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  • chroniques new yorkaises, visite du Met

    Chroniques new yorkaises VI : Visite du Metropolitan

    Jeudi, le temps n’est plus aussi chaud à New York bien que le soleil brille. La veille, Sophie a préparé un grand dîner et moi j’ai jugé bon de dîner sur le balcon ; du coup j’ai pris froid puisque je ne portais ni veste ni pull

     

    Ce jeudi nous devions nous rendre à Ground Zero pour avoir une pensée pour les victimes du 11 septembre. Mais Danielle change ses plans pour aller au Met qui est à dix minutes à pied d’ici. Il y une exposition chinoise qu’on aimerait voir. Et effectivement, l’exposition est magnifique.

     

    J’ignore si vous êtes déjà venu ici mais le bâtiment est énorme et l’accès au musée est gratuit. Les gens, lunettes de soleil sur le nez, sont assis sur les gradins, dévorent des sandwichs et boivent du coca cola. Il règne une atmosphère, une ambiance, différente de celle de notre Louvre. A notre grande surprise nous tombons sur un personnel du Musée qui parle français. C’est encourageant et on nous dit comment accéder  directement aux Chinois, depuis le IIe siècle avant JC jusqu’au II. siècle après JC.

     

    Les objets, les animaux, les sarcophages qui s’offrent à ma vue sont incroyables.. On a l’impression que tous ces objets viennent d’être déterrés. Leur puissance d’expressivité est incroyable : que ce soit le soldat en position de tirer avec son arbalète, que ce soient les jeunes chevaux tirant l’attelage ou l’norme lion accroupi sur un beau piédestal, tout semble vivant et pourtant cela remonte à près de deux millénaires.

     

    L’art, la musique, les sculptures, tout ce qui touche à l’esthétique, n’a jamais inspiré confiance à mes parents qui ont mis l’accent exclusivement sur la Torah et les commentaires mlidrachiques et talmudiques. Au fond, l’éthique prenait le pas sur l’esthétique. Cette dernière passait pour hévél wa rek : vanité et vacuité !! Dommage, car je n’ai jamais reçu de bonne éducation artistique. Même si j’ai bien étudié les analyses de Moïse Mendelssohn sur l’esthétique, je n’arrive pas à me focaliser là-dessus.

     

    En revanche, je me rattrape en réfléchissant sur ce qui a poussé les peuples à s’adonner à l’art, comme une sorte de bouteille à la mer, pour témoigner, aux yeux des générations futures, de ce qu’ils furent, mais aussi de la culture produite. C’est à cela que je pense en  contemplant les œuvres d’art.

     

    Mais pourquoi donc les peuples et les civilisations ont-ils besoin de témoigner en faveur d’eux-mêmes ? Pourquoi ce rapport au temps ? Témoigner pour un temps qui ne sera plus le nôtre ? Cela me fait penser à des idées développées par Martin Heidegger dans Etre et temps (1927). L’être, dit-il, pour la mort (Sein zum Tode) pour la bonne raison que nul être ne peut priver la grande faucheuse de son dard. Donc, en transmettant à d’autres siècles sa propre culture, on tente de se survivre à soi-même.

     

    Et en relisant L’humanisme de l’autre homme de Levinas, je trouve dans  le paragraphe intitulé Avant la culture, les premières lignes suivantes : La morale n’appartient pas à la Culture : elle permet de la juger, elle découvre la dimension de la Hauteur. La hauteur ordonne l’être. Tout est dit en peu de mots, toujours les mêmes chez Levinas : l’antériorité du bien sur l’être, l’asservissement à l’autre par le truchement de la responsabilité, l’impossibilité de déléguer à un autre, à Autrui puisque c’est par et pour autrui que l’on existe.

