FACILITER L’ACQUISITION DE LA NATIONALITE FRANÇAISE ?
J’ai écouté ce matin sur I Télé l’interview de l’ancien ministre Bruno Le Maire qui est candidat à la présidence de l’UMP. Il saute aux yeux que ce jeune monsieur, au demeurant plutôt brillant, n’a guère la tête de l’emploi ni même l’expérience pour tenir un parti aussi turbulent et aussi difficile que l’UMP. Mais qu’importe, les hommes politiques même ceux dont on attendait beaucoup, retombent toujours dans l’ornière lorsqu’il s’agit d e faire parler de soi et de battre les estrades pour y parvenir… Mais laissons, ce n’est pas ce point précis qui m’intéresse puisque ce sera, en tout état de cause, soit Jean-François Copé soit François Fillon qui l’emportera…
Ce qui m’intéresse ici, ce sont les déclarations de Bruno Le Maire sur la libéralisation de l’octroi de la nationalité française à des gens qui n’y voient que le moyen d’accéder aux minima sociaux et aux aides de toutes sortes. M. Le Maire a indiqué avec raison qu’il faut parler la langue, adhérer aux valeurs républicaines et s’identifier à l’histoire de la France. Or, cela ne semble pas toujours être le cas. Manuel Valls est sûrement un bon ministre de l’intérieur, il connaît les problèmes posés par la transplantation puisqu’il est lui-même naturalisé français, mais il commettrait une lourde erreur en touchant aux critères établis par M. Claude Guéant.
Il faudrait être aveugle pour ne pas relever que le score en forte hausse du Front National traduit une exaspération et un ras le bol d’une frange sans cesse croissante de la population française qui se sent envahie.
Que l’on me comprenne bien, il ne faut pas m’identifier aux propos que je rapporte, il convient simplement de tenir compte de la réalité. Si l’on libéralise de telles formalités, le parti Lepéniste frôlera les 20% aux prochaines élections, voire plus.
Avec de bons sentiments on ne fait pas nécessairement une bonne politique. La nationalité française se mérite, elle ne s’acquiert pas automatiquement. Le pays doit avoir le temps d’absorber une immigration de même nature, notamment des pays d’Europe qui partagent sa culture et ses valeurs. Il y a, certes, d’autres gens, qui, eux aussi méritent d’être intégrés.
A eux de faire leurs preuves. Qu’on suive le chemin de la sagesse… Le peuple français est très versatile et il lui arrive de prendre des attitudes absolument imprévisibles.
- Page 3
-
-
Les ambiguités du général Manaf Tlass…
Les ambiguités du général Manaf Tlass…
La chaîne satellitaire arabe al-Arabiya a diffusé hier une première interview du général Manaf Tlass, ancien ami d’enfance de Bachar et chef de l’une des divisions les plus importantes de l’armée syrienne. Cet officier général avait été un peu marginalisé par le cercle le plus intime du pouvoir en raison de son peu d’empressement à développer une répressions sans limites. Il a fini par aller jusqu’au bout de son raisonnement et a quitté la Syrie, probablement exfiltré par les services français et américains. Le fait qu’il se trouve aujourd’hui en France s’explique par la présence de sa propre famille sur place, mais aussi par la position de la France dans le conflit intérieur syrien.
Dans cette interview, le général fait preuve d’une très grand prudence. Sans jamais s’en prendre directement à la personnalité de Bachar aux côtés duquel il a grandi et auquel le le lient de nombreux liens d’amitié, il en appelle simplement au patriotisme de ses concitoyens et les exhorte à s’unir pour bâtir une Syrie nouvelle.. Pas une fois il n’incite les soldats à déserter alors que chaque jour qui passe voit grossir les flots de désertions, y compris d’officiers généraux… Pas une fois, il ne réclame le départ immédiat de Bachar…
Est-ce de la prudence, de l’attentisme ou un fin calcul politique ? En d’autres termes, se met-il en réserve de la république dans l’espoir de jouer un rôle dans l’avenir ? Rien n’est à exclure.
