Gilles Kepel, Sortir du chaos. Les crises en Méditerranée et au Proche-Orient (Gallimard) (suite et fin)
Dans mon précédent papier, j’abordais la thèse principale de Gilles Kepel : comment les masses arabo-musulmanes ont soudainement brandi l’étendard de la révolte à la suite de l’incident tragique et poignant du marchand de Bouzid qui s’immole par le feu parce qu’une policière municipale l’a giflé publiquement, au motif qu’il n’était pas permis de vendre ses fruits et légumes à la sauvette… Or, c’était là sa seule source de subsistance. Il décide aussitôt de mettre fin à ses jours. C’est le pire exemple de la série bien connue, le battement d’ailes d’un papillon provoque à l’autre bout du monde un terrible ouragan… L’écho de ce drame qui eût été sans résonnance aucune peu de temps auparavant a atteint toutes les nations du monde, et notamment du monde arabe. C’est la gifle satanique qui a bouleversé l’ordre mondial. Aucun régime arabe, carencé en démocratie, n’y a échappé, tant en Afrique du Nord qu’au Proche- et Moyen-Orient.