     

    Et au terme de ce même paragraphe, Levinas conclut en ces termes : Mais les normes de la morale ne sont pas embarquées dans l’histoire et la culture. Elles ne sont même pas des ilots qui en émergent car ils rendent possible toute signification, même culturelle, et permettent de juger les cultures…

     

    Aucune culture, aucune civilisation ne saurait y échapper car après sa disparition, elle se soumet au jugement de l’Histoire, c’est-à-dire de l’éthique. Les juifs ont trop mis l’accent sur la morale et l’éthique. Un épisode biblique est peut être responsable de sa distance par rapport à l’art : la Tour de Babel qui a chèrement payé sa rivalité avec la divinité. Mais ce qui frappe le lecteur, c’est la motivation par les hommes de leur stupide entreprise : nous nous ferons un NOM de crainte d’être dispersés sur la surface de la terre. We na’assé lanou shem pen nafouts al péné kol ha arets

     

    La encore, c’est témoigner, laisser une trace. La trace aussi a inspiré à Levinas un bel écrit où les notions d’être, de culture et de survie prédominent. Survivre à son propre temps. Témoigner pour un temps qui ne sera plus le nôtre puisque l’on n y sera pas ou plus.

     

    En fait, c’est une lutte éperdue pour accéder à l’éternité.Passer de l’être au surêtre ou à l’autrement qu’être, où l’être n’est plus la modalité ontologique principale. C’est cela que les bâtisseurs de la Tour de Babel ont tenté de faire, eux qui n’avaient pas compris, comme Abraham Heschel, qu’il faut être des bâtisseurs du temps et non de l’espace.

     

    Danielle me secoue alors que je suis plongé dans mes propres pensées, elle m’adjure de vivre l’instant et me dit que les tableaux sont beaux.  C’est beau : toutes ces toiles de grands maîtres, toutes ces œuvres des siècles passés, tous ces talents humains que l’on continue d’admirer. Les tableaux sont vraiment très bien, mais il y a une chose qui m’a marqué, c’est le sarcophage chinois si différent du sarcophage égyptien classique. Je me suis demandé s’il y avait encore une momie à l’intérieur. Toujours cette aspiration à la durée, à l’éternité. Cette volonté de survivre à soi-même.

     

    Au fond, c’est ce que cherchaient les Chinois en nous montrant des poteries, des parures, des armures de guerriers, des bovins, des ovins, des porcs et des animaux sauvages.

     

    Oui, j’ai conscience d’être sorti du cadre, de parler plus du symbolisme artistique que de l’art en tant que tel. Au fond, Nietzsche avait peut-être raison, dans sa Généalogie de la morale (même si sa sœur Elisabeth Förster-Nietzsche a légèrement retouché les textes dans un sens douteux)… Il a expliqué que l’irruption de la morale dans les rapports humains a été le fait d’esclaves, désireux de miner la conscience des  natures fortes et puissantes Mais je pense que Nietzsche s’est trompé, l’éthique est indispensable. Aucune société humaine ne peut s’en passer. Elle ne serait plus humaine si elle permettait que les forts écrasent impunément les faibles…

     

    Ce sont les sources juives anciennes qui ont raison, ce sont elles qui sont le produit de siècles de sagesse et de réflexion. Ce sont elles qui décrivent  bien le temps pré-originaire, le temps d’avant le temps. Le christianisme lui aussi, dans le sillage de la religion-mère, a donné un sens à la vie sur terre, apprenant aux hommes à mourir, c’est-à-dire leur enseignant que l’on ne quitte jamais cette terre sans laisser de traces… Qu’il y a autre chose après et non pas rien.

     

    Mais le judaïsme a peut-être un défaut : il réfléchit sur la vie plus qu’il ne la vit dans l’immédiat. Comme le disait Gershom Scholem : la vie juive est une vie en vie en sursis (das Jüdische Leben ist ein Leben im Aufschub… C’est-)-dire qu’on repousse toujours les choses à plus tard… L’an prochain à Jérusalem en est la meilleure illustration et la preuve de son bien fondé puisque de nos jours cela est possible.

     

    Ma prochaine chronique portera sur le chabbat dans la synagogue libérale-conservative de Park Avenue à deux blocs d’ici. Après tout j’ai écrit il y a deux ans un Judaïsme libéral aux éditions Hermann…

    Maurice-Ruben HAYOUN

     

  • Chroniques new yorkaises V: Visite de l'ONU avec l'ambassadeur Harald BRaun

    Chroniques new yorkaises V : visite de l’ONU sous l’aimable férule de l’Ambassadeur allemand auprès de l’ONU, le Dr Harald BRAUN

     

    Mardi 11h30 nous sommes devant la mission allemande auprès de l’ONU. L’ambassadeur, prévenue de votre visite, arrivera dans quelques minutes. Sa charmante assistante en profite pour nous faire passer les contrôles de police. Il faut remettre les passeports à l’entrée, se faire photographier et recevoir un badge contre lequel on vous restitue vos documents une fois la visite terminée.

