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  • New York une ville juive

    Suite et fin des Chroniques new yorkaises : New York est une ville juive

     

    Baroukh atta ha-Shem….. ha-motsi léhem min ha arets : Béni sois tu Eternel qui fait jaillir la nourriture de la terre !

     

    Ce n’est pas dans un monde clos, dans un domicile privé à NY que j’ai pu entendre chanter cette prière qui accompagne tous les repas des familles juives pratiquantes. Mais bien au second étage de ce restaurant italien SEFRAFINA, si prisé de Madison, et où les gens les plus distingués font la queue, le temps de leur trouver une table où dîner.

     

    Mais hier, vers 19h30 à NY, c’est la fin de pessah et j’ignorais qu’à défaut de Mimouna comme en Israël ou en France, les juifs se rendaient dans des restaurants italiens afin d’y dévorer des pizzas et des pasta.

     

    Nous arrivons parmi les premiers à Serafina puisque nous sommes logés au coin de la rue. Nous nous frayons un chemin parmi les clients parmi lesquels les Français ne sont pas rares. Nous croisons une dame française qui dit adorer les pâtes..

     

     On nous installe les premiers et je reconnais les serveurs, les latinos, ces pauvres hommes qui survolent les étages, les plats à la main. NY n’est pas un lieu facile pour ceux qui sont pauvres, inéduqués et désargentés. Leur seule ressource est leur force de travail. C’est ce que je souffle à l’oreille de Paul W. le fils de Sophie, lequel venait de rudoyer un serveur sous mes propres yeux. Rien de méchant. Lui aussi travailler dur

     

    Nous sommes en train de passer commande quand arrive une nouvelle fournée d’invités, une bonne vingtaine, tout le monde embrasse tout le monde. Les hommes se donnent l’accolade, les femmes, embijoutées de la tête au pied, s’inspectent et se regardent, l’œil vif. Je dis à Danielle que ce sont des Italiens et qu’on ne pourra pas s’entendre, tant ces gens ont le verbe haut. Mais Jonathan qui est assis à l’autre bout de la table, me dit entendre la bénédiction juive de ha-motsi  léhem : nos voisins ne sont pas des Italiens mais de bons Juifs NY séfarades. Une nouvelle table, plus jeune, s’installe tout près de moi. Je lance un sonore hag saméah et la réponse de la table voisine fuse : hag saméah…

     

    Par les temps qui courent, ce n’est hélas pas à Paris qu’une telle expérience pourrait être vécue. Et c’est bien dommage. D’ici, la France semble être la tête d’une aiguille dans un océan sans fin. C’est-à-dire peu de choses.

     

    Un exemple ou plutôt deux : je croyais que nos musées, notamment le Louvre et d’autres endroits étaient les plus beaux.. Mais j’avais oublié le Met et surtout je n’avais encore jamais vu la Frick Collection. C’est quelque chose d’unique au monde, einmalig comme disent les Allemands. Mon indigence en histoire de l’art me prive de l’avantage d’en parler car ce serait tenir des discours d’analphabètes mais quand je suis ressorti de ce mussé, fondé par un éminent sidérurgiste US, originaire de Pittsburgh, je n’ étais plus le même : cet amateur d’art du début du XXE siècle a été un bon serviteur de l’humanité même si, dans sa jeunesse, il a financé des gens qui furent des briseurs de grève. Et au fond, s’il ne l’avait pas fait, aurions nous eu ces richesses artistiques inestimables ? Il y a des portraits faits par Holbein qui sont stupéfiants. Et les pièces d’exposition sont majestueuses ; qui peut encore vivre dans de telles demeures fastueuses ?

     

    En quittant cette fastueuse demeure où le généreux mécène n’a pu passer que cinq années de sa brève vie, le soleil brille sans discontinuer, la rue est calme et nous nous amusons à lire les noms gravés sur les plaques à l’entrée des portes cochères : que des noms de juifs ashkénazes : des médecins, des avocats, des kinésithérapeutes, bref tout est représenté.

     

    Le jeune Oliver Braunschweig, venu nous rendre visite l’après midi avec son père Monsieur Arthur Braunschweig de Zurich, m’apprend qu’avant d’arriver à ce statut, les Juifs ont eu à combattre bien des antisémites et à surmonter bien des obstacles.

     

    NY est donc bien une ville juive d’après le nombre de nos frères qui y résident, d’après le nombre de ses synagogues : comme il était agréable, les précédents jours, de contempler tous ces hommes qui sortaient des offices religieux leur taléth sous le bras, leur kippa sur la tête. Quel singulier contraste avec d’autres pays où il est désormais dangereux de s’afficher juif.

     

    New York, la nouvelle terre promise… Mais je dois bien dire : la mimouna chez Annie et Jacques A. Ma tant manqué.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

     

     

  • Suite et fin des chroniques new yorkaises

    Suite et fin des chroniques new yortkaises

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  • Chroniques New Yorkaises: VII visite de la synagogue de Park Avenue

    Chroniques new Yorkaises VII : le vendredi soir à la Park Avenue Synagogue

     

    Vendredi peu avant 18heures : Danielle et moi sommes prêts pour nous rendre à la synagogue de Park Avenue qui est tout près : 10 minutes de marche à  pied. Nous hésitons quelques instants sur l’adresse mais opportunément un taxi s’arrête et en descendent les membres d’une même famille qui viennent prier.

