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  • Hollande, Macron, Valls…

    Hollande, Macron, Valls…

    Ce n’est pas la trinité mais une simple trilogie qui risque de voler bientôt en éclats, si l’on en croit certaines indiscrétions savamment fuitées de la presse. On a vécu bien des turbulences dans le champ politique français ces dernières semaines. Un certain nombre d’initiatives législatives semblent relever du mystère même aux yeux d’amis du gouvernement actuel. On est dans l’avant-dernière année du quinquennat, étant entendu que l’année de l’élection ne compte guère. Et voici qu’on présente une véritable loi sur le travail qui se veut une gigantesque réforme d’un Code du travail devenu anarchique tant les lois y furent empilées au fil des années. La ministre chargée de présenter cette importante loi a du mal, c’est visible, sans faire preuve de mauvais esprit ni de misogynie : c’est trop pour elle. Alors, on voit la pointe de Matignon en dessous de ce projet et certains vont jusqu’à dire que c’est le Premier Ministre qui a forcé la main du président lequel aspire à restaurer le calme et à tenter de se représenter en 2017 ; il n’a donc guère besoin de troubles ni de manifestations des jeunes. Certains commentateurs avertis de la chose politique tiennent des raisonnements alambiqués sur ce trio qui ne semble plus aussi uni qu’avant : on prête au Premier Ministre la volonté de prendre du champ et de ne pas couler avec le Titanic tant la France est rétive aux réformes et tant la situation socio-économique est explosive. Si la loi est présentée et qu’elle est refusée par le Parlement, le gouvernement pourrait être censuré et Valls en profiterait pour tirer sa révérence … Du côté de E. Macron, ses dénégations ne convainquent personne lorsqu’il proclame qu’il ne sera pas candidats en 2017… Certains maintiennent que si Fr Hollande n’y allait pas, il grillerait la politesse à Valls avec lequel il est en concurrence. Et en plus il a dix ans de moins. Sa cote de popularité grimpe en flèche alors que celle des deux têtes de l’exécutif donne d’inquiétants signes de faiblesse.

    Le problème avec la France, c’est qu’elle est toujours en campagne électorale alors que seul copte l’élection présidentielle.

  • Un certain 29 février 1960 à Agadir...

    Il y a 56 ans, un 29 février, à Agadir

    Aux morts sans sépulture, in memoriam

    Encore un peu et je manquai à mes devoirs les plus élémentaires, à savoir rendre hommage à la mémoire des victimes du tremblement de terre d’Agadir qui fit des milliers de morts et ravagea ma belle ville natale en quelques fractions de secondes. Je suis né à Agadir et ai vécu cette terrible nuit au milieu de laquelle un séisme de forte intensité a réduit en poussière le lieu où j’ouvris les yeux sur le monde pour la première fois. Je me souviens encore très bien du déroulement des événements. Il y avait eu des signes annonciateurs de la catastrophe, des petites secousses qui se produisirent en plein jour, alors que nous étions dans les salles de classe. J’eus la sensation que les entrailles de la terre, le sol sur lequel nous posions nos pieds était traversé de courants électrique. L’institutrice Madame Ouanaounou nous fit évacuer précipitamment la salle. Je me souviens de ce jour là : rentré à la maison, je relatai à ma mère avec un large sourire ce qui me paraissait être un événement anodin, rompant la triste monotonie de nos journées. Ma mère ne dit rien, elle leva les yeux, me regarda fixement et en son for intérieur, s’abstint de me dire la gravité de l’événement que nous venions de vivre.

    Le drame survint moins de trois jours plus tard, peu après minuit. La quasi totalité des immeubles de la cité trembla sur ses fondements et un immense amas de poussière et de décombres tenait désormais lieu de paysage urbain. Je n’avais que 9 ans, mon père était absent, seule ma mère était présente et nous étions sept enfants, tous sortis indemnes de ce cataclysme. Les immeubles autour de la place de la Kissariya avaient disparu, les décombres formaient des collines ou des dunes. La poussière rendait l’air irrespirable. Mais il y avait les cris des blessés ou des femmes qui avaient perdu toute leur famille, ensevelie sous les pierres. Je rappelle que les femmes étaient en chemise de nuit et les hommes en pyjama…

    Il m’arrive parfois de m’interroger sur moi-même : par quel miracle, par quel hasard, avons nous été, ai-je été épargné ? Pas une égratignure… Que serais je devenu si ce terrible cataclysme n’avait pas changé le cours de ma vie, me conduisant en métropole, à Paris ? Le changement fut violent : quitter une belle station balnéaire où il faisait toujours beau, où le soleil brillait tout le temps, où la belle plage de sable fin mesurait plusieurs km, où les poissons, notamment les sardines et le thon avaient un goût que je n’ai plus retrouvé depuis.

