LA FRANCE ET SES TURBULENCES SOCIALES…
Nous sommes à quelques semaines tout juste des départs en vacances ; la météorologie a été plutôt clémente ces temps ci et on devrait s’attendre à une humeur plus agréable des Français. Et que voyons nous? La grogne et le mécontentement enflent, compromettant même l’approvisionnement en poissons (rendez vous compte : bientôt plus de bouillabaisse à Marseille !), sans omettre le blocage des raffineries ou des dépôts de carburants…
Certes, il existe un sérieux problème créé par le renchérissement des prix et notamment ceux des carburants. Il faut y apporter une solution le plus rapidement possible, dans le cadre des législations française et européenne.
Mais est-ce suffisant pour justifier ces désordres ? Déjà toute une série de mécontents se donnent la main pour organiser la confusion et rendre la vie quotidienne encore plus compliquée : les ambulanciers, les taxis, les routiers, les agriculteurs, les marins pêcheurs, les enseignants, tous se préparent pour des actions censées leur donner satisfaction dans leurs revendications sociales ou salariales…
Ne nous trompons pas ! Les revendications sont légitimes même si elles sont assez souvent exorbitantes. Mais pourquoi user de ces moyens là pour les faire aboutir ? Dans ce pays, il règne un vieux fond de conflictualité permanente et non d’urbanité. Aucun gouvernement, quelle que soit son orientation politique , n’est parvenu à réformer un pays qui en a bien besoin…
Les Français ont travaillé dur (ceux, du moins, qui ont la chance d’avoir un emploi) durant plusieurs mois. L’été approche et l’on peut raisonnablement rêver d’évasion et de dépaysement : allons nous, en guise de prime, trouver des routes bloquées, des aéroports bondés et une pénurie de tant d’autres choses ?
On pensera ce que l’on voudra de la politique actuelle, quelques faits demeurent incontestables : pour la première fois depuis des lustres, le plein emploi est à portée de main dans peu d’années, le service minimum mis en place par le gouvernement a rendu la dernière grève des transports presque indolore, le taux de croissance a été une grande surprise… Nombre d’autres progrès restent à faire, alors sourions et vivons heureux. Cela ne sert à rien de se plaindre constamment.
France - Page 13
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LA FRANCE ET SES TURBULENCES SOCIALES…
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NICOLAS SARKOZY UN LÈVE-TÔT…
NICOLAS SARKOZY UN LÈVE-TÔT…
La nuit a été très courte pour le Président de la République… Levé dès 4 heures du matin, il se rendit vers 5 heures au marché d’Intérêt national pour rencontrer ceux qui se lèvent tôt et travaillent. Après ce passage sur place, il a donné une interview sur une grande station de radio périphérique pour annoncer de nouvelles mesures, notamment de soutien aux consommateurs. Il s’est aussi occupé d’une ligne du RER particulièrement empruntée chaque jour : près d’un million de voyageurs…
On peut s’interroger sur cet activisme présidentiel ; certains sont même allés jusqu’à dire que le Président qui n’a jamais été Premier Ministre agit comme tel, alors qu’il se trouve à l’Elysée et non à Matignon… Cette remarque est étonnante puisque Nicolas Sarkozy avait maintes fois martelé qu’il serait un président qui gouverne.
Ce qui frappe en revanche, plus sérieusement, c’est la mentalité des catégories socio-professionnelles touchées par la hausse du prix des carburants : comme si tout les usagers n’étaient pas touchés dans une égale mesure… On est surpris de lire que certains menacent en disant qu’il vont de nouveau bloquer les villes, les aéroports, les routes etc… C’est assez incroyable ! On a l’impression que la mentalité française ne parvient pas à se dépouiller une fois pour toutes de cet esprit frondeur, volontiers contestataire et jamais satisfait. Et parfois violent.
