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François- Xavier Cortin, Les jardins de Mandela. Roman, Fayar

François- Xavier Cortin, Les jardins de Mandela. Roman, Fayar

François- Xavier Cortin, Les jardins de Mandela. Roman, Fayard

 

Ce livre qui se qualifie lui-même de roman va bien plus loin qu’un simple roman ; ce qu’il raconte, le lieu où il se déroule, touche un secteur de la vie publique dont aucun pays, aucune philosophie, aucun régime politique n’a pu donner satisfaction sur tous les points, c’est l’Éducation nationale ou l’instruction publique. Appelez-le comme vous voudrez, on retombera toujours sur les mêmes disparités, les mêmes débats passionnés à défaut d’être passionnants. Le drame, c’est que nul ne peut se soustraire à ces années d’édiction et d’effort pour acquérir les connaissances, appelées à vous permettre de vivre, et à vous insérer dans la société.

 

Pourtant, malgré les pires critiques, tous s’accordent à reconnaître qu’enseigner est le meilleur, le plus beau métier au monde. Semer dans les esprits, avoir formé des gens qui reprendront vos enseignements, voici la plus belle des immortalités et des récompenses : les œuvres survivent à leurs auteurs. Et l’enseignement constitue le plus beau des produits. A la page 108, l’auteur exprime cette grandeur en ces termes : Matthieu, croyait, avait cru et croira surement encore longtemps, pour ne pas  dire toujours : la vocation du professeur

 

Et il ajoute dans la ligne suivante que c’est bien la foi, l’ardeur qui lui commandent de se lever chaque matin pour dispenser son enseignement à des élèves. Hélas, et le livre l’illustre bien, les temps ont changé. Les crédits de dotation pour acquérir les outils les plus performants diminuent d’année en année. Les meilleurs éléments vont donc ailleurs et le héros de ce soi-disant roman finit par démissionner. Il n’y a pas que les salaires, même si c’est un poste très important (il parle de salaire de misère). Et les fonctionnaires du ministère ne font pas grand-chose pour retenir les partants : ce sont des simulacres d’entretien, des propositions de formation, du vent...

 

On s’est presque habitué à ce genre de désillusion ; certains tombent même dans le plus grand des cynismes. Et puis il y a l’absence des valeurs qui constituaient jadis le fondement même de la pratique enseignante. Le monde enseignant n’y croit plus vraiment. Ici, c’est une simple tentative de sauvegarder des jardins menacés de disparition pour faire place à une route. Il y a les faits et il y a aussi le symbole La noirceur du goudron face à la tendresse des plantes et de la végétation, en général. Mais pourquoi le nom de Mandela ? Là aussi on fait appel au symbole incarné par un homme qui a pardonné à ses persécuteurs, a su éviter un bain de sang, proclamant l’universalité de l’amour de l’Autre...

 

Et puis il y a, en filigrane, le problème de l’assimilation de personnes venues d’ailleurs ; on sent un désir d’assimilation mais aussi des réserves, des craintes qui disparaitront  avec le temps, espérons-le.

 

Il est difficile  d’englober dans une même approche l’essentiel des discussions, dont certaines n’ont pas manqué d’émouvoir le lecteur : par exemple, lorsque les deux jeunes élèves demandent à leur maître de donner lecture d’un texte. Ils confessent leurs difficultés mais prétendent mieux comprendre le sens d’un texte lorsque c’est leur professeur qui se met à lire... Ils disent mieux comprendre le texte lorsque c’est leur maître qui lit, car ils ont pleine confiance en lui. Pourquoi ? Parce qu’ils ont l’impression qu’il cherche leur bien-être,  leur intégration etc...

 

Existe-t-il un pédagogue heureux ? Pouvons nous exploiter au mieux ce qui est inné en nous et faire son produit de notre acquis ? C’est la leçon de tire de ce livre si attachant et si personnel. Les relations entre maître et disciple sont complexes. Des fois, il s’agit de dépasser son maître ou de le critiquer pour annexer seul toute la lumière. Dans d’autres situations, on essaie de s’en montrer digne. Dans les sociétés traditionnelles, les relations dont codées et obéissent à des règles strictes : un disciple doit être toujours respectueux envers son maitre. Il ne doit pas tenir un discours, en présence de son maître, sans l’autorisation de celui-ci. La transmission du savoir revêt un aspect religieux dont il faut tenir compte. J’ai souvent pensé à cette dialectique en feuilletant ce livre.

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