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1789-1815. Révolution, consulat, empire.  Michel Biard, Philippe Bourdin, Sylvia Marzagalli. (Folio Gallimard)

1789-1815. Révolution, consulat, empire.  Michel Biard, Philippe Bourdin, Sylvia Marzagalli. (Folio Gallimard)

 

Comme on peut le lire dès les premières lignes de l’introduction à cet important ouvrage , ces quelques décennies ont marqué un tournant dans l’histoire de France et leurs effets continuent de se faire sentir dans notre vie sociale et culturelle actuellement . En un tout petit quart de siècle, on assiste à une incroyable accélération de l’Histoire ; l’Europe et la France furent bouleversées. L’épopée napoléonienne que les autres pays d’Europe, victimes de l‘embrasement ont subie, a révolutionné l’avenir. Et pas seulement celui  de l’Hexagone.

 

  

1789-1815. Révolution, consulat, empire.  Michel Biard, Philippe Bourdin, Sylvia Marzagalli. (Folio Gallimard)

 

 

 

Existe-t-il une relation de cause à effet entre ces trois institutions qui ont changé le visage de la France à une époque donnée ? La survenue de la Révolution se laisse expliquer par des causes endogènes comme une fiscalité confiscatoire, un hiver rigoureux, de mauvaises récoltes qui ont généré un mécontentement généralisé. Après cette grande fracture révolutionnaire, le consulat était censé apporter une stabilité et une meilleure cohabitation des différentes classes sociales, notamment la réconciliation plus ou moins sincère entre le peuple révolutionnaire et les élites..…, tentées par la coopération avec le nouveau régime ou l’exil.

 

Existe-t-il une cause ou plusieurs causes à cette explosion ou ne pouvons nous parler que d’origines, au sens le plus large du terme ? La Révolution a d’abord été un phénomène de révolte ou de restauration sociale. La société profondément inégalitaire explique beaucoup de choses. Et cela se voit très bien dans les caricatures de l’époque. Le tiers-état est généralement représenté par un pauvre paysan  écrasé. par les impôts, comme la gabelle. Face à cette classe taillable et corvéable à merci, se trouvent les membres de la noblesse et ceux du clergé. Mais qui dit société d’ordres dit aussi des groupes sociaux considérés comme privilégiés… Il est intéressant de relever comment on définissait à cette époque le privilège. C’était, grosso mode, jouir de quelque chose à l’exclusion de tous ceux qui n’appartiennent pas à votre classe sociale. Le monarque pouvait affranchir de cette redevance des individus ou des villes entières. On voit d’ici les frustrations, les sentiments d’injustice qui se sont emparés de tous ceux qui se considéraient injustement  traités. C’est donc, principalement cet aspect inégalitaire qui a provoqué l’explosion. Restent évidemment les faits qui ont fait du royaume de France le champ clos de cette explosion.

 

Les historiens de cette période cherchent à connaître la date du point de non retour ; la paix semblait impossible dans le contexte politico-militaire de l’époque. La politique napoléonienne n’inspirait pas confiance aux pays voisins. Durant ces années là, la France a basculé dans un régime nouveau que ses fossoyeurs qualifieront d’ancien régime. Par opposition à cet homme nouveau que la Révolution entendait créer dans le sillage du siècle des Lumières. Et cela pose la question de la reconnaissance de l’héritage sanglant du changement de régime. Qui peut, sana nuance, se dire l’héritier des excès de la Terreur ? C’est très difficile,  moralement. Même la réponse de Georges Clémenceau consistant à tout reprendre en bloc (le bon, le moins bon et le franchement pas bien du tout) butte contre ses limites. On échappe difficilement à l’accusation d’une Révolution qui dévore ses enfants.

 

Le passage de la Révolution au Consulat constitue une mutation profonde, réalisée en peu d’années. Il fallait absolument apporter un peu de calme et de stabilité au pays. Réconcilier les deux partis antagonistes d’une même France qui s’était profondément divisée. Les valeurs républicaines mirent du temps à s’imposer car l’enracinement de la tradition monarchique était profond. Il suffit de renvoyer à une phrase d’Ernest Renan qui pensait que ce régime tant haï  (la monarchie) convenait le mieux à un pays comme la France…

 

Les historiens se sont penchés sur la question de savoir si monarchie et révolution s’excluaient mutuellement. Certaines sources de l’époque permettent de penser que certaines voix se faisaient encore entendre à la veille du moment fatidique dans un autre sens : le bon roi pouvait encore conduire des réformes permettant d’éviter l’embrasement général. On relève, tout de même, une nette régularité dans les soulèvements de basse intensité qui jalonnent le siècle. Aucun  n’eut le retentissement ni la gravité de 1789, mais on y décèle les prodromes de quelque chose qui se prépare…

 

Ce volume de près de mille pages contient aussi des interprétation nouvelles ou originales de ces grandes fresques historiques. Une personnalité se détache avec la création de l’empire, Napoléon Bonaparte dont le modernisme survit encore de nos jours. C’est grâce au grand Corse que la France contemporaine est celle qu’elle est. Mais c’est aussi à cause de lui que tant de souffrances se sont abattues sur la France et sur tout le continent…

 

Après 1815, après la chute de Napoléon, la France mettra bien des années avant de reconquérir sa place parmi les nations européennes.

 

Un excursus sur les juifs se lit aux pages 369ss.

 

Ce petit compte-rendu n’a pas la prétention de rendre correctement compte d’un si riche volume sur l’histoire de France relativement récente. Ce volume peut et doit servir de référence sur les périodes historiques envisagées.

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