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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1401

  • L’IDENTITE ISLAMIQUE ET LA CULTURE EUROPEENNE

     

      L’IDENTITE ISLAMIQUE ET LA CULTURE EUROPEENNE…
        Dans la Neue Zürcher Zeitung du  18 mai on peut lire un très long et très suggestif article allemand d’Arnold Hottinger sur l’identité islamique. L’auteur tente d’analyser les causes qui mènent à l’islamisme et donc à la radicalisation des pays musulmans. Sa thèse principale est qu’il n’existe pas un seul et unique islam mais plusieurs qui portent la marque et l’histoire des pays où cette religion s’est installée. Il insiste à juste titre sur les différences entre des pays comme l’Afrique du Nord d’une part, et d’autres contrées comme l’Inde et le Pakistan, mais aussi l’Egypte, l’Iran et l’Irak.
        Au gré de l’auteur qui semble bien connaître son sujet,  c’est une présence invasive des valeurs occidentales au sein du monde traditionnel musulman qui expliquerait ce qu’il qualifie de crispation identitaire. En d’autres termes, il n’y aurait rien de religieux dans tout cela mais simplement une démarche défensive qui, poussée dans ses derniers retranchements, explique, sans les justifier ni surtout les excuser, les débordements que l’auteur condamne sans réserve.  Au fond, il pose la question de l’essence de l’islam. Oui, quelle est l’essence de l’islam ? Selon l’auteur, il ne faut pas la chercher dans l’islamisme. Et ceux qui le font commettent une erreur lourde de conséquences.
        D’une certaine manière, on fait ici le procès d’une certaine mondialisation qui n’a épargné aucun pays ni aucune civilisation. Les musulmans se seraient sentis, à tort ou à raison, exclus de cette vague déferlante qui emporte tout sur son passage, y compris les valeurs traditionnelles auxquelles ces populations sont légitimement attachées.
        Comment et pourquoi les valeurs anciennes ne résistent-elles pas avec succès, c’est-à-dire victorieusement, à cette invasion, perçue comme une occidentalisation à outrance ? Selