Introduction :
1.2. Que signifie ce sujet ? Il s’agit de déterminer la place occupée par la littérature biblique, ses idées, ses tendances, ses valeurs et son éthique, dans notre culture, la culture française, et au delà, la culture européenne dans son ensemble.
1.3. On peut dire, d’emblée que l’histoire intellectuelle, celle des idées ou, comme disent les Allemands, l’histoire de l’esprit de (Geistesgeschichte) est indissociable des différents types de lecture de la Bible à travers les âges. A chaque époque sa Bible, on pourrait presque dire : d’une Bible à l’autre.
1.4. Toute la période médiévale avait de la Bible une lecture qui n’a rien à voir avec l’approche de l’époque de la Renaissance ou du siècle des Lumières. L’approche religieuse et fidéiste de Bossuet, l’évêque de Meaux qui fit saisir, par l »intermédiaire du lieutenant de police Monsieur de la Reynie, le bel ouvrage de l’oratorien Richard Silmon Histoire critique du vieux Testament, ne ressemble en rien à l’Histoire d’Israël d’Ernest Renan, qui fut temporairement chassé de sa chaire de professeur (d’hébreu et d’araméen) au Collège de France, à la suite d’une déclaration imprudente lors de sa leçon inaugurale. Il avait osé dire devant un parterre d’évêques et de prêtres, présents dans la salle : Jésus, cet homme admirable… alors que ces représentants de l’église catholique le considèrent de leur point de vue comme un Dieu…
1.5. Mais nous ne voulons pas nous cantonner au simple cadre des controverses ou des contestations religieuses. Certes, cela constitue un incontournable chapitre de l’histoire de la Bible dans la culture de notre continent, mais il y a aussi et surtout la reprise, sous une forme laïcisée et sécularisée, de thèmes bibliques qui gisent aux fondements mêmes de notre culture.
1.5.1.1. L’exposé aura donc deux grandes parties avec leurs subdivisions respectives : d’abord le cadre historique : comment la littérature biblique a été étudiée et ensuite, ce que nos cultures modernes en ont tiré dans d’innombrables domaines, au point que même la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen serait impensable sans référence au Décalogue biblique. Feu le Grand rabbin Jacob Kaplan, doyen de l’Institut, l’avait exposé devant ses collègues de l’académie des Sciences Morales et Politiques (Les sources bibliques de la Déclaration des droits de l’homme)
1.5.1.2. Je vais donc tracer le cadre historique et passer ensuite, dans la seconde partie, à l’absorption de quelques thèmes et idées bibliques par notre culture laïque, sécularisée et moderne.