crise dite indigéniste, les violences policières ou présumée telles, bref aucun coin de ciel bleu dans le paysage politique. Et les Français qui se livrent, sans la moindre retenue, à leur sport national préféré : râler, exprimer leur mécontentement alors qu’ils vivent dans un véritable pays de Cocagne. Mais il ne faut pas incriminer les citoyens car il ne dépend pas d’eux seuls que le pays soit mieux gouverné. Cette tâche incombe au personnel politique, aux élites, aux élus, lesquels oublient souvent leurs promesses une fois que leur élection a été assurée. Comment faire pour remédier a ce déséquilibre, à l’Hy bris ?

Il existe un écart qui se transforme en gouffre entre, d’une part l’aile libérale montante et l’état de la société, d’autre part, laquelle ne chemine pas nécessairement pas vers le progrès mais tend à conserver les acquis. Dans chaque société il y un divorce entre le philosophe et l’homme politique : nous ne sommes plus dans cette belle république platonicienne où le chef de l’Etat était aussi un philosophe, à la recherche la Vérité.

 

La comédie du pouvoir : réflexions (désabusées) sur l’exercice du pouvoir…

 

 

Nous n’avons plus affaire depuis des décennies à des hommes politiques, porteurs d’un projet et animés d’une vision mais à des politiciens qui ont rabaissé cette noble fonction qui consiste à guider les hommes, à paver le chemin devant eux et à leur assurer un minimum de bonheur et de bienêtre. La tradition de la philosophie politique qui va de Platon et Aristote jusqu’à Hegel en passant par Thomas Hobbes et Baruch Spinoza, n’existe plus et cela se sent même dans la vie quotidienne. Pour les plus anciens parmi nous, je rappelle que le litre de ce papier est emprunté à un livre de Françoise Giroud, grande femme de presse qui connut une très brève carrière ministérielle comme secrétaire d’Etat. Nombreux furent ceux qui adressèrent à cette femme d’exception des reproches au motif que scruter le pouvoir ne prépare pas nécessairement à l’exercer… En clair : ce n’est pas parce que vous êtes un ou une journaliste politique que vous êtes le ou la mieux placée pour faire de la politique.

Le point est juste mais pose un problème théorique grave : qui est donc, dans ce cas, naturellement appelé à exercer le pouvoir au profit de l’ensemble des citoyens ? D’où viendrait cette vocation qui nous préparerait à assumer de telles responsabilités ? Je crois qu’il y a là un problème insoluble pour toutes les sociétés humaines, un problème qui se résume au divorce qui sépare le penseur, le philosophe, le sage, du dirigeant politique, du roi, du président ou de n’importe autre détenteur d’une parcelle de pouvoir… C’est la prévalence du fait du prince. Si l’on prend l’exemple de notre pays, la Constitution de la Ve République fait du président une sorte de monarque républicain investi des pleins pouvoirs ou presque, si l’on veut bien tenir compte e la mise à l’écart du parlement… devenu une sorte de chambre d’enregistrement.

Comment ne pas comprendre, comment ne pas approuver cette défiance et cette méfiance des simples citoyens à l’égard du pouvoir et de ses représentants ? Comment ne pas comprendre ces hommes et ces femmes qui préfèrent aller à la pêche que d’aller voter ? Les taux d’abstention aux dernières élections sont alarmants. Et aussi le fait que le parti au pouvoir ait subi une telle déconfiture sans que cela ne le conduise à se poser des questions, confirme que le champ politique est devenu un véritable champ de ruines.

Tout ce que je dis ici est bien connu mais n’a pas encore conduit à un sursaut. L’explosion durant plusieurs mois de la part des gilets jaunes n’a pas suffi, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une seconde vague. L’actuel Président de la république qui, pendant ces dangereuses semaines, rasait les murs et se terrait dans son palais, est retombé dans l’ornière puisqu’il a eu le toupet de dire dans une formule lapidaire qu’il aime tant : la démocratie ne se joue le samedi après-midi… Pourtant, les peuples, et notamment le nôtre, ne pourront pas continuer à subir de tels dysfonctionnements. Les gilets jaunes ont documenté l’idée qu’il existait dans ce pays route une France oubliée, marginalisée et méprisée.

