Peut on encore faire confiance aux Américains après leur lâchage de Kaboul ?
Le monde libre n’en croit pas ses yeux. Les puissances occidentales regardent, l’air stupéfait , ce qui passe dans la capitale afghane. Un horrible spectacle, mais par-delà l’étonnement et l’effarement, c’est l’attitude d’un président US issu du parti démocrate qui interroge : peut-on encore faire confiance aux États Unis d’Amérique qui, comme cela, au beau milieu du gué, lâchent un allié qu’ils ont tenu à bout de bras depuis plus de vingt ans. Et la question qui se pose concernant l’état d’Israël est assez angoissante : peut-on encore faire confiance à un président des USA ? Ne court on pas le risque de se retrouver sur les chemins d’un exil honteux, comme le président afghan qui a dû s’enfuir dans un pays voisin pour sauver sa vie, lui qui se croyait soutenu et défendu par l’hyperpuissance ?
Peut on encore faire confiance aux Américains après leur lâchage de Kaboul ?
Certes, les chancelleries occidentales sont elles-mêmes, en leur qualité de membres de l’OTAN et d’alliées des USA, sous le choc : comment l’actuel président US n’a-t-il pas ressenti le besoin d’interrompre cette promenade de santé de l’armée talibane, changeant son fusil d’épaule, ne serait-ce que pour négocier cette capitulation sans conditions ? Alors que le monde entier regarde, sans vraiment y croire, ce qui se passe à Kaboul, le président Joe Biden n’a même pas interrompu ses vacances à Camp David pour s’expliquer. Son secrétaire d’État, véritable voix de son maître, persiste et signe : les Afghans n’avaient que mieux se défendre, être moins corrompus et se battre pour leur pays.. Sous entendu : ce n’est plus à nous de le faire à leur place.
La question qui se pose, on se le rappelle, est la même : peut-on encore faire confiance aux États Unis en tant qu’alliés ? La réponse n’est plus du tout évidente et on parlera encore longtemps du syndrome de Kaboul. Faisons un petit retour en arrière.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique n’a plus gagné une seule guerre. Et ce n’est pas faute de moyens ou de bonne stratégie, mais principalement pour des raisons idéologiques ou de politique intérieure. Ils n’ont pas gagné en Corée puisque en définitive la Corée du Nord s’est dotée de la bombe atomique ; ils n’ont pas gagné au Vietnam puisque tout le monde se souvient de la scène dégradante où l’hélicoptère de l’US Army chargea l’ambassadeur de son pays à la dernière minute avant l’arrivée du Viêt-Cong. Honteuse retraite pour la seule hyperpuissance, chassée d’un pays où elle avait envoyé près d’un demi million d’hommes. Les USA ont aussi perdu dans d’autres foyers de guerre larvée comme le Liban (après avoir perdu des centaines de soldats), la Syrie et l’Irak… Sans même parler de l’Iran que l’actuel président s’entête à ramener à la table des négociations alors que les Ayatollahs mettent à profit chaque jour qui passe pour se rapprocher toujours plus de l’arme nucléaire.
Je suppose que le gouvernement et l’armée d’Israël scrutent avec une attention redoublée ce qui se passe à Kaboul où, par la faute de ce même président US, les Occidentaux se concentrent à l’aéroport pour quitter le pays. C’est une véritable débandade. Israël sera contraint de suivre la voie qu’il a choisie, sans se soucier des demandes de l’allié américain qui n’en est plus vraiment un. Et qui aurait même tendance de se mêler de politique intérieure. Or Israël n’est pas une république bananière.
Tant de questions se posent : comment avoir consenti au sacrifice de près de 3000 soldats, avoir investi des milliards de dollars, négocié durant de longs mois avec les Talibans, fait croire à l’opinion publique internationale que l’armée nationale afghane, formée par eux, était prête à supporter le choc ? Le tout pour finir si lamentablement. Je me demande si les USA ont calculé le mauvais signal qu’ils envoient à tous les fanatiques et les terroristes de la planète : une bande d’hommes en armes, prélevés de tribus qui passaient leur temps à se faire la guerre a pu se rendre maitresse de tout un pays en quelques jours… Les USA ont été battus par cette armée dépenaillée, sans véritable organisation militaire : c’est cela que les ennemis de la démocratie occidentale vont retenir. Et ils vont se sentir pousser des ailes. Souvenez vous de ce que disaient les Vietnamiens durant la guerre : les USA sont un tigre de papier !
En agissant comme il l’a fait, l’actuel président US a réduit à néant le pouvoir de dissuasion de son pays. Je commence à comprendre pourquoi certains pays du Golfe ont émis l’idée d’organiser entre eux avec Israël une sorte d’OTAN proche oriental pour prendre en main leur défense, le cas échéant. J’imagine les sourires des dirigeants iraniens ; ils doivent se frotter les mains en voyant ce qu’ils voient de leurs propres yeux : comment voulez vous qu’ils cèdent au cours des négociations sur le nucléaire ? Ils seraient fort peu avisés de le faire puisque les USA lâchent leurs alliés au pire moment ?
Il est inutile de pleurer une perte, il faut se ressaisir ; et du point de vue d’Israël, il faudra encore plus compter sur soi-même. Au moins le temps que le président Donald Trump revienne à la Maison Blanche. Est e que le nouveau Premier Ministre N. B . saura faire valoir les intérêts de son pays ? Je voudrais en être sûr et certains. En bon élu démocrate, le président actuel pense que tout se joue désormais du côté de la Chine. Cette analyse n’est pas fausse mais elle est à courte vue. Il faut s’occuper de la Chine, de ses plans de domination mondiale, mais il faut aussi conserver un peu de confiance et de soutien, surtout face à des pays qui comptent sur les USA pour leur défense : Égypte, Jordanie, Arabie Saoudite, Liban, Maroc, et… Israël ?
Cette affaire afghane va coûter aux USA leur crédibilité politique et militaire. Comment continuer à faire confiance à quelqu’un qui, après plus de vingt ans, vous quitte presque sans crier gare ?