    Aux Nations Unies tout est gigantesque. Détail piquant, tout à côté encore une énorme Trump Tower.  Il fait chaud à Nex York, le soleil brille et il faut des lunettes de soleil. Mais sommes prêts pour la visite.

     

    L’ambassadeur, mon cher ami le Dr Harald Braun, parfaitement francophone, arrive et salue une à une toutes les personnes : nous sommes six. Il porte sur la poitrine une sorte de sésame qui ouvre toutes les portes, tous les ascenseurs, bref seul le bureau du Secrétaire Général nous est fermé.

     

    Mais nous avons accès à tous les espaces et aussitôt aux cadeaux des nations à l’institution. Ce qui m’a le plus impressionné, malgré son goût un peu douteux et très oriental, tapageur, c’est le salon offert par le Qatar à l’ONU. Les yeux fermés on saurait que c’est un pays arabe qui est à l’oeuvre. Des tapis, des canapés à perte de vue… Un peu plus loin, une sorte de vitrine avec des animaux en or massif. Incroyable, on sent l’opulence des monarchies pétrolières. Un peu plus loin, un magnifique tapis, toujours saoudien, tissé par des femmes musulmanes pour cacher l’entrée de l’ Ka’aba. Un peu plus, un beau tapis persan offert évidemment par l’Iran.

     

    Nous passons devant les deux rangées de drapeaux et les enfants s’accrochent évidemment à la bannière israélienne et française

     

     Mais j’ai oublié de dire qu’à l’entrée il y a une statue, un morceau du mur de Berlin ; il y a aussi le portrait de tous les anciens secrétaires généraux depuis la création de l’ONU, qui succéda à la Société des Nations de Genève….

     

    Le moment le plus émouvant fut l’instant où je me suis assis dans l’hémicycle du Conseil de sécurité et ensuite dans le forum de l’Assemblée générale. L0 encore j’ai cherché le siège du délégué israélien. Tout est vaste, tout est propre, tout est bien gardé par des hommes et des femmes en armes. Harald me montre aussi la place réservée à la Palestine qui n’a ici que rang d’observateur alors qu’à l’UNESCO c’est un vrai ambassadeur qui représente cette entité.

     

    L’Ambassadeur nous guide dans ce tour ; pas de barrière de la langue car il est parfaitement francophone. Les enfants immortalisent ces instants et j’espère qu’on arrivera grâce à Sophie à envoyer les prises de vues avec cet article.

     

    Que de salles, que de réduits parfaitement équipés, que de places, que d’ordinateurs, que de salles de presse… Harald me dit que lors de l’assemblée générale en présence des chefs d’état on ne peut pas circuler dans la zone où se trouve l’ONU. Harald et moi discutons de l’utilité de l’ONU, de la nécessité de se concerter dans un monde globalisé… Je lui pose la question sur ses relations avec le représentant permanent d’Israël à l’ONU. Il me dit qu’il entretient de bonnes relations humaines avec son collègue mais reste muet quand je repose la question sur un plan politique.

     

    Je pense qu’il faut se garder de tout ramener à Israël et je rêve du jour où l’on ne parlera plus de nous ni d’Israël mais que l’antisémitisme et l’antisionisme auront disparu de la surface de la terre. Les gens heureux n’ont pas d’histoire. Hegel l’a dit : les années de bonheur de l’humanité sont les pages blanches de l’Histoire. Et il s’y connaissait…

     

    Quand je me trouvais dans l’hémicycle du Conseil de sécurité, je n’ai pu m’empêcher de penser à Barack Obama qui s’est abstenu permettant aux autres puissances de condamner Israël à l’unanimité. Cela laisse des traces. Mais que faire ? Trump est là désormais et si’l ne change pas, les choses iront bien.

     

    Un adage talmudique me revient en mémoire qui montre que les juifs ont une philosophie bien particulière de l’Histoire :

     

    ha-Qadosh baroukh hu makdim ha terufa la makka : Le Saint béni soit il commence par envoyer le médicament avant la blessure.  ERn termes philosophiques, moins métaphoriques, il assure notre survie, en dépit de la mobilisation quotidienne des ennemis du peuple d’Israël.

