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Les Jeune-hégéliens ; Politique, religion, philosophie .Une anthologie.  Textes choisis, traduits de l’allemand, présentés et annotés par Franck Echenvah, Gallimard, 2023.

Les Jeune-hégéliens ; Politique, religion, philosophie .Une anthologie.

 Textes choisis, traduits de l’allemand, présentés et annotés par Franck Echenvah, Gallimard, 2023.

Les Jeune-hégéliens ; Politique, religion, philosophie .Une anthologie.

 Textes choisis, traduits de l’allemand, présentés et annotés par Franck Echenvah, Gallimard, 2023.

 

Le présent ouvrage, destiné principalement -mais pas exclusivement- aux spécialistes de l’histoire de la philosophie, et en particulier la pensée de Hégel (ob. 1831)  répond incontestablement à un desideratum de la communauté scientifique ; on se réjouit de   voir que cette lacune vient d’être comblée par l’auteur de ce recueil, que nous tenons à féliciter pour ce remarquable travail.... Nos collègues européens disposaient déjà d’un tel volume dans leurs langues respectives, seule la France en était privée. Et ’un tel outil de travail et de référence manquait pour aborder l’intéressante questions des Jeunes-hégéliens, une question absolument incontournable pour comprendre l’évolution de la philosophie et ses ramifications chez les héritiers du grand penseur de l’université de Berlin. Qui a le mieux compris l’œuvre imposante du spécialiste de la philosophie de l’Histoire. Les hégéliens de droite ou de gauche ? Qui peut tirer sa légitimité pour se prévaloir d’un avantage par rapport aux astres écoles dérivées de sa pensée ?

 

L’éditeur a rassemblé  environ une trentaine de textes, écrits par différents auteurs comme Karl Marx, Moses Hess et d’autres penseurs moins connus mais qui ont pris part, à des degrés divers, à la diffusion de la pensée de Hegel. Et à son interprétation, le cas échéant.

 

A l’origine, Jeune-hégélien avait une connotation de gauche, celle-ci allant d’une simple sensibilité socialistes à des théoriciens marxistes convaincus... L’idée était aussi de nourrir une critique sérieuse de la modernité, donc de s’intéresser à la vie sociale pour véhiculer des changements concrets. Les futurs théoriciens du marxisme estimaient  que la philosophie de Hegel se voulait surtout contemplative tandis que les commentateurs appelaient de leurs vœux des critiques aptes à réformer la société. C’est d’ailleurs ce que l’éditeur de ce volume expose d’une solide introduction qui étend ses analyses à l’histoire des idées tant en France qu’en Allemagne.

 

Dans mon ouvrage intitulé Renan, la Bible et les juifs (Arléa 2009), j’avais évoqué la visite de Victor Cousin en Allemagne, rapportant avec lui en France les idées hégéliennes sur la philosophie de l’Histoire. Certains Jeunes-hégéliens avaient fondé de grands espoirs, vite déçus, sur une alliance intellectuelle franco-allemande ; la France catholique et l’Allemane protestante. Des deux côtés du Rhin, on aurait joint les forces des uns et des autres pour faire aboutir une pensée plus consistante et unifiée. C’est donc encore une fois la pensée religieuse qui a fait échouer le projet.

 

L’obstacle à l’alliance intellectuelle de l’Allemagne et de la France est venu de la religion, ou plus exactement du rapport à la religion. (...) La critique de la religion est la présupposition de toute critique...

 

En effet, le statut de la religion et du religieux en général, est très différent selon la rive du Rhin qu’on habite. L’Aufklärung fut nettement plus modérée que le Siècle des Lumières où la critique du religieux a connu le fameux cri, écrasez l’infâme ! En Allemagne, du fait même de l’histoire intellectuelle et religieuse de ce pays, la critique des traditions religieuse fut bien plus modérée qu’en France. De l’autre côté du Rhin, la religion, son histoire et son évolution sont enseignées comme toute autre matière académique. L’histoire de France en a décidé autrement ! Mais voila, la fonction du philosophe est de penser son temps, c’est bien connu. Et à ce niveau-là, les voies ont divergé. La langue allemande si bien formée pour créer des philosophèmes est née dans un bassin religieux, alors que Luther traduisait la Bible au château de la Wartburg.

 

On peut lire dans cette ethnologie des passages fort intéressants de Moses Hess sur l’État, et notamment l’État chrétien qui obéissait à des. règles  ou à des lois bien particulières. Or, chez Hegel, on put parler d’une divinisation de l’État, ce qui répondait très précisément à une situation politique très précise. L’État apportait une certaine unité et luttait plus ou moins bien, contre l’éparpillement en petites principautés.

 

Les bienheureux du ciel chrétien posent le pied sur terre ; ce sont les libres citoyens, le ciel n’est plus dans l’au-delà, il est ici-bas, c’est «l’Etat...»

 

Les autres citations de Moses Hess sont teintées de messianisme sécularisé, ce qui s’explique par ses origines juives. Parmi les hégéliens et surcout les Jeunes-hégéliens nombreux étaient les juifs qui tentèrent de jeter une passerelle entre la philosophie de Hegel et leurs valeurs d’origine juive. J’en ai un peu parlé dans mon livre paru aux éditions Armand Colin, La philosophie juive (collection U).

 

Même le mouvement de la Science du judaïsme (Wissesnchaft des Judentums)  avait établi une charte qui consacrait divinement la fameuse Idée (avec un I majuscule) de Hegel Certes, ces jeunes gens qui s’étaient regroupés pour définir une science du judaïsme n’étaient pas d’imposants Jeunes-hégéliens, mais ils démontrent, par leur activité, qu’ils avaient été, eux aussi, séduits par cette approche hégélienne du judaïsme.

 

Ce mouvement culturel d’exégèse et d’histoire n’auraient jamais eu le retentissement qu’il a eu, sans son ralliement aux méthodes hégélienne. Son activité s’est étendue sur tout le XIXe siècle et le premier tiers du XXe. IL n’a pas pu poursuivre car la barbarie avait pris le pouvoir en Allemagne...

 

 

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