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Lucie Malbos, Les peuples du Nord. De Frodi à Harald l’Impitoyable. (1er au XIe siècle). Belin

Lucie Malbos, Les peuples du Nord. De Frodi à Harald l’Impitoyable. (1er au XIe siècle). Belin

Lucie Malbos, Les peuples du Nord. De Frodi à Harald l’Impitoyable. (1er au XIe siècle). Belin

 

Qui ne s’est jamais   fait  de fantastiques représentations de ce peuple mythique que sont les vikings avec leurs raids et leurs ravages des pays envahis et pillés ? Le présent ouvrage, écrasant d’érudition et pourtant si captivant et si facile à lire, vient combler cette lacune. Son auteur nous fait découvrir ce que fut cette histoire d’un peuple mal connu, au cours du premier millénaire, loin des préjugés et des opinions préconçues. Le livre, en lui-même, se signale à l’attention du lecteur potentiel par sa taille, j’ai presque envie de dire, par son poids : plusieurs centaines de pages, un nombre incalculable de reproductions d’armes, d’outils, d’édifices architecturaux, bref tout ce qui touche à la vie d’un peuple et de sa civilisation. Mais ce peuple n’a pas eu une histoire rigoureusement égale à celle des peuples voisins. Les vikings sont précédés d’une certaine réputation faite de violences multiples, de pirateries, d’enlèvements et de destructions de toutes sortes. Le principal mérite de ce beau livre est d’avoir mis de l’ordre dans tout cela et de présenter une vue globale d’un de ces peuples du Nord qui ont sérieusement marqué notre continent européen.  Mais l’auteure insiste sur le fait qu’on ne peut pas parler d’exhaustivité dans son  travail. Il s’agit d’une synthèse, il fallut opérer des choix. Si j’osais une comparaison  avec une civilisation tout autre et que je connais nettement mieux, je dirais que les Vikings font penser aux ravages commis par les philistins de la Bible et dont le peuple d’Israël s’est constamment plaint, suite aux destructions causées aux cités du  littoral par ces hordes redoutables. Même le roi David n’a gagné sa couronne de roi d’Israël qu’en ramenant à la raison ce peuple turbulent.

 

Il faut comprendre que l’Europe du Nord a dû recourir à ses propres normes, à ses catégories explicatives, pour désigner ces hommes et ces femmes habitant les mêmes régions qu’eux. Ce qui nous conduit à nous  demander ce que recouvre le terme scandinave ou Scandinavie (Danemark, Suède, Norvège, etc...). Ce terme, lisons nous, apparait pour la première fois dans les écrits de Pline l’Ancien. Il s’agissait de définir ce qu’étaient ces territoires situés encore plus au Nord. A la géographie vient s’ajouter la linguistique qui montre que les origines ne sont pas identiques. Le finnois, par exemple est plus proche des langues finno-ougriennes que des langues indo-européennes.  De son côté, le suédois est très proche de l’allemand et des  dialectes germaniques..

 

On a tendance à croire que la notion même de raids résume à elle seule le rapport aux Occidentaux. Les vikings ont tout de même favorisé l’émergence d’au moins trois royaumes ou entités politiques que sont la Norvège, la Suède et le Danemark. Une très lente évolution a progressivement   montré que les Scandinaves pouvaient  se rapprocher des autres cultures, voire finir par fusionner avec leurs voisins. Il est vrai que l’histoire du premier millénaire a connu quelques difficultés jusqu’à mener finalement  à un assagissement et à une pacification des populations concernés.

 

Dans le domaine des rapprochements, on oublie parfois le rôle fondamental de l’église chrétienne qui a suscité un adoucissement des mœurs et la foi en un monde invisible . On peut, dans ce cas précis, parler d’un rôle véritablement. civilisationnel. Cela me fait  toujours  sourire quand je vois la transmutation du jeune sémite brun qu’était Jésus,  transformé en jeune homme blond aux yeux bleus, voire comme le prototype classique du Sauveur chez les vikings... Dans une moindre mesure, l’adoption du sapin de Noël est la meilleure illustration de cette fusion avec l’entourage... Même  dans la Galilée occidentale, les conifères ne sont pas aussi nombreux qu’en Scandinavie. Mais il faut bien s’adapter.

 

On ne peut pas faire fi des contraintes climatiques dans des régions si marquées par l’eau. On ne peut pas, non plus, tenir compte de l’étroite marge de manœuvre dévolue à l’agriculture. Les hivers  y sont plus longs et plus rigoureux qu’ailleurs, ce qui pose un problème concernant la nourriture des populations. Mais la Scandinavie est entourée d’eau, douce ou salée. Ce qui implique un bon développement de moyens de transport maritime. Le livre contient d’ailleurs quelques belles reproductions de barques et de navires.  Je ne peux pas tout mentionner, notamment les conséquences des contacts avec l’empire romain, responsables de bien des évolutions dans d’immenses secteurs.

 

Je m’arrête plus longuement sur les chapitres remarquables tractant des croyances et des pratiques artistiques ; on y découvre ce qui existe chez tous les autres peuples : la volonté de communiquer avec l’invisible, d’en déchiffrer le message pour mieux vivre, mieux dompter les éléments, surtout dans un tel milieu marin... On y découvre un principe syncrétiste, comparable à ce qui s’est passé entre le christianisme des premiers siècles et le paganisme romain. Certes, la configuration  géographique impose un certain nombre de contraintes réputées immuables. Mais on peut supposer l’existence d’une certaine originalité dans l’approche de ce qui est nouveau ou purement insolite. Ceci est nettement perceptible dans le domaine religieux et aussi les pyrétiques funéraires. Tous les êtres humains se sont demandés ce que nous devenons après notre mort. D’où la naissance de tant de mythologies avec des héros locaux et des divinités régissant des secteurs spécifiques de la vie ; les vikings étaient encore loin de ce que nous appelons le monothéisme éthique...

 

Comment conclure un tel parcours, si riche et si documenté ? Ce bel ouvrage brille par ses qualités intrinsèques. Les cartes géographiques, les illustrations et les reproductions sont magnifiques. Assurément, ce sont des compliments d’ignorant mais ils sont vraiment mérités. Un beau livre à lire et à feuilleter...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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