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Epicure, Lettre à Ménécée et autres textes. Gallimard, folio.

Epicure, Lettre à Ménécée et autres textes. Gallimard, folio.

S’il est un philosophe grec sur lequel tant d’idées fausses et de rumeurs infondées ont circulé, c’est bien Epicure. Même le substantif ou l’épithète qui en est dérivé, épicurien, a subi bien des contresens puisqu’on a prêté à Epicure l’intention de promouvoir absolument les plaisirs de toute nature alors qu’en réalité il ne cesse de mettre en garde contre l’asservissement de l’homme à des plaisirs qui, s’ils venaient un jour à lui manquer, deviendraient une source inépuisable de tourments. C’est quand l’absence du plaisir nous cause de la douleur que nous avons besoin du plaisir : nous n’avons plus besoin du plaisir…

 

 

Mais ce qui est encore plus stupéfiant, c’est l’étiquette que le talmud, par exemple, a accolé su fondateur de la philosophie du jardin. En effet, la forme adoptée par le Talmud, Apikoros, est plus proche du terme original grec et fait de ce penseur le négateur par excellence de la Providence divine et du régime éthique ici bas… Selon Epicure, tel que le talmud le conçoit, le monde est livré à lui-même, sans aucune possibilité d’intervention divine. Le monde doit sa naissance et sa persévérance dans l’être à lui-même et à lui seul ; par conséquent, pas de Révélation et pas de miracle du tout. La formule talmudique qui résumait cette philosophie est la suivante : leyt din we leyt dayan (il n’existe ni loi ni législateur divin)… Il semble que les polémiques et les confrontations doctrinales avec le judaïsme rabbinique n’aient pas manqué puisque les anciens maîtres ont frappé la formule suivante : da’ ma tashiv la-Apikoros (Sache comment réfuter l’adepte d’Epicure).

Le présent recueil se présente sous forme de plusieurs lettres adressées à des correspondants de l’auteur dont les dates sont : (341-270). La première lettre s’adresse à Hérodote et constitue un abrégé de la cosmologie d’Epicure. Il commence par dire qu’il faut voir les concepts qui se cachent derrière la terminologie philosophique. Il parle des réalités physiques de l’univers, expose longuement sa théorie des atomes, évoque les notions de vide, d’espace, bref il se livre à une présentation commode de son système philosophique. Et avant toute chose, il fonde une physique. Il faut aussi signaler les idées de l’auteur sur les relations entre l’âme et le corps qui l’accueille. Evidemment, Epicure n’adhère pas au type de vie dans l’au-delà tel que le judéo-christianisme se la figure.

Epicure se tient loin de l’idéalisme ou d’une vision idéaliste de notre univers, notamment quand il parle de l’essence du temps= il faut au contraire préserver toute la majesté du divin. En se conformant à tous les noms que l’on rapporte à de telles notions, l’on ne veut pas que ces notions soient à l’origine d’opinions en contradiction avec la majesté du divin. Mais ici la divinité n’a rien à voir avec une conception religieuse, cela fait plutôt référence à ce qu’Epicure appelle sobrement l’infini…

Voici une autre citation très instructive : dans une nature incorruptible et bienheureuse, rien de ce qui inspire la dispute ou le trouble n’existe. Et l’on peut saisir par la pensée que c’est la seule explication.

La seconde lettre, adressée à Pythoclès porte exclusivement sur le monde céleste. Certes, Epicure dépendait des connaissances de son temps et l’on sourit en lisant l’explication qu’il donne de la naissance des nuages, de la configuration de l’arc-en-ciel et surtout de la survenue des tremblements de terre. A la fin de son exposé, Epicure encourage son lecteur à s’éloigner toujours plus du mythe et en habituant son intellect à la réflexion et à l’observation.

Le dernière lettre est celle adresse à Ménécée. C’est la plus intéressante puisqu’elle s’attaque à l’essence même de la pensée d’Epicure, le désir, le plaisir, le bonheur. Comment vivre heureux sur cette terre ? Comment distinguer ce qui est bon de ce qui ne l’est pas ?

On lit aussi une invitation à s’adonner à l’exercice de la philosophie. Toutes les générations, les jeunes et les moins jeunes, sont appelés à philosopher. Il ne faut pas dire que je philosopherai quand je serai vieux…

Epicure parle aussi des relations que les hommes, notamment la multitude des incultes, ont avec les dieux. : celle-ci, en effet, ne les respecte pas tels qu’elle les considère ; est donc impie non pas celui qui abolit les dieux de la multitude, mais celui qui rattache aux dieux les opinions de la multitude..

Visiblement, cette dernière lettre traite surtout de sujets métaphysiques. Epicure s’attarde aussi sur le thème de la mort : Ainsi, le plus terrifiant des maux, la mort, n’est rien pour nous puisque précisément, quand nous existons, la mort n’est pas présente et quand la mort est présente, alors nous n’existons pas…

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