Mais soyons justes, le divorce, la crise de confiance ne date pas d’hier. On pourrait remonter à l’époque de François Mitterrand qui arguait que les hommes politiques ressemblent à tous les Français, ont les mêmes qualités et les mêmes défauts qu’eux… Curieux raisonnement car, en général, on désigne pour nous représenter des personnes qu’on trouve mieux que soi-même Son successeur n’a guère fait mieux, il est même allé plus loin dans le maniement du cynisme : les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent !! Et les français l’ont réélu malgré cette expression d’un souverain mépris pour les électeurs. Il y eut ensuite François Hollande qui parla d’un petit trou de souris, métaphore destinée à montrer qu’il espérait se glisser dans le fauteuil présidentiel par la malice et non par un grand projet politique. Et cela me rappelle une réplique d’une pièce de théâtre de Fr. Schiller, Les brigands :(( Die Räuber) : les indignes gouverneront par la ruse (Die Nichtwürdigen werden mit List regieren…. )

C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui au moment où je rédige. La communication ( la com’) remplace la politique ; on fait miroiter aux gens de grandes réalisations à venir dont on sait qu’elles verront jamais le jour mais comme on veut rester au pouvoir à tout prix, on fait flèche de tout bois. Comment s’étonner que les hommes politiques aient perdu toute crédibilité ?

Il y a un petit détail qui montre qu’on a changé d’époque : quand je passai les épreuves du bac certains hommes politiques qui se présentaient aux élections inscrivaient en gros dans leur fiche la mention suivante : ancien ministre du général de Gaulle et parfois, cela suffisait à garantir leur réélection. Mais qui oserait dire aujourd’hui, ancien ministre de Mitterrand, de Chirac, de Sarkozy, de Hollande ou de Macron ? Je vous le dis par avance : personne ne le fera, tant tous ces anciens président sont entièrement décrédibilisés.

Et la période actuelle, celle que nous vivons depuis trois ans environ, est des plus graves. Certes, la covid 19 est une calamité naturelle mais la manière dont cette épidémie a été traitée peut susciter des critiques. On parle, pour le moment, d’une petite centaine de plaintes déposées par des gens qui estiment que leurs parents vivant dans des hospices de personnes âgées n’ont pas été protégées comme elles auraient dû l’être. Elles demandent des comptes. Et cela vise des responsables politiques, le président bénéficiant de l’immunité tant qu’il exercera ses fonctions… Mais après tout est possible.

Les politiciens, même parvenus aux plus hautes distinctions, devraient envisager de quitter leurs fonctions lorsqu’ils ont échoué. Depuis quelques mois, après ce dé-confinement qui a causé tant de torts à la nation, la crise morale, l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat, risquent d’empirer. Les juges, les policiers, les enseignants, les médecins, s’interrogent et assistent, médusés, à la remise ne question de leur statut et de leurs fonction. Or, aucune société humaine ne perdurant dans un telle situation..

IL faudrait que ceux qui échoué renoncent à se représenter. Il ne faut pas attendre de nouvelles éruptions sociales pour y songer. On nous promet une sorte d’apocalypse sociale pour la rentrée. Le nouveau gouvernement qui se prépare à traiter les affaires du pays vise plus la réélection d’un homme que la remise du pays sur les rails… La France a voulu se débarrasser de l’ancienne classe politique qui s’accrochait à ses privilèges. Elle s’est donc donnée à un homme jeune dont elle pensait le plus grand bien. On connaît la suite : la chute vertigineuse dans les sondages, la solitude de la France dans l’Union Européenne, une politique à la remorque de notre puissante voisine, l’Allemagne, la résurgence du communautarisme au point que l’on parle même de partition, et…

Comment en sortir ? Comment faire pour que le pouvoir ne soit plus une comédie, un théâtre d’ombres ? Comment remobiliser l’opinion pour sortir de l’ornière ? Ce n’est sûrement pas en changeant quelques noms ni en faisant des discours qu’on va y arriver. Les gouvernants actuels doivent tirer les conséquences de la situation présente. Le feront-ils ?

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