En revanche, les leaders de l’opposition ainsi que les chefs de l’insurrection armée sur place n’ont pas oubli le pédigrée de ce général play boy. Ils rappellent volontiers qu’il est le fils du sinistre ancien ministre de la défense, Moustafa Tlass, que les Syriens nomment aussi le bourreau de Hama, l’homme qui exécuté les ordres de Hafez, le père de Bachar, et de Rifa’at, son oncle. A l’époque, au début des années quatre-vingts, on ne disposait ni d’internet ni de téléphones portables et ces messieurs ont pu massacrer leur population sans être inquiétés… Aujourd’hui le Tribunal Pénal International les mettrait en examen pour crimes contre l’humanité… On estime à 20.000, voire 30.000 morts le nombre de victimes lors de l’écrasement de la ville de Hama, foyer du soulèvement des Frères musulmans à l’époque. Il faut rappeler que ceux ci avaient attaqué une académie militaire et égorgé près de 100 jeunes cadets…
Alors qu’entend faire le général Tlass ? Pour le moment, il semble qu’il soit bien au chaud sur la côte d’Azur, sous la protection des autorités françaises qui espèrent pouvoir s’en servir pour faciliter une solution du conflit. C’est une bonne idée, mais je ne suis pas sûr qu’une telle personnalité qui a passé des décennies aux côtés d’un tel régime puisse s’acheter une conduite en quelques semaines ou quelques mois…
Le plus inquiétant, c’est Bachar reprend le dessus en dégarnissant le Golan pour que les troupes d’élite pacifient sa capitale et reprennent Alep après avoir repris Damas des mains des insurgés.
Les insurgés vont devoir repenser leur stratégie et la développer sur une plus grande échelle et avec un nouvel armement. Notamment des armes anti-chars et des missiles stinger ou cornet. Evidemment, si on trouvait une voie pacifique pour inciter Bachar à partir, cela serait nettement mieux.
Mais cela, seul Dieu ou la Russie peut le faire…
-
Yerushalmi, Histoire et mémoire juives
Le Zakhor de Yosef Hayyim Yerushalmi
La nouvelle construction de l’histoire juive
Pour Jean-François Bensahel, en cordial hommage
Tous les livres de Yerushalmi sont admirables. Relire celui-ci, intitulé Zakhor (souviens toi) fut pour moi une véritable révélation. Pourtant, j’avais publié, vers 2002, avec mon ami le sous préfet Alain Boyer, un Que sais-je ? intitulé L’historiographie juive, ce qui signifie que les développements de Yérushalmi ne m’apportaient pas des connaissances fondamentalement nouvelles. Ma relecture de Zakhor m’a montré que son auteur avait renouvelé l’approche de l’histoire juive et prescrit les nouvelles normes d’écriture de l’historiographie d’Israël.
Au milieu des années quatre-vingt-dix, j’avais publié la traduction du texte programmatique de Heinrich Grätz, La construction de l’histoire juive (Krotoschin, 1846), précédée d’une longue introduction sur le père de l’historiographie juive moderne. Certes, on pourrait largement faire l’étude d’un contraste entre ces deux œuvres, Grätz n’analysant en fait que l’histoire intellectuelle et passant au crible les productions de même nature au fil des siècles. Mais ce texte fut une sorte de discours programmatique pour l’œuvre à venir, l’Histoire des juifs en onze volumes, que l’on peut encore aujourd’hui, continuer de consulter avec fruit. Yerushalmi, lui, tente de dégager une voie nouvelle, scruter l’attitude générale des juifs face à la science historique, ses relations avec le messianisme, les conséquences de l’expulsion de la péninsule Ibérique, etc
Grätz était empreint des idéaux de la Science du judaïsme, sans en reprendre, toutefois, le positivisme et l’historicisme. Il en rejetait aussi l’idéologie anti-sioniste et la volonté de se fondre dans l’éthnie allemande qui transpire chez certains de ses contemporains. Il croyait en un judaïsme vivant, en une histoire juive qui continuait d’exister même après la chute du temple, contrairement à l’attitude de chercheurs chrétiens, comme Ernest Renan et ses modèles allemands qui considéraient que le christianisme était la pierre tombale de l’histoire d’Israël…
Yerushalmi appartient à un autre siècle et aussi à un autre monde. Elève de l’éminent historien Salo Wittmayer Baron (que j’eus l’honneur de rencontrer il y a près de vingt-cinq ans aux USA, dans sa maison de campagne à Canaan dans le Connecticut) l’auteur de la Social and religious history of the jews, son approche tranche par rapport à celle de la Wissenschaft des Judentums puisqu’il ne se considère pas comme un savant examinant des fossiles, déchiffrant des inscriptions sur des tombes tombales devenues illisibles ou faisant l’archéologie de la pensée et de la vie juives. Tout en adoptant la méthode critique, Yerushalmi élargit considérablement le spectre de son action en introduisant la notion de mémoire, c’est-à-dire d’histoire vécue. Donc d’hommes et de femmes, véritables vecteurs vivants du judaïsme. Mais Yerushalmi, dans sa grande modestie, est conscient que cette dimension spécifique mérite d’être examinée d’un peu plus près : l’histoire de la mémoire collective juive… reste à écrire, je n’ai fait ici qu’essayer de tracer quelques unes des voies que l’on peut explorer. (p 14)[1]