Nathan Thrall ; Une journée de la vie d’Abed Salam. Anatomie d’une tragédie à Jérusalem. Gallimard, 2024.
Nathan Thrall ; Une journée de la vie d’Abed Salam. Anatomie d’une tragédie à Jérusalem. Gallimard, 2024.
Une fois de plus, il ne faut pas juger ni deviner le contenu d’un livre d’après son seul titre... Une fois de plus, je me sui trompé, au point de me demander si je devais r ou non rendre compte de cet ouvrage. Ce qui me gêne, voire me rebute, n’est autre que son attitude foncièrement anti-israélienne à chaque page ou presque. Certes, les choses sont compliquées dans certaines situations en Israël pour la forte minorité arabe qui réside dans l’état hébreu, et plus singulièrement encore, dans sa capitale, Jérusalem. On peut dénoncer telle mesure discriminatoire ou prétendue telle, ou telle autre, mais l’auteur ne dit jamais pour quelle raison les autorités de cet État sont contraintes d’agir de la sorte. Je ne dis pas que tous les Arabes israéliens rêvent de changer profondément la donne, mais il faut bien reconnaître qu’une certaine partie d’entre eux ne portent pas Israël dans leur cœur. Comment obvier à cette situation ? Je l’ignore. Ce qui fait que chaque fois que l’état juif est critiqué, ses censeurs omettent toujours de donner la raison objective de ce qui-vive permanent. S’il n’y avait pas tant de contrôles et de précautions, la vie serait simplement impossible dans cet état... Chaque jour, les journaux télévisés font état d’attentats manqués, déjoués à la dernière minute. La somme de ces actes terroristes est stupéfiante : depuis un an, les arrestations dans les cités palestiniennes approchent du millier. C’est dire... Il ne se passe pas de jour sans que l’armée israélienne ne soit contrainte de monter des opérations dans les agglomérations palestiniennes...
Mais à la lecture de ce livre, très bien traduit de l’anglais, je me suis posé la question suivante : si l’auteur avait vécu le 7 octobre 2023 ou s’il en avait simplement entendu parler ou vu ces massacres à la télévision, aurait-il écrit ce qu’il a effectivement écrit ?. Certes, l’imagination créatrice n’est pas «prophétisante» et l’auteur dit dans une note de la première page que cette œuvre est une œuvre de fiction, à quelques détails près.
Je donne cet exemple car comme tout être humain normal, je suis intéressé par la paix laquelle fait cruellement défaut dans cette région du monde, là où la foi en Dieu, le monothéisme éthique, ont fait leurs premiers pas. C’est si compliqué, si enchevêtré et si explosif que l’on pourrait croire qu’une malédiction venue du fond des âges père sur ce qu’on nomme la Terre sainte.
Chaque fois que l’auteur passe devant une palmeraie, un jardin public, ou tout autre édifice publique ou privé, d’un certain intérêt, il signale que ses anciens propriétaires arabes ont été évincés par des locataires ou des propriétaires juifs ; bref, que tout appartenait jadis aux Arabes avant d’en être expropriés par des juifs. On se défend mal de l’impression que les citoyens juifs de Jérusalem et du reste du territoire de l’État hébreu sont tout simplement des occupants. Une telle tournure d’esprit finit par se retourner contre ses promoteurs. Car la présence judéo-hébraïque est légitime et remonte à plus de trois millénaires.-
Je me souviens d’une de mes lectures, chez l’un des deux frères Reinach, Théodore ou Salomon, que si l’on devait rendre la ville de Jérusalem à quelqu’un, ce serait aux Jébuséens, puisque c’est sur eux le roi David avait conquis cette cité qui porte son nom... Et qui n’était alors qu’un simple village, peuplé d’une poignée d’âmes et juché sur piton rocheux, très difficile d’accès.
En tout état de cause, l’auteur de ce livre cherche à montrer que c’est un élément allogène, un corps étranger qui est exclusivement responsable de tout ce qui ne va pas.
Et en effet, tout semble suivre son cours normal, quand soudain le drame explose littéralement : un groupe d’adolescents arabes doit faire une excursion scolaire mais leur autobus est victime d’un accident mortel. Mais, sans transition, l’auteur interrompt soudain son récit pour consacrer un long passage à la première intifada de 1986. Il insiste longuement sur ce qui lui semble être un usage disproportionné de la force : «des pierres face à des fusils d’assaut.» Les descriptions suivantes sont assurément une version unilatéralement palestinienne des événements. Et c’est ainsi, à longueur de pages.
On est en droit de le déplorer, d’autant que le style est lisse et la traduction de l’anglais réussie... On l’aura compris, cet ouvrage est le fruit d’une approche militante imputant à l’état juif la source de tous les maux. Je n’agirai pas de la sorte. On peut comprendre que certains critiquent l’état d’Israël mais pour être pris au sérieux il faut mesurer son propos et ne pas solliciter les faits. C’est pourquoi je m’abstiendrai de répondre point par point, n’étant pas moi-même un militant. J’observe avec un maximum d’attention ce qui est vraisemblable et ce qui ne l’est pas. La création de l’état d’Israël s’est faite dans la douleur et le mot est faible. Après le e vote de l’ONU, les états arabes voisins ont refusé que les juifs puissent avoir, ne serait-ce qu’une petite portion de Terre sainte. La suie, on peut la deviner hélas ; les guerres ont succédé à aux guerres, un état de belligérance ininterrompue depuis des décennies, avec leur cortège de morts et de dévastations.