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Bérénice Levet, Libérons-nous du féminisme ! Éditions de l’observatoir

Bérénice Levet, Libérons-nous du féminisme ! Éditions de l’observatoire

 

Voici le genre de sujet ou de livre (manifeste, appel au secours) dont il convient de se méfier car il n’y a que des coups à prendre. Si vous êtes d’accord avec les uns, vous vous mettez à dos tous les autres. Aucun raisonnement, aucune nuance, si subtile soit-elle ne sauvera l’imprudent recenseur qui se sera aventuré loin de ses bases habituelles ou naturelles, la philosophie, le discours culturel bien construit, etc.. Dans ce domaine inflammable, il en va tout autrement. On parvient à dégager sans peine les lignes de force du présent ouvrage dont l’auteure avance, étendard déployée devant elle : pas de féminisme victimaire, pas de haine gratuite des hommes, pas de féminisme punitif, pas de procès intenté aux hommes pour excès de virilité… On est loin du dicton de certaines féministes  surchauffées selon lesquelles (je résume à peine) en chaque homme sommeille ou veille un violeur… Mais oui, vous avez bien lu, pas d’erreur !

Bérénice Levet, Libérons-nous du féminisme ! Éditions de l’observatoire

 

L’auteure qui a des lettres a puisé aux meilleures sources littéraires, et je ne fais pas ici au allusion au Tartuffe de Molière mais à une citation bien trouvée où Télémaque, roi d’Ithaque , fils d’Ulysse, remet sans ménagement sa m ère Pénélope à sa place, c’est-à-dire soit dans sa chambre avec ses suivantes, soit devant son métier à tisser. Celui qui a droit à la parole, c’est lui, le prince, l’homme. L’auteure a raison de critiquer cette manière de surexploiter ce passage ancien pour insinuer que de tout temps, la femme a été bâillonnée, privée de la parole, injustement monopolisée par les hommes. Il est vrai que nous faisons face à un conflit qui n’a pas encore trouvé son règlement. C’est une crise de la civilisation où chacun cherche sa place…

 

En prenant connaissance des torts réels ou supposés imputables aux hommes par certaines féministes extrémistes, je crois rêver. Certaines ont même théorisé l’idée (fausse) selon laquelle, l’infériorité physique ou corporelle de la femme proviendrait d’une discrimination alimentaire, les meilleurs morceaux de viande auraient été exclusivement réservés aux hommes et non aux femmes… J n’avais encore jamais lu cela, mais je ne suis pas au bout de mes surprises. Et l’un des mérités fondamentaux de ce livre qui se lit agréablement, c’est de montrer l’inanité d’un raisonnement qui ferait de l’homme, du mâle, un prédateur, un tortionnaire de la femme rendue à l’état de gibier ou de proie.

 

Si je préfère me tenir à l’écart des développements sur le statut des femmes, par peur d’être mal jugé ou mal compris par les uns ou les autres, en ce qui concerne les injustices faites aux femmes, je donne mon plein accord. Il est intolérable que de nos jours, il y ait tant de maltraitance. et de fémincides . Il n’est pas normal que les femmes ne soient pas considérées comme les hommes et soient constamment en butte à des agressions de ces derniers. Jusqu’ici, le discours est acceptable et a le sens commun. Là où on déraille entièrement, c’est quand on considère, avec un sérieux presque animal que l’homme, que le mâle constitue un danger pour la femme et qu’il rêve de violer son intégrité physique, voire même son existence morale.

 

Doit-on poursuivre la lecture de cet ouvrage jusqu’au bout ? Oui, je le pense, car il apporte un peu d’oxygène dans un débat qui n’est pas mené objectivement. Certes, on ne peut pas mettre sur un même pied d’égalité les bourreaux et leurs victimes, mais on ne saurait porter atteinte à la nécessaire complémentarité des deux sexes, sans laquelle l’humanité ne subsisterait pas une seconde de plus. Que les hommes aient opprimé la gent féminine durant des siècles, voire plus, nul ne peut le nier, mais faire du mâle le chasseur et  de la femelle  le gibier, c’est un pas qu’on ne devrait pas franchir.