     

    Oui, c’est vrai, même si Dieu n’a pas toujours agi avec nous de la sorte. Et pourtant nous exaltons et magnifions son Nom tous les jours, matin, midi et soir.

     

    Dans cet immeuble de l’ONU, je pense que la prière du samedi après midi a raison de dire que le peuple juif est un peuple unique sur terre : Israël goy éhad ba aréts. On peut traduire autrement : un peuple uni, jeté à terre. Je préfère la première interprétation.

     

    Je dis à Harald que l ONU illustre bien l’oracle divin dans le livre de la Genèse, adressé à Abraham : par toi tous les peuples de la terre seront bénis.

     

    Oui, cette ONU existe mais n’a pas empêché bien des guerres et des massacres de civils innocents : Irak, Syrie, Libye et  dans tant de pays africains. Tant aussi de migrants dont la Méditerranée est devenue le cimetière marin.

    L ONU a-t-elle un avenir ? Oui, si elle impose le droit et la justice, oui, si elle cesse de servir les intérêts de certains à l’encontre de plus faibles.

     

    Maurice-Ruben HAYIOUN

     

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  • Chroniques new yorkaises; Le seder chez Michael et Cécile Rothsqchilkd

    Chroniques new yorkaises IV : Le seder chez Cécile et Michael à ARMONK

     

    ers moi : il est bien âgé mais porte vaillamment ses quatre-vingt-dix ans. C’est le mari de la mère de Michael, le mari de Cécile. Je le salue très respectueusement et il demande que l’on prenne place côte à côte. Je m’exécute et là commence pour moi un événement des plus marquants, ce que les Allemands nomment  ein Erlebnis. Ce monsieur a entendu dire que j’étais un spécialiste de philosophie  allemande et de langue  allemande… Nous parlons allemand pendant une petite demi heure et cet homme, au geste calme, à la voix douce, me pose une question qui, je le saurai quelques instants plus tard, résume toute sa vie.

     

    Vous êtes un philosophe, interroge t il, oui, répondis je. Alors, dit-il, expliquez moi l’antisémitisme… Curieuse entrée en matière. J’hésite mais avant de poursuivre il me donne des détails biographiques qui aideront à la compréhension le lecteur éventuel : Monsieur Werner Anton  X…naquit en 1926 à Offenbach dans une famille juive plutôt assimilée. En 1938, ses parents, disparus pendant la Shoah, pressentent  que l’aventure national socialiste va virer à la tragédie pour les enfants d’Israël au bord du Rhin (pour parler comme H  Heine) et décident d’exfiltrer leur fils vers l’Angleterre, profitant des convois que Léo B aeck et ses adjoints organisent pour les enfants juifs dont les parents ne se sentaient plus en sécurité dans le IIIe Reich.

     

    Je jeune Werner Anton qui deviendra Anthony en Grande Bretagne et aux USA, n’a que 12 ans lorsqu’il part d’Allemagne, quitte ses parents qu’il ne reverra plus jamais. Pendant que l’homme relate sa vie, je sens dans mes yeux un picotement et je pense qu’une poussière est rentré dans mon oeil. Il n’en est rien, je pleure tant je suis ému par notre rencontre et par le récit.

     

    Moi qui ait tiré d’un oubli immérité tant de penseurs, de philosophes et d’historiens juifs d’Allemagne, sur plus de deux siècles, de Mendelssohn à  Martin Buber, je me retrouve un soir de séder, de l’autre côté de la planète, assis face à un juif allemand en chair et en os, un homme qui, sans la décision avisée de ses parents, eût disparu. Ce n’est plus un livre que j’ai sous les  yeux et dont je tournerais avidement les pages pour préparer les cours et les conférences, mais, un être bien vivant, un témoin. D’où mon émotion car l’intuition a précédé la connaissance, l’acte cognitif. Même lorsque j’avais rencontré Gershom Scholem à Paris et dont j’ai été le traducteur de l’allemand en français, je n’avais pas ressenti pareille émotion. Et pourtant les philosophes sont réputés pour savoir contrôler leur émotivité.