Loin de moi l’idée de nier les réelles difficultés que rencontrent tant de nos concitoyens de France mais aussi d’Europe (Italie, Espagne, Portugal, ) et qu’il faut aider absolument. Dans le cadre de la loi et de la réglementation européenne. Mais tout de même : doit-on briser les abris bus, dévaliser les rayons de poissons des supermarchés, occuper les péages d’autoroutes… Bref, on ne parvient pas à changer la mentalité des gens.
Finissons sur une note poétique : Charles Baudelaire, le poète maudit, disait, dans son désespoir face à la nature humaine, ceci : le cœur des villes change plus vite que le cœur des hommes. C’est l’opposition entre les cœurs de pierre et les cœurs de chair… Mais restons optimistes et continuons de croire en l’homme.
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L'affaire d'Outreau: la justice en question
L’affaire d’Outreau
Trois ans avant sa mort et au terme d'une vie bien remplie, Ernest Renan écrivait, en guise d'introduction à son Examen de conscience philosophique (1889), les lignes suivantes :
« La production de la vérité est un phénomène objectif, étranger au moi, qui se passe en nous sans nous, une sorte de précipité chimique que nous devons nous contenter de regarder avec curiosité. »
La quête de vérité gît au fondement même de toute volonté d'équité. Le séisme d'Outreau, aux conséquences si lourdes, montre combien on s'est écarté, volontairement ou pas, de l'impératif catégorique de la justice : identifier et punir les coupables, en épargnant les innocents.
L’affaire d’Outreau
Trois ans avant sa mort et au terme d'une vie bien remplie, Ernest Renan écrivait, en guise d'introduction à son Examen de conscience philosophique (1889), les lignes suivantes :
« La production de la vérité est un phénomène objectif, étranger au moi, qui se passe en nous sans nous, une sorte de précipité chimique que nous devons nous contenter de regarder avec curiosité. »
La quête de vérité gît au fondement même de toute volonté d'équité. Le séisme d'Outreau, aux conséquences si lourdes, montre combien on s'est écarté, volontairement ou pas, de l'impératif catégorique de la justice : identifier et punir les coupables, en épargnant les innocents.
Or, existe-t-il un domaine où la découverte de la vérité est plus cruciale, plus vitale que le domaine judiciaire ? Certes, non. Mais qui est en charge de cette redoutable recherche sinon un être humain qui nous ressemble en tout point mais que ses fonctions investissent d'un pouvoir redoutable ? Le juge d'instruction.
En dépit de mises en cause à la fois massives graves et récurrentes de quelques magistrat, il convient, pour élever le débat, de s'interroger sur toutes les circonstances qui ont rendu possible cette énorme erreur judiciaire (onze personnes injustement détenues pendant des années) et de replacer le fonctionnement de la justice dans son véritable contexte, celui de la société contemporaine.
Par-delà les erreurs manifestes (et j'en veux pour preuve le cas de ce jeune détenu qui induit délibérément en erreur le juge en le lançant sur les traces d'un cadavre imaginaire…), on ne saurait concentrer toutes les critiques sur un seul individu, même si son rôle dans ce naufrage judiciaire est incontournable.
On ne rend pas la justice dans un espace éthérique ni en vase clos. Il existe des facteurs extérieurs qui déterminent, qu'on le veuille ou non, le prononcé de tel verdict ou de tel autre. Quand une société, accablée de mille maux et vacillant sur ses fondements, est ébranlée par des scandales de pédophilie, de meurtres en série, de séquestrations d'enfants et de crimes de toutes sortes, la pression des media et de l'opinion est si forte que nul ne peut, en définitive, se soustraire à l'esprit de son temps.
Pourquoi formuler une telle exigence à l'endroit exclusif des juges ? Faudrait-il leur interdire la lecture des journaux, l'audition des radios et des programmes télévisuels ? L’évidence s’impose à tous : Dans le verdict d'un juge se reflète nécessairement un certain état de nos sociétés.
Or, que voyons-nous ? Une démission générale de toutes les sources traditionnelles d'autorité qui sont soit systématiquement attaquées soit littéralement niées : familles, écoles, églises, sociétés philosophiques, aucune institution ne résiste à cette déferlante qui atteint nos sociétés dans leurs fondements mêmes. Plus rien, ou presque, n’a de sens.
Comment s'étonner, dès lors, de l'embrasement de nos banlieues puisque la cellule familiale, berceau indispensable de la pensée et première éducatrice des enfants, si tous les modèles, tous les paradigmes sont réduits à néant. Aux côtés de ce nihilisme qui ne veut pas dire son nom, on perçoit l'émergence d'un véritable anitinomisme, une attitude qui consiste à nier frontalement toute idée de loi. Or cette même loi se veut à la sage et pérenne : c’est la sagesse du législateur qui lui confère cette pérennité puisqu’elle ambitionne de fonder en droit l’équité. Depuis quelques années déjà, les majorités parlementaires varient dans leur choix fondamentaux en fonction d’une opinion publique, d’une vox populi, nécessairement versatile mais propre à déterminer, lors des prochaines consultations, la réélection ou la défaite des parlementaires… Ceci explique bien des choses : les mêmes qui se plaignent de l’insécurité croissante et réclament une répression accrue (en l’occurrence la généralisation, par exemple, de la détention provisoire) s’émeuvent des conditions de celle-ci et étalent leur indignation lorsque la justice commet des faux pas comme celui d’Outreau…
Est-ce la bonne méthode ? Si les parents ont perdu tout prestige aux yeux de leurs enfants et que ces derniers se cherchent désespérément d'autres modèles qu’ils ne trouvent plus, comme jadis, à la maison ou dans leur environnement immédiat, comment leur transmettre ces quelques valeurs qui ne se transmettent –originellement- que de père à fils et de mère à fille ?
A la base de la profonde crise actuelle que nous traversons se trouve une incertitude qui affecte gravement tous les secteurs de la vie sociale, ce qui nous conduit immanquablement à la préparation des magistrats. Or, les juges eux-mêmes reçoivent une formation juridique qui ne les arme pas suffisamment bien pour affronter les situations auxquelles ils seront confrontés. On a souvent pointé du doigt la jeunesse (c'est-à-dire l'inexpérience) du juge, ce qui n’est pas la plus invraisemblable des hypothèses…
On a pu lire dans les colonnes du journal Le Monde les belles et émouvantes déclarations du magistrat le plus gradé de France, Guy Canivet, aujourd’hui membre du Conseil Constitutionnel, évoquant une justice rendue, «les mains tremblantes» et recommandant de voir en le justiciable «son prochain». Ce sont des paroles frappées au coin du bon sens et empreintes d'une humanité profonde. Est-ce si difficile à concevoir, à mettre en pratique ?
De toutes parts des voix s'élèvent pour réclamer une refonte totale des procédures pénales Cette exigence est parfaitement fondée et l'on ne peut que s'étonner de l'étonnement des parlementaires découvrant l'application concrète des lois qu'ils ont mêmes votées : la brutalité des perquisitions matinales, le transfèrement des gardés à vue et leurs interrogatoires pratiqués parfois sans ménagement.
On ne fermera probablement pas le dossier d’Outreau en se servant d’un bouc émissaire, voué aux gémonies car chargé de tous nos péchés. C’est à un examen de conscience (comme l’écrivait Renan il y a plus d’un siècle) que nous sommes tous conviés. Et d’abord en se disant que cela peut arriver à n’importe qui, qu’il faut être prudent lorsqu’il y va de la vie et de la liberté d’un être humain. Et au-delà de l’institution judiciaire qui a visiblement connu des dysfonctionnements, il y a les grands moyens d’information qui ont involontairement prêté la main à ce déni de justice en gavant leurs lecteurs en quête d’émotions rares…
Ici-bas, nul n’est infaillible. Nous devons donc aider les magistrats à mieux faire leur travail : notre démocratie en dépend.
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