Vers un démembrement de la Syrie ?
Les batailles font dans toutes les régions de Syrie. Même si les forces spéciales de Bachar, commandées par son frère Maher, devaient endiguer l’avance des insurgés, elles ne réussiront pas à les bloquer durablement. Un peuple qui se lève contre son dictateur est comme un tsumani : rien ne peut l’arrêter…
Pour la première fois depuis le début de l’insurrection, les rebelles ont une vraie stratégie miliaire et sont bien commandés. Ils ont prévu deux types de manœuvres : priver le régime des principaux centres économiques et civils et s’en prendre aux extrémités, c’est-à-dire sécuriser les postes frontières afin d’acheminer renforts et matériels. La tactique semble payante : chaque jour qui passe voit l’élargissement de ces zones frontalières dites libérées. J’ajoute que si cela devait se poursuivre, il ne resterait à Bachar que la voie des airs pour fuir…
L’issue est fatale, rien n’y changera quoi que ce soit, ni les armes russes, ni le soutien de l’Iran ni les vantardises du Hezbollah qui va vivre des moments difficiles. Selon certaines sources non confirmées, le réduit de Tartous-Lattaquié serait de nature à servir de refuge pour un clan Assag en déroute. Sur place, la minorité alaouite est chez elle et règne en maître. La région a un port, un aéroport, des ressources, y compris pétrolières et fut particulièrement choyée par le régime, dans la perspective, justement, de devenir un jour un réduit inexpugnable. Sur place, Bachar et son clan pourraient se maintenir et se défendre.
Cette solution paraît idéale puisqu’elle pourrait mettre fin au conflit et à la guerre civile, mais le prix à payer est exorbitant : le démembrement de la Syrie. Car, si les Alaouites se retranchent chez eux, les chrétiens, les kurdes et toute la mosaïque des autres ethnies en fera autant.
C’est littéralement dramatique. Qui aurait pu prévoir pareille chose ? Qui aurait pu parler de tant de révolutions dont la plus sanglante, au fond, se déroule à Damas ? Il est indéniable que tous ces régimes paient l’absence prolongée de démocratie et la poursuite d’une haine gratuite et sans discernement d’Israël.
Rendez vous compte ! La Syrie a perdu toutes ses infrastructures militaires, politiques et économiques. Il faudra des décennies pour la reconstruire. L’ONU devrait surmonter ses divisions et voler au secours d’un peuple qui souffre et paie un lourd tribu à la liberté.