     

    Mais revenons à la question de mon interlocuteur nonagénaire sur l’antisémitisme. Pour moi, j’ai un arsenal d’explications logiques, historiques ou critiques, pour lui, ce terme est plus qu’un mot vide de contenu, ni un mot renvoyant à d’autres mots, c’est une période axiale, car sans cette haine congénitale des juifs, cet enfant n’aura pas quitté ses parents, il serait resté dans sa ville natale, aurait fréquenté l’université locale ou ailleurs, aurait fondé une famille etc… C’est le rêve brisé qui se transcrit dans ce terme : antisémitisme. Un terme ou plutôt un roc granitique sur lequel se sont brisées plus de six millions de vies, d’existences, d’êtres, de projets et de rêves.

     

    Alors, vous demandez vous, qu’ai-je bien pu dire à ce vieux Monsieur, suite à sa question ?  Comme il y a autant d’antisémitismes que d’antisémites, j’ai préféré répondre par une citation d’un grand historien allemand du XIXe siècle, spécialiste de la Rome antique et dont la statue trône à l’entrée de l’Université Humboldt de Berlin, un certain Théodore Mommsen, grand spécialiste de la Rome antique. J’insiste, pour dire que cet homme n’avait pas la moindre racine juive et pourtant il a porté un jugement très lucide et sans complaisance sur l’antisémitisme. Voici la citation de Mommsen : Quand Israël a fait sa première apparition sur la scène de l’histoire mondiale, il n’était pas seul, il était accompagné de son frère jumeau. Et qui était ce frère jumeau ? L’antisémitisme !!

     

    Aucun trait du visage du vieil homme n’a tressailli. Je lui ai appris ce qu’il savait déjà… J’admire la force intérieure,  la vigueur interne, la force morale de cet homme qui a toujours tourné le dos à tout dolorisme, toute victimologie, et cet exemple doit être suivi par tant d’autres gens, qui se plaignent constamment ou en veulent à la terre entière qui n’y est pour rien. Mais il faut les comprendre.

     

    J’en fais part à Danielle qui me dit que ces hommes ont traversé des choses si affreuses , qu’ils ont une  incomparable force morale qui les aide à tenir et à faire face. Surtout quand vous êtes un enfant…

     

    Cécile, notre hôtesse, me propose de m’assoir auprès de son beau-père pendant le déroulement du séder. Et là je dois vous dire que cette jeune dame a édité une Haggada avec des commentaires qui actualisent la lutte éternelle de tout homme pour la liberté. Tout a été organisé au millimètre : chacun a sa partition, son texte à lire, les prières sont récitées en hébreu, d’autres sont traduites. En fait, un beau séder libéral mais fidèle. Ses commentaires me rappellent une phrase de Heschel : Aucune religion n’est une ile isolée du reste du monde. Techniquement, nous sommes répartis sur trois tables et au lieu de lire ou d’agir, je regarde tout autour de moi et je vois l’un des fils de Monsieur et Madame Rothschild. Si l’enfant Werner n’avait pas été sauvé, les fils n’auront jamais vu le jour. Mais si la famille est différemment constituée, il y aurait eu des conséquences…

     

    Il n y a que chez les juifs que de telles rencontres, inattendues, se produisent. Un soir de séder chez Cécile et Michael Rothschild…

     

    De fait, trois ans après la fin de la guerre, Werner prendra le bateau pour se rendre aux USA. Son épouse qui nous fait face a quitté l’Allemagne avec ses parents quand n’avait que trois ans.

     

    Quelle histoire ! Je me demande en tant que philosophe qs’il existe vraiment une histoire juive ou plutôt un martyrologe ?  N’existe-t-il pas plutôt un destin juif sur lequel nous n’avons aucune prise ?

     

    L’hsitoire juive n’est pas une histoire à la Hérodote ou à la Thucydide. L’zacteur principale de cette histoire n’est autre que le Crétaeur de l’univers qui, pour des raisons de lui seul connues, a jeté son dévolu sur ce peuple sans jamais lui demander son avis.

    L’histoire d’Israël dont le séder fête la naissance se considère comme l’horloge de l’humanité. Et Israël a rendez vous avec Dieu. Comment arriver en retard à un tel rendez vous ? L’Histoire universelle ne s’en remettrait pas.

    Maurice-Ruben HAYOUN

     

     

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