    Nous étions dans cette ville, au bord d’un monde à part. Les relations avec les autochtones, principalement des Berbères, étaient correctes. D’ailleurs, ce ne sont pas des gouvernantes anglaises qui me chantaient des berceuses mais des bonnes berbères qui fredonnaient des airs dans leur langue maternelle.

    La pratique religieuse du judaïsme se faisait sans aucune difficulté. Bien sûr, la naissance d’Israël avaient quelque peu tendu les relations avec le milieu ambiant, mais le vieux roi Mohammed V avait pour la communauté juive locale des égards particuliers. Surtout, les institutions juives US, notamment le Joint, faisaient ce qu’il fallait pour que les rouages fonctionnent sans heurt. Ce qui explique qu’au tout début des années 50, des centaines de milliers de sujets juifs de Sa Majesté prirent le chemin de l’exil pour rejoindre la Terre promise de leurs ancêtres…

    Serais je devenu un philosophe germaniste si ce cataclysme ne m’avait pas arraché au milieu qui m’avait produit ? Aurais je tant écrit sur la philosophie juive et arabe du Moyen Age et aussi, singulier paradoxe, sur le renouveau de la philosophie juive en Allemagne depuis Mendelssohn jusqu’à Martin Buber et Franz Rosenzweig ? Je me pose souvent la question non pas par un goût immodéré pour l’introspection mais parce qu’un large problématique philosophique se cache en-dessous : l’avenir, notre avenir individuel est il écrit quelque part ? Sommes nous soumis à une loi d’airain, à un déterminisme astral ou terrestre auquel aucun bipède ne pourra jamais échapper ni se soustraire ?

    J’avoue ne pas avoir de réponse mais continuer néanmoins à tenter de déchiffrer les carnets de la Providence si toutefois elle existe vraiment ! Dans le cas contraire, serions nous livrés aux caprices d’un hasard, heureux ou malencontreux dont personne n’aurait le secret ? C’est difficile à dire. Me revient à l’esprit un célèbre passage de la Mishna Haguiga où les sages du talmud disent que celui qui cherche à savoir ce qu’il y a en haut ou en bas, ce qui était avant ou ce qui se produire après, eh bien, il eût mieux valu pour celui-là qu’il ne fût jamais venu au monde ! On chercherait difficilement ici les subtiles nuances auxquelles les talmudistes, dialecticiens consommés, nous ont habitués.

    Je préfère plutôt l’image fournie par Martin Heidegger, même si je trouve les talmudistes plus fréquentables que l’auteur de Sein und Zeit. Parlant de la présence de l’homme au monde, il a dit : wir sind geworfen (nous y sommes jetés, projetés)… Les talmudistes auraient répliqué en traitant cet homme d’épicurien, ce qui, dans leur terminologie polémique, désigne les athées ou les mécréants.

    Je crois, pour ma part, que Heidegger pensait à la solitude de l’homme sur cette terre où il fait toujours figure d’étranger. Nous sommes jetés, projetés dans un milieu, une famille, un pays, une culture, une religion, un sexe, etc… sans jamais savoir ce que nous allons faire ou devenir. Prenez l’image suivante : une ménagère prépare un dîner pour sa famille ; elle met dans une casserole une boîte de petits pois et des morceaux de viande. Elle y ajoute des condiments, sel, poivre, huile, etc… Et pour finir, elle remue le tout avec une spatule, ce qui fait que des petits pois très éloignés les uns des autres se rapprochent ou sont contraints de subir la démarche inverse…  Remplacez à présent les petits pois et les morceaux de viandes par des … êtres humains.

    Kant aurait parlé d’une aporie ; cela nous échappe. Qui manie la spatule, qui remue le contenu de la casserole ou de la marmite ?

    Qui, en cette nuit fatidique du 29 février 1960 (un vingt-neuf, cela ne se produit que tous les quatre ans), a décidé que les uns mourraient ou perdraient la raison, tandis que d’autres allaient survivre et poursuivre leur existence ? Pensez un instant : si en cette année 1960, il n’ y avait pas eu de 29 février mais qu’on était déjà le 1er mars, y aurait il eu ce tremblement de terre qui a chamboulé la vie de tant de gens et l’a prise à tant d’autres, surpris par la mort dans leur sommeil ?

    Les sismologues me répondront avec leur échelle de Richter que la région d’Agadir était exposée à de telles secousses telluriques et que les Allemands avaient même construit certains édifices de la ville en respectant des normes antisismiques. C’est juste, mais ce serait s’en tenir à la superficialité du phénomène. On n’effleure pas du tout le problème métaphysique ni éthique. Alors, restons-en là.

    Que celles et ceux surpris par cette terrible mort dans leur sommeil reposent en paix.