     

    18h35 : nous franchissons le portail de la synagogue. Mon attention est attirée par l’absence de toute garde armée statique. A l’intérieur, on nous prie seulement de laisser nos portables à l’extérieur. Cela tombe bien car  nous n’en avons pas sur nous.

     

    Une voix féminine qui déclame les Psaumes du chabbat nous accueille : j’avais pourtant cru que cette synagogue était conservative mais je dois me rendre compte que conservative n’est pas orthodoxe… Car dans le talmud il est bien au sujet des femmes et de la prière : Qol ba isha erwa : la voix d’une femme est une nudité. Il est donc assez risqué de leur faire chanter des Psaumes le vendredi soir dans une synagogue. En ce qui me concerne, je n’en prends pas  ombrage car je considère, sans démagogie, que la place dans la femme dans le culte juif doit être réévaluée.

     

    Cette PAS (c’est son diminutif actuel) est bien organisée puisque dès que nous entrons, on nous remet un dépliant narrant l’historique de l’institution.  Elle fut fondée en  1882. L’architecture est belle, quoiqu’un peu baroque, voire surchargée, avec des lumières très vives. Mais le public, un gros tiers des places est occupé, semble apprécier, et notamment ce petit orchestre qui accompagne la cantatrice, je veux dire la ministre officiante : un batteur, un guitariste, un pianiste, etc… Certes, on peut se réclamer de la harpe du roi David et dire que deux millénaires de persécutions ont conduit le judaïisme a se faire plus discret.

     

    Le rabbin commence par faire venir à lui les jeunes qui viennent de célébrer leur bar mitswa, leur majorité religieuse. Ensuite il fait réciter un kaddish par les fidèles qui sont en deuil. Ensuite, on renoue avec la prière, pardon ici il est de bon ton de dire le culte (en bon anglais : to worship). On lit à haute voix le shema Israël, du moins la première partie, aux fidèles le soin de compléter le reste à voix basse. On se lève pour la amidah, de même que le rabbin prie les endeuillés de lever lors du kaddish.

     

    En gros, rien de révolutionnaire mais un enrichissement pour moi au sujet du champ sémantique de conservatice judaism. Un détail, tous les hommes portent la kippah à la synagogue. C’est déjà ça… ,

     

    J’ai tenu à me rendre à ce service religieux car, comme vous le savez probablement, j’ai écrit un livre sur  Le judaïsme libéral mais aussi il y a quelques années un QSJ ? sur La liturgie juive. Et vu l’indigence du judaïsme libéral et réformé d’aujourd’hui, je me suis focalisé sur les racines allemandes de cette même tendance religieuse au sein du judaïsme. Et je dois dire qu’aux premières décennies du mouvement, quelle richesse, que de contenu, que de densité !

     

    Je suis partagé entre deux tendances contradictoires : d’une part, je crois en l’évolution du processus historique auquel rien n’échappe et d’autre part, je suis hésitant face à des aménagements arbitraires venus de personnes non autorisées, non qualifiées, ni par leur savoir ni par leur culture.  En gros, rien de révolutionnaire

     

    Le débat autour d’un dépoussiérage du judaïsme remonte à de longues années. Je dois dire que je suis sidéré par la vacuité du discours de femmes rabbins, plutôt de rabbin journalistes qui font plus de public relations que de religion. Arguant que chacun a son judaïsme, que celui-ci est l’équivalent de la diversité, bref une forme moderne de bouddhisme ou plutôt une auberge espagnole.

     

    Les sages du Talmud qui ne se disaient même pas rabbins alors qu’ils ont constitué l’ossature spirituelle d’Israël, eux qui ont formé la carapace défensive qui a permis aux juifs de traverser les siècles sans trop d’encombre… CVertes, à quel prix, mais tout de même.

     

    Les gens devraient faire attention au discours que leur tiennent les non informés et les non savants. Ils ont le droit d’agir comme ils l’entendent mais ils doivent en savoir plus sur les sources. Chacun ou chacune a le droit de dire ce qu’il ou  ce qu’elle veut. Mais doit s’entourer d’un minimum de précaution. Car à trop suivre la mode on parle de la mode exclusivement et les modes se démodent vite. Or, le judaïsme, depuis plus de deux millénaires, n’a pas cessé de changer tout en restant lui-même.

     

    Mainte prière juive dont je ne saisissais pas l’impact jadis me semble aujourd’hui lumineuse. Il convient donc de prendre ses propres dimensions et d’être au clair sur ses propres capacités. ET ceci vaut pour nous tous et aussi pour ceux qui tentent par tous les moyens de sortir des rangs et d’attirer l’attention.

     

    Me revient à l’esprit, malgré la fièvre de l’autre jour, une phrase tirée du corpus midrachique et talmudique : oy lahém la biryot mé élwonah shel Tora Malheur aux créatures qui offensent la Tora.

     

    J’ajoute aussi, pour finir, Dieu leur pardonnera tant la miséricorde divine n’a pas de fin.