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Jacques Chevalier, L’État en France. Entre déconstruction et réinvention. Le Débat. Gallimard, 2022.

Jacques Chevalier, L’État en France. Entre déconstruction et réinvention. Le Débat. Gallimard, 2022.

Jacques Chevalier, L’État en France. Entre déconstruction et réinvention. Le Débat. Gallimard, 2022.

 

S’il est un débat récurrent en France depuis des décennies, voire plus, c’est bien celui autour de la présence de l’État dans notre vie à la fois quotidienne et institutionnelle. Pour le dire de façon populiste, chaque citoyen de ce pays se plaint du trop d’État et du pas assez d’ État... On se voue corps et âme à la sagesse de l’État ou à ce qui en tient lieu, tout en assistant, effaré, à la crise de l’État-providence auquel les Français de droite comme de gauche sont viscéralement attaché. On réclame toujours plus d’État sans comprendre que l’on doive rejeter cette présence lourde et massive d’une administration tyrannique et invasive, voire inquisitoriale. Ce sont donc des souhaits contradictoires ; parfois même on considère l’état, puissance souveraine absolue, comme possiblement attentatoire à nos libertés. Notamment lorsqu’il s’agit d’une fiscalité confiscatoire, oubliant que sans consentement à l’impôt, tous ces services publics auxquels nous sommes très attachés (effet de l’État-providence) disparaitraient... C’est l’une des racines du mal français qui a fait l’objet de tant d’études et de rapports.

 

L’État, c’est quoi ? Ce sont à la fois les finances et l’armée. L’un soutient l’autre. La culture politique française, assez originale en son espèce, a toujours voulu contrôler  la société, gérée par un État soucieux de renforcer r son pouvoir sur tous les plans. Mais si on  veut des services publics à  chaque  coin de rue, il faut accepter que l’État s’insinue partout, jusques et y compris dans notre vie privée.

 

Mais cette situation n’est plus aussi monolithique qu’avant. C’est la crise de la notion d’État-providence qui a imposé ce changement. Sans oublier le dirigisme économique que cela supposait comme corrélation à toujours plus de protection dans de multiples domaines : celui de l’emploi, de la sécurité et de l’éducation. Sans même parler de la réforme des retraites où tant de régimes spéciaux intouchables ont pu prospérer durant des décennies, rendant quasi impossible la moindre réforme structurelle.

 

En France, l’État s’occupe de tout. Il n’est donc pas étonnant qu’au moindre conflit social on invoque l’aréopage de l’État, puissance tutélaire de la société, véritable divinité que tous appellent à leur secours. C’est probablement pour cette raison que de mémoire d’homme on n’ait jamais eu en France un État authentiquement libéral. L’État s’occupe même de la nomination des présidents des radio et des télévisions. Il lui arrive même de déborder et d’infléchir des décisions privées... C’est l’étatisme français.

 

Mais les élus ne respectent pas toujours (pour ne pas dire, jamais) les promesues sur lesquelles ile ont gagné le vote. L’État impartial, le souci de l’intérêt général sonnent souvent creux. Aucun gouvernement ne fait réellement exception. Par ailleurs, l’intérêt général et l’intérêt particulier continuent de s’opposer, surtout lorsque les partis s’accrochent à leurs sièges. La société parfaite se trouve peut-être dans la république des Idées de Platon, au Moyen Âge chez le penseur arabe Abu Nasr al-Farabi, Les idées des habitants de la cité vertueuse (Iraat ahl   al madina al-fadi)a)...

 

Le corps administratif français s’est taillé la part du lion pour ce qui est des privilèges des fonctionnaires, notamment ceux qui sont issus des grands corps (Conseil d’État, Cour des comptes, etc... ; c’est une véritable caste qui se reproduit et qui fait figure de ni blesse  d’État... N(y entre pas qui veut. Et le recrutement se fait dans l’entre-soi...

 

Le droit administratif a longtemps rendu impossible la moindre réforme de ce système ; ce n’est que progressivement que l’on a pu introduire quelques modes de gestion du privé et que la réforme a montré le bout de son nez dans le domaine étatique. La nation de gestion des ressources humaines provient en droite ligne du privé. Elle a fini par s’imposer, nonobstant d’insupportables  lourdeurs  administratives . On se souvient du président Mitterrand demandant la réduction des périodes d’attente  pour créer une entreprise ou lancer un projet économique... On peut dire que le rapprochement entre les deux secteurs, public / privé a fini par s’accélérer sans toutefois menacer les privilèges des fonctionnaires. Lesquels ont été très utiles lors de la reconstruction de la France, sortie exsangue du second conflit mondial...

 

Mais tout ce qui vit sous la sphère de la lune, le monde sublunaire, est soumis aux lois d’airain de l’évolution historique. Par la structure même de certains territoires français hors de la métropole, les fonctions de l’État (protecteur, forteresse ou puissance) ont dû s’adapter aux situations locales. Par exemple, la survenue de la pandémie n’a pas été combattue de la même manière suivant un ordre monolithique ; il a fallu que l’État lâche du lest dans certains cas. Et ce n’est que lé début.

 

Difficile de conclure après une lecture aussi minutieuse  et aussi fouillée de ce résumé de grande qualité. Je crois que la conclusion qui s’impose consiste à montrer que la complexité des affaires de ce monde  impose des adaptations, des inclusions et des modifications. Le temps n’est plus où les mêmes méthodes pouvaient s’appliquer partout et indépendamment du contexte international. Après tout, les états ont toujours servi à faire la guerre et à combattre les épidémies. Ce sont là leur fonction première. Quant au modèle français, il faudrait commencer d’abord par réformer l’esprit français avant la société française. Cela viendra tout seul, après.

 

 

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