    Maurice-Ruben HAYOUN

  • Autochtonie, naturalisation et identité culturelle…

    Autochtonie, naturalisation et identité culturelle…

    Oui, que signifie le terme naturalisation ? Qu’entend on par naturaliser quelqu’un né dans un autre pays et qui veut désormais faire partie d’un autre environnement social et culturel ?

    L’autochtonie, tout le monde ou presque, sait de quoi il s’agit. Platon en parle dans La République et évoque le mythe que l’on serinait aux habitants d’Athènes en leur faisant croire qu’ils ont émergé des profondeurs, du limon de la terre. En somme qu’ils poussent comme des fruits et légumes sont produits à partir d’un sol nourricier.

    L’identité culturelle est plus délicate à définir. Il s’agit d’adopter les mêmes valeurs qu’un autre groupe humain : respect de la vie humaine, égalité des droits de l’homme et de la femme, solidarité ou fraternité humaine universelle, refus absolu de l’exclusivisme religieux, traitement humain des animaux, etc…

    La Suisse a récemment fait parler d’elle à l’occasion d’une votation concernant les étrangers résidant ou nés sur son sol. Je reconnais que certains points de ce référendum étaient un peu discutables mais dans l’ensemble je trouve, sans heurter personne, que les Suisses ont raison de se protéger et de ne pas adopter des lois dangereuses pour leur identité, comme le regroupement familial, la naturalisation trop facile et la régularisation automatique des clandestins…

    Certes, le continent européen est depuis des mois confronté à un désastre humanitaire sans nom : des millions de gens, issus de pays musulmans en guerre ont fui leur pays, attirés et encouragés par les déclarations déconcertantes de Madame Angela Merkel, désormais contrainte par son propre parti à serrer la vis aux réfugiés qu’elle parle désormais de renvoyer dans leurs pays, s’ils ne sont pas éligibles pour l’asile politique. Mais nous ne devons jamais oublier la loi non écrite de la solidarité humaine universelle : il faut porter secours aux gens qui risquent de mourir…

    La Suisse a rejeté ce référendum mais elle maintient sa vigilance en matière d’immigration car elle ne veut pas être confrontée au problème que l’Etat français a avec ses banlieues devenues les territoires perdues de la République.

    A u plan philosophique la question qui se pose est la suivante : peut on naturaliser quelqu’un au sens propre ? Peut on l’investir de valeurs nouvelles alors que d’autres plus anciennes, enracinées dans les strates archaïques de son âme, jurent avec celles qu’on souhaite lui inculquer ? A ce sujet, j’ai vu sur BFM TV un intéressant débat entre le polémiste Eric Zemmour et le secrétaire du PS, J-Ch. Cambadélis. Ce dernier a été entièrement submergé par les arguments forts de son protagoniste. Zemmour est d’avis que la France laïque et républicaine a perdu le combat qu’elle mène contre le communautarisme, à quoi le dirigeant a répondu ceci : ils sont là, on ne peut plus les chasser, que faut il faire ?

    Faut il supprimer la loi du sol ? C’est probablement ce qui arrivera un jour. Mais il devrait pourtant y avoir des méthodes plus pacifiques, plus humaines d’intégrer et d’assimiler, même les deux termes n’ont pas le même sens. On devrait éclairer la religion par des interprétations philosophiques, barrant la voie au fanatisme et à la haine.

    Certains migrants habitent l’Europe mais n’y vivent pas. Je veux dire qu’ils ne partagent nullement les valeurs de la société ambiante au motif que celle-ci est sécrétée par une culture religieuse différente de la leur. Dans ce cas leur maintien sur place risque de devenir vraiment aléatoire… On a vu dans la plupart des banlieues des collégiens refusant d’assister à des cours sur la Shoah, se féliciter parfois des attentats de novembre 2015, crier sur les toits que le 11 septembre n’a jamais existé ou est la résultante d’un vaste complot, etc…

    Que peut faire la culture judéo-chrétienne contre de telles âneries ou idioties ? Si même l’école ne peut jouer le rôle qui lui est dévolue, comment agir autrement ?

    Je pense que la Suisse a échappé à tous ces problèmes insolubles en pratiquant la politique qui est la sienne.

    Un exemple : j’ai entendu parler de gens très riches qui ont défiscalisé en quittant la France pour vivre à Genève. Ils y séjournent depuis près de 20 ans et c’est seulement à présent que leur dossier de naturalisation a abouti ! Et il ne s’agit que des parents et non des enfants, pourtant tous passés par l’institut Florimont !

    En France c’eut été une opération qui aurait pris moins de temps. Mais qui aurait posé bien des problèmes par la suite. On devrait mieux s’y prendre pour intégrer les gens mieux. On en ferait alors des citoyens heureux et épanouis.