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Hanukka, la fête juive des Lumières

Hanukka, la fête juive des Lumières

 

 

            Maint automobiliste, mais aussi plus d’un piéton, se sont demandés ce que signifiaient ces affiches qui fleurissent régulièrement sur nos murs parisiens, au courant du mois de décembre… Que montrent-elles ? On y distingue nettement les lumières d’un magnifique chandelier à sept branches, surmonté d’un visage rayonnant d’enfant…

 

S’agit-il d’un message publicitaire qui appelle à espérer la fin des l’hiver, à accepter le peu d’ensoleillement dans l’attente de jours meilleurs ? Pas vraiment. Il s’agit de la fête juive de hanukka, célébrée en son temps par Jésus lui-même et sa famille, une fête très suivie, parce que peu contraignante et très peu ritualisée, porteuse d’un symbolisme puissant et pourtant dépourvue de toute référence biblique, à l’exception des livres I et II non canoniques des Macchabées.

Hanukka, la fête juive des Lumières

 

 

 

En 175 avant l’ère chrétienne, la monarchie séleucide se donne un nouveau roi, Antiochus IV Epiphane, qui, moins de huit années après son couronnement, impose à Jérusalem et à la Judée des divinités grecques au sein même du Temple… En 166 avant JC, le grand prêtre Mattathias brandit l’étendard de la révolte et remporte quelques succès initiaux. A sa mort, son fils Juda Macchabée marque lui aussi de nombreux points au plan militaire. Il ordonne alors la purification du temple souillé par les idoles et procède à  l’installation d’un nouvel autel. Les prêtres se mirent aussitôt en quête des fioles d’huile sacrée afin d’allumer le chandelier à sept branches, appelée menorah (Exode 25 ; 31s). C’est alors, nous dit la tradition talmudique (Shabbat fol. 21b-22a) que se produisit le miracle de hanukka (consécration ou inauguration). Il ne restait malheureusement plus qu’une seule fiole d’huile sacrée, pieusement scellée et cachée par le grand prêtre. Elle n’aurait dû brûler qu’un seul jour et voilà qu’elle maintint le chandelier allumé pendant une huitaine !

 

On retiendra de ce récit hagiographique ce que l’on voudra car le miracle, comme disait Ernest Renan, s’opère d’abord dans l’âme de celui qui le vit et, par là même, lui confère le droit d’exister… Examinons de plus près les ingrédients de ce prodige… qui contient quelques éléments de vérité.

 

            Pourquoi huit jours ? Parce qu’il fallait bien ce temps là pour la cueillette des olives, les presser, en extraire l’huile et la purifier pour assurer une combustion convenable. Mais la symbolique de ce chiffre est plus étendue : la Bible considère que la création, sabbat compris, a duré sept jours et que le huitième caractérise l’aube de la sainteté et de la transcendance. Il faut aussi huit jours avant de circoncire les nouveaux-nés. Enfin, le chiffre sept symbolisant l’ordre de la nature, le chiffre suivant, le huit, marque le passage vers un ordre plus élevé, spirituel…

 

            Cette fête de hanukka qui dure donc huit jours ouvrables s’étend, cette année,  du 28 novembre  au 6 décembre. Chaque soir, à la nuit tombée, les familles se réunissent autour d’un petit chandelier qui comporte  sept emplacements auxquels s’ajoute un huitième, pour allumer une bougie qui se consumera dans un espace déjà éclairé car  les lueurs de la hanoukiya ne servent qu’à rappeler le miracle de la fiole d’huile sacrée…  Le talmud a mentionné trois modes opératoires : chaque soir, on allume une bougie unique durant huit jours ; chaque soir, un nouveau membre de la famille allume une bougie unique durant huit jours ; et enfin, le rite familial qui a fini par s’imposer : chaque soir, on allume une bougie nouvelle, et le huitième jour le chandelier brille de  tous se feux… comme sur les affiches ! Des bénédictions sont récitées lors de l’allumage des bougies ainsi qu’un Psaume qui parle justement de l’inauguration du temple par le roi David (par anticipation) ; on conclut la cérémonie par le  chant ma’oz tsur  (Ps 31 ;5 : forteresse, rocher où je me réfugie…)

 

         La tradition juive qui n’a guère de goût prononcé pour les expéditions guerrières a surtout mis en valeur le miracle des fioles, ne mentionnant les hauts faits d’armes des Macchabées que du bout des lèvres. Mais elle a tenu à ce que cette fête soit celle des enfants,  celle du triomphe de la lumière sur les ténèbres, de la culture de vie sur la culture de mort. Cette fête qui dure huit jours n’implique ni repos absolu ni solennité particulière, elle épouse les contours mouvants de l’existence humaine. Elle nous enseigne que l’on peut gagner une guerre en faisant couler l’huile et non le sang ; que les guerres de religions sont désuètes et ne servent à rien sinon à accroître le nombre de morts. On gagne vraiment une guerre quand on apporte la lumière pour tous ceux qui veulent la recevoir. Même pour les ennemis d’hier qui sont appelés à devenir les protagonistes de demain.

 

La lumière de hanukka brille dans le chandelier mais elle brille d’abord dans le cœur de tous, ceux qui savent résister à la tyrannie et à l’oppression, et ceux qui, une fois la victoire remportée, ne torturent pas leurs ennemis d’hier mais, au contraire, hâtent la cueillette des olives afin de servir à un culte sacré. Et l’olivier symbolise principalement la paix. Cette fête juive qui dure depuis plus de deux mille deux cents ans  tombe souvent aux environs de Noël dont elle est l’aînée, en quelque sorte ; elle a connu quelques «extensions» dans cette direction : les enfants juifs réclament et obtiennent des cadeaux comme pour tous les enfants à Noël. Cette capillarité ou cette porosité montre bien le caractère unique de la fête de la lumière :

 

Aux USA et en Allemagne  on a même connu des expressions issus d’un mélange des deux fêtes : chrismukka  et Weihnukka… Un exemple à suivre, un très haut exemple dont il faut s’inspirer sans jamais renoncer à l’essentiel. C’est la lumière du monothéisme éthique qui brille alors pour l’humanité tout entière. Et qui pourrait s’en plaindre ? Personne.

 

        

 

 

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