 

La sexualité a toujours été un problème, au plan théorique, des deux points de vue, masculin et féminin. L’auteure parle de la séduction et de la drague, un terme que je n’aime pas mais qui s’est imposé dans notre registre lexical. Le fait de vouloir séduire une belle femme constitue-t-il un délit ou un crime ? Comment faire droit à un sentiment dont on parle de moins en moins dans certains milieux féministes, à savoir l’amour ? Pour certaines idéologues, cela n’existe pas, l’homme n’éprouve aucun sentiment pour la femme, il cherchera toujours à la dominer, à la soumettre… Un tel raisonnement repose sur un postulat infondé : le mêle st le bourreau de la femelle.

 

C’est le moment de donner la parole à l’auteure : Se libérer du féminisme, c’est donc d’abord se libérer d’une indigence et d’une accablante monotonie, afin de rendre ses droits au réel, à la variété, à la richesse des relations  entre les hommes et les femmes…

 

On ne peut que souscrire à cette vision des choses. Mais ce n’est pas l’opinion qui a tendance à prévaloir en ces temps d’outrance et de vélocité peu subtile. On préfère  appuyer sur ce qui choque, provoque ou stupéfie, sans avoir le temps d’entrer dans les détails. Et je ne parle même pas des médias qui ne simplifient jamais les choses préférant les aguiser au lieu de les apaiser.

 

Je juge intéressant de parler ici de la conception talmudique et ensuite kabbalistique des relations entre les deux sexes. C’est d’abord la preuve que le sujet a passionné toutes les périodes du développement humain. Depuis le mythe de la création de l’homme dans le livre de la Genèse jusqu’aux premières siècles de l’Antiquité, les hommes principalement d’église ou des philosophes religieux ont tenté d’établir une hiérarchie entre les sexes, et la plupart du temps en faveur des hommes, les seuls détenteurs du savoir jadis. Il n’est pas question d’offrir ici une véritable dissertation sur le sujet mais de rappeler quelques principes de cette histoire traversée par des secousses telluriques profondes.

 

Par exemple, comment le Talmud explique t il les mots homme et femme en hébreu ? ISH ISHA. Dans ISH il y a la lettre la plus petite de l’alphabet YOD et dans Isha, la femme, il n’a pas le yod mais un hé… Si vous assemblez le YOD et le HE, vous obtenez le nom divin. Ce qui fait dire aux talmudistes, que c’est ce Nom divin qui évite l’explosion, l’incendie au sein du couple. Car si Dieu se retire,  il reste le terme ESH qui signifie le feu. Donc la destruction, car rien ne résiste au feu. Le sous-texte veut dire aussi que pour  enjamber les oppositions, les heurts entre la gent féminine et la gent masculine, il n’est pas trop de la puissance divine elle-même. Et encore ! On n’est pas à l’abri d’une erreur de navigation.

 

Après la littérature talmudique, le sujet sera abordé sur nouveaux frais par la littérature kabbalistique. Dans la nomenclature séfirotique, il y a des sefirot qui sont féminines et d’autres masculines… Le côté gauche est affilié à la femme tandis que le côté droit est dévolu à la gent masculine, réputée pour sa sagesse, sa noblesse, etc… Mais en dépit de cette disparité  une hiérogamie, un mariage sacré est possible. Il y a une syzygie du masculin et du féminin. Les deux sont faits pour se comprendre et pour s’aimer. On pourrait dire que tout ceci est très théorique.

 

Il faut offrir aux féministes un livre sur le Zohar  et sur la kabbale où l’on peut lire cette magnifique phrase qui fait rêver :

 

La femme s’ouvre à l’homme comme la terre à l’eau de pluie…

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