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  • Pourquoi Israël, pourquoi Jérusalem ?

    Pourquoi Israël, pourquoi Jérusalem ?

    Voici deux questions condamnées à rester sans réponse mais qui catalysent l’un des plus vieux conflits de notre temps. Je l’ai maintes fois rappelé dans ces colonnes : quelques arpents de terre sablonneuse, d’une superficie globale de deux départements français de taille moyenne, accaparent depuis tant de décennies l’attention, pas toujours équilibrée ni équitable, des médias du monde entier. Un exemple : dès que le moindre jet de pierres est signalé, dès que le moindre événement défraie la chronique, des centaines de rédactions, locales ou étrangères, dépêchent sur les lieux leurs meilleurs éléments pour rendre compte d’un événement qui… n’en est pas un !

    Dernier exemple en date : la déclaration du président Trump dont on disait qu’elle mettrait le feu aux poudres, ferait sauter une région déjà mise à mal, provoquerait une véritable guerre mondiale… Et à quoi avons nous assisté ? A de laborieux efforts de mobilisation qui sont loin d’avoir porté leurs fruits. En tout cas pas dans les proportions escomptées.

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  • Un événement marquant: réédition des Bâtisseurs du temps d'Abraham Joshua Heschel

    Un événement marquant:

    La réédition tant attendue des Bâtisseurs du temps (1957) du grand penseur juif américain, Abraham Joshua Heschel, vient de paraître. Cette réédition constitue une grande nouveauté : présentée en format oblong à l’italienne (A4 A5), chaque ligne du texte étant imprimée sur une seule ligne…

    Elle est disponible auprès de l’éditeur, M. Claude SARFATI (0680422608 ou sarfati.claude@orange.fr)

    Extrait de l’introduction :

     

    Abraham Joshua Heschel, figure emblématique de la pensée juive contemporaine

    L’homme juif n’est jamais seul en ce monde : la Tora est constamment à ses côtés… (A.J. Heschel)

    Le Juif doit se surpasser pour être normal. Pour être un homme il doit être plus qu’un homme. Pour être un peuple, les Juifs doivent être plus qu’un peuple… (Les Bâtisseurs du temps, p.53.)

    Melting pot dans tous les sens du terme, les USA nous ont habitués à ce brassage des cultures et à ce métissage des hommes. Le cas que nous allons évoquer dans les pages suivantes en est une belle illustration : il montre comment un Juif européen, Abraham Joshua Heschel a incarné dans cette société aux valeurs si différentes des nôtres, un modèle, une vision du monde, qui avait surgi dans ce que le romancier judéo-autrichien Stefan Zweig a nommé le monde d’hier, un univers englouti, perdu, et presque oublié à tout jamais. Cette lutte contre l’amnésie la disparition, l’extermination, ce philosophe-théologien aux accents prophétiques, l’a menée et dans une certaine mesure, l’a même gagnée. Dans ce livre, réédité grâce à la passion et à la ténacité de Monsieur Claude Sarfati, Heschel montre que ce qui relève de l’espace peut disparaître, mais pas ce qui relève du temps et lui appartient.

    Né en 1907 à Varsovie, ce qui fait d’Emmanuel Levinas son aîné d’une petite année, venu au monde dans une contrée bien plus reculée d’Europe orientale, la Lituanie, Abraham Joshua Heschel connut, à peu de choses près, le même destin que son alter ego parisien : comme son coreligionnaire lituanien, il dut partir, quitter sa Varsovie natale, son milieu naturel, emportant avec lui cet univers peuplé de hassidim qui, contrairement à leurs frères «d’Occident» n’avaient pas relégué à l’arrière-plan leur attachement aux pratiques religieuses ancestrales. Refusant de troquer leur identité juive proprement dite contre le plat de lentilles d’une culture européenne broyant tout sur son passage, comme la totalisation et le savoir absolu de Hegel, Ils continuaient de vivre conformément aux directives des dynasties hassidiques de leur époque. Comme chacun sait, chaque secte hassidique portait à sa tête un tsaddiq (un Juste) qui réglait pour tous ses membres jusqu’aux plus infimes détails de la vie quotidienne.

    Mais de substantielles différences subsistent entre ces deux coryphées de la pensée philosophique du judaïsme au cours du XXe siècle. Sous l’angle de l’attachement au hassidisme et à la kabbale[1], ces deux penseurs juifs, Levinas[2] et Heschel suivaient des orientations presque opposées. Alors que Levinas ne cessera jamais de manifester une certaine retenue, pour ne pas dire une réserve[3] teintée d’hostilité, à l’égard du hassidisme et de la mystique en général, ce même ésotérisme juif, cette kabbale[4] qui offrait l’indispensable fondement théologique aux doctrines des adeptes du Baalshemtov, Heschel restera, sa vie durant, attaché à ce courant de pensée qu’il incarnait, au vrai sens du terme, dans un judaïsme américain oublieux de ses racines et de cette vieille, mais Ô combien authentique piété, à l’abri de toute contamination des idéaux de l’Emancipation, pire, des tentations d’une assimilation délétère. De ce point de vue, un monde séparait les deux hommes : Levinas est né dans la place forte, le bastion du talmud, la Lituanie du Gaon de Vilna[5] qui avait mené une lutte acharnée contre ces hassidim dans le comportement desquels il subodorait presque de l’hérésie… Pour Heschel, ce hassidisme était la saveur exquise du judaïsme, dans lequel il avait baigné dans sa jeunesse, un véritable élixir de jouvence, la garantie d’un culte jeune, vivant et plein de force. Mais il n’a jamais négligé les études talmudiques, comme l’attestent les multiples renvois aux sources juives anciennes, au midrash et au talmud.

    (Maurice-Ruben HAYOUN)

     

     

     

    [1] M-R. Hayoun, La kabbale, Paris, Ellipses, 2011.

    [2] Dans la quasi-totalité de ses écrits, même purement philosophiques, Levinas marquera ce qui le sépare du hassidisme. Jusques et y compris dans un article sur La mort chez Ernst Bloch, publié dans De Dieu qui vient à l’idée, p 65, note 5. Levinas saisit cette opportunité pour dire :… les histoires hassidiques si appréciées en Occident

    [3] Voir notre Emmanuel Levinas, philosophe-herméneute. Universpoche, Agora, 2017, chapitre VI.

    [4] Ce penchant mystique a favorisé une certaine proximité entre Heschel et Henry Corbin qui traduisit quelques pages de son collègue américain. Rappelons nous que c’est ce même Corbin qui traduisit Sein und Zeit de M. Heidegger en 1937.

    [5] Mais Levinas a fini par modérer son hostilité au courant ésotérique juif grâce à un livret d’un disciple du Gaon, rabbi Haïm de Volozine, intitulé Sefer néfésh ha-Haïm où se trouvent reprises les idées fondamentales de la kabbale de Safed, dite lourianique, du nom de son fondateur Isaac Louria.

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  • Comment faire la fête dignement ?

    Comment faire la fête dignement ?

    Les fêtes dites de fin d’année clarifient assez bien la relation actuelle entre l’héritage judéo-chrétien de nos sociétés occidentales et l’évolution des temps modernes. Dans un univers où le socio-économique, la finance, ou l’argent, prend une place de plus en plus prépondérante, quel espace impartir à la notion même de fête ? Une place qui ne fera pas le sacrifice de la spiritualité.

    Depuis de très nombreuses années on fait aux fêtes de fin d’année le même reproche : le commerce, l’attitude consumériste, la réclame et les intérêts des industriels, ont largement supplanté le sens, éminemment religieux, de toutes ces fêtes, devenues, hélas, le rendez-vous de la grande consommation en tous genres. Désormais, le fait de célébrer un événement de nature originellement religieuse, notamment pour les chrétiens, est passé sous les fourches caudines des prescripteurs publicitaires qui jugent si vous allez manger une dinde ou un chapon, du foie gras, une bûche, des macarons, boire du champagne et ou du vin rouge, etc… Les menus de fêtes ont totalement éclipsé la fête en elle-même. On a l’impression que, bien que vaincu, chassé par la grande porte, le paganisme, la fête païenne, est revenue par la petite ou même par la fenêtre, tant l’aspect du plaisir gustatif a nettement pris le dessus sur tout le reste.

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