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Pascal Clerc, Émanciper ou contrôler ?  Les élèves et les écoles au XXIe siècle. Autrement, 2024.

Pascal Clerc, Émanciper ou contrôler ?  Les élèves et les écoles au XXIe siècle. Autrement, 2024.

Pascal Clerc, Émanciper ou contrôler ?  Les élèves et les écoles au XXIe siècle. Autrement, 2024.

 

Tant que le monde restera monde, on ne cessera pas de s’interroger sur l’idéal éducatif sans jamais le trouver dans son entièreté... Comment  est-ce possible ? C’est ce que ce sympathique ouvrage tente de nous expliquer. Et  pour y parvenir, on peut commencer par lire la très éclairante préface qui ouvre le présent ouvrage.

 

Je l’ai lue et relue, n’étant pas moi-même un spécialiste de la question. Et je vais citer quelques lignes qui en facilitent grandement la compréhension :

 

Tant il est vrai que les concepts sans expériences ne sont que coquilles vides, mais que l’expérience sans les concepts ne sont que  empirie. La véritable éducation est donc affaire de véritable aller-retour et le géographe fait ici opportunément voler en éclats l’opposition absoudre entre «école ouverte» et «école sanctuaire». Il nous délivre des caricatures qui saturent le débat public.

 

Si l’on garde en mémoire ces vigoureux propos, on comprend aussitôt ce   que recherche l’auteur de ce livre. Mais sommes nous condamnés à évoluer entre deux extrémités, subir une tension polaire séparant l’émancipation du contrôle ? Mon expérience de professeur des universités m’a appris qu’il fallait introduire une dose de pragmatisme pour se sortir d’affaire Mais dans l’enseignement secondaire, l’affaire, semble-t-il, se présente autrement.. Le préfacier a mis l’accent sur la différence et la diversité des vécus des élèves, ce qui aurait tendance à prouver que le respect d’un minimum d’autonomie est plus que nécessaire dans le cas de tous les établissements d’enseignement. Le contraire conduirait à laminer les êtres, à les priver de leur originalité essentielle et à empêcher d’en faire des robots. Mais cela reste limité car les savoirs s’organisent autour  de  thèmes centraux avec des programmes, des contrôles et des examens. Le tout est de trouver le bon équilibre, justement entre l’acte d’émanciper et celui de contrôler. Ce livre examine aussi ce qui entoure l’œuvre éducative, les lieux où elle s’exerce et les conditions de son bon déroulement.. Nous y voila, puisque cela concerne l’entrée en force de la pratique religieuses, par exemple dans les banlieues et les lieux où vit une forte minorité musulmane.

 

Dans son préambule, l’auteur  aborde son sujet avec une grande précision : que penser de l’architecture des établissements d’enseignement et  de leur effet sur les écoliers et les lycéens qui les utilisent chaque jour que Dieu fait ? On ne va pas retomber dans les distinctions foucaldiennes qui traitent des prisons, des casernes et des hôpitaux, et des salles de classes et des espaces prévus pour la récréation... Est-ce vraiment l’idéal ? N’est il pas enfin temps de refondre cette architecture responsable de tant d’appréhension et convaincre les élèves de venir à l’école en chantant comme l’écrivain Charles Péguy dans L’argent au sujet des travailleurs... qui allaient à leur travail en chantant ;  en d’autres termes, une vague d’apaisement, de sérénité et même de joie.

 

Depuis quelques décennies, les choses ont changé. Je ne parle pas uniquement des contrôles aux entrées des lycées et collègues mais à cette dimension absolument nouvelle, concernant les signes religieux ostentatoires : les jeunes filles musulmanes font glisser leur voile pour satisfaire aux exigences de la loi. Quand elles ressortiront, une fois achevé le cycle journalier des études, elles feront le geste inverse... Autres temps autres mœurs ... Certes, je n’ai enseigné que dans le supérieur, je n’ai donc jamais vu un tel manège mais c’st une autre époque, une autre mentalité. L’auteur a raison de se livrer à une discussion presque philosophique sur la notion de seuil : avant de la franchir vous êtes ce que vous êtes, mais après l’avoir franchi, vous abordez un monde nouveau, un espace où vous avez dû, pour entrer, renoncer à quelque chose que vous considérez peut-être comme partie intégrante  de votre identité... L’auteur parle aussi de l’élève chrétien qui, le cas échéant, dissimule  une croix sous son vêtement.

 

Précisément, comment s’habiller pour se rendre à l’école ? On se souvient tous de l’affaire du voile islamique  de Creil en 1989. La France avait été surprise de découvrir le projet islamiste de faire imploser la société française. De larges efforts furent déployés tous azimuts pour ramener le calme et réaffirmer les exigences de la laïcité... Rien n’y fit puisque aujourd’hui encore on  en est réduit à discuter de tel vêtement ou de tel autre, pour être en accord avec la loi en vigueur. Mais les adversaires de l’unité profonde de la société et de la nation ont trouvé un nouvel angle d’attaque, à savoir la abaya et le kamis, réputés islamiques d’un point de vue culturel. Même l’actuel Premier ministre, du temps où il effectuait un bref passage au ministère de l’éducation nationale, s’y est confronté avec quelque succès ; mais l’affaire n’en est pas réglée pour autant. En fait, les pouvoirs politiques ont fait preuve d’une pusillanimité inimaginable, en refusant de réagir contre cette profanation de l’espace scolaire, réputé être à l’abri de toute ingérence de cette nature. En réalité, il faudrait faire le procès de toute une politique culturelle. A défaut, on a opté pour le «pas de vagues ... »

 

A la fin de ce premier chapitre, je relève une phrase fort intéressante : les écoles françaises manquent d’attrait... A nous de les rendre plus attrayantes.. L’univers scolaire n’a jamais brillé par son penchant pour la fantaisie, la rigolade, la sévérité et la raideur. Être convoqué chez le directeur ou le proviseur de l’établissement a toujours été générateur d’angoisse. Il faut que cela change.

 

Mais ne nous plaignons pas car la description de l’environnement des écoles dans certaines parties du Brésil fait froid dans le dos. On en est encore très loin, en France, même si on n’entre plus dans les établissements comme dans un moulin.

 

Faut-il tout passer en revue ? Ce serait idéal mais nous mènerait trop loin. En achevant la lecture de ce livre si stimulant, on réalise que la question de l’éducation se situe au centre de tout projet social. Comment éduquer le genre humain, dans les meilleures conditions possibles ? Comment neutraliser les oppositions en sachant que l’on travaille sur de l’humain ? Les élèves sont des êtres vivants qui ne traitent pas le savoir de la même manière. Parfois, la formation vire à la déformation. J’ai bien regardé le paragraphe sur la méthode qui consiste à se fermer, à se replier sur soi et à tourner le dos au monde qui nous entoure.

 

N’oublions pas la révolution numérique et les réseaux sociaux qui menacent l’ensemble des sciences humaines.

 

Il est difficile de conclure  dans un sens ou dans un autre.  Il existe des lieux qu’il faut émanciper et d’autres qu’il convient de contrôler. La question est de ne pas se tromper et de suivre le penchant naturel des êtres. Depuis Platon on s’interroge...

 

 

 

 

 

 

Pascal Clerc, Émanciper ou contrôler ?  Les élèves et les écoles au XXIe siècle. Autrement, 2024.

 

Tant que le monde restera monde, on ne cessera pas de s’interroger sur l’idéal éducatif sans jamais le trouver dans son entièreté... Comment  est-ce possible ? C’est ce que ce sympathique ouvrage tente de nous expliquer. Et  pour y parvenir, on peut commencer par lire la très éclairante préface qui ouvre le présent ouvrage.

 

Je l’ai lue et relue, n’étant pas moi-même un spécialiste de la question. Et je vais citer quelques lignes qui en facilitent grandement la compréhension :

 

Tant il est vrai que les concepts sans expériences ne sont que coquilles vides, mais que l’expérience sans les concepts ne sont que  empirie. La véritable éducation est donc affaire de véritable aller-retour et le géographe fait ici opportunément voler en éclats l’opposition absoudre entre «école ouverte» et «école sanctuaire». Il nous délivre des caricatures qui saturent le débat public.

 

Si l’on garde en mémoire ces vigoureux propos, on comprend aussitôt ce   que recherche l’auteur de ce livre. Mais sommes nous condamnés à évoluer entre deux extrémités, subir une tension polaire séparant l’émancipation du contrôle ? Mon expérience de professeur des universités m’a appris qu’il fallait introduire une dose de pragmatisme pour se sortir d’affaire Mais dans l’enseignement secondaire, l’affaire, semble-t-il, se présente autrement.. Le préfacier a mis l’accent sur la différence et la diversité des vécus des élèves, ce qui aurait tendance à prouver que le respect d’un minimum d’autonomie est plus que nécessaire dans le cas de tous les établissements d’enseignement. Le contraire conduirait à laminer les êtres, à les priver de leur originalité essentielle et à empêcher d’en faire des robots. Mais cela reste limité car les savoirs s’organisent autour  de  thèmes centraux avec des programmes, des contrôles et des examens. Le tout est de trouver le bon équilibre, justement entre l’acte d’émanciper et celui de contrôler. Ce livre examine aussi ce qui entoure l’œuvre éducative, les lieux où elle s’exerce et les conditions de son bon déroulement.. Nous y voila, puisque cela concerne l’entrée en force de la pratique religieuses, par exemple dans les banlieues et les lieux où vit une forte minorité musulmane.

 

Dans son préambule, l’auteur  aborde son sujet avec une grande précision : que penser de l’architecture des établissements d’enseignement et  de leur effet sur les écoliers et les lycéens qui les utilisent chaque jour que Dieu fait ? On ne va pas retomber dans les distinctions foucaldiennes qui traitent des prisons, des casernes et des hôpitaux, et des salles de classes et des espaces prévus pour la récréation... Est-ce vraiment l’idéal ? N’est il pas enfin temps de refondre cette architecture responsable de tant d’appréhension et convaincre les élèves de venir à l’école en chantant comme l’écrivain Charles Péguy dans L’argent au sujet des travailleurs... qui allaient à leur travail en chantant ;  en d’autres termes, une vague d’apaisement, de sérénité et même de joie.

 

Depuis quelques décennies, les choses ont changé. Je ne parle pas uniquement des contrôles aux entrées des lycées et collègues mais à cette dimension absolument nouvelle, concernant les signes religieux ostentatoires : les jeunes filles musulmanes font glisser leur voile pour satisfaire aux exigences de la loi. Quand elles ressortiront, une fois achevé le cycle journalier des études, elles feront le geste inverse... Autres temps autres mœurs ... Certes, je n’ai enseigné que dans le supérieur, je n’ai donc jamais vu un tel manège mais c’st une autre époque, une autre mentalité. L’auteur a raison de se livrer à une discussion presque philosophique sur la notion de seuil : avant de la franchir vous êtes ce que vous êtes, mais après l’avoir franchi, vous abordez un monde nouveau, un espace où vous avez dû, pour entrer, renoncer à quelque chose que vous considérez peut-être comme partie intégrante  de votre identité... L’auteur parle aussi de l’élève chrétien qui, le cas échéant, dissimule  une croix sous son vêtement.

 

Précisément, comment s’habiller pour se rendre à l’école ? On se souvient tous de l’affaire du voile islamique  de Creil en 1989. La France avait été surprise de découvrir le projet islamiste de faire imploser la société française. De larges efforts furent déployés tous azimuts pour ramener le calme et réaffirmer les exigences de la laïcité... Rien n’y fit puisque aujourd’hui encore on  en est réduit à discuter de tel vêtement ou de tel autre, pour être en accord avec la loi en vigueur. Mais les adversaires de l’unité profonde de la société et de la nation ont trouvé un nouvel angle d’attaque, à savoir la abaya et le kamis, réputés islamiques d’un point de vue culturel. Même l’actuel Premier ministre, du temps où il effectuait un bref passage au ministère de l’éducation nationale, s’y est confronté avec quelque succès ; mais l’affaire n’en est pas réglée pour autant. En fait, les pouvoirs politiques ont fait preuve d’une pusillanimité inimaginable, en refusant de réagir contre cette profanation de l’espace scolaire, réputé être à l’abri de toute ingérence de cette nature. En réalité, il faudrait faire le procès de toute une politique culturelle. A défaut, on a opté pour le «pas de vagues ... »

 

A la fin de ce premier chapitre, je relève une phrase fort intéressante : les écoles françaises manquent d’attrait... A nous de les rendre plus attrayantes.. L’univers scolaire n’a jamais brillé par son penchant pour la fantaisie, la rigolade, la sévérité et la raideur. Être convoqué chez le directeur ou le proviseur de l’établissement a toujours été générateur d’angoisse. Il faut que cela change.

 

Mais ne nous plaignons pas car la description de l’environnement des écoles dans certaines parties du Brésil fait froid dans le dos. On en est encore très loin, en France, même si on n’entre plus dans les établissements comme dans un moulin.

 

Faut-il tout passer en revue ? Ce serait idéal mais nous mènerait trop loin. En achevant la lecture de ce livre si stimulant, on réalise que la question de l’éducation se situe au centre de tout projet social. Comment éduquer le genre humain, dans les meilleures conditions possibles ? Comment neutraliser les oppositions en sachant que l’on travaille sur de l’humain ? Les élèves sont des êtres vivants qui ne traitent pas le savoir de la même manière. Parfois, la formation vire à la déformation. J’ai bien regardé le paragraphe sur la méthode qui consiste à se fermer, à se replier sur soi et à tourner le dos au monde qui nous entoure.

 

N’oublions pas la révolution numérique et les réseaux sociaux qui menacent l’ensemble des sciences humaines.

 

Il est difficile de conclure  dans un sens ou dans un autre.  Il existe des lieux qu’il faut émanciper et d’autres qu’il convient de contrôler. La question est de ne pas se tromper et de suivre le penchant naturel des êtres. Depuis Platon on s’interroge...

 

 

 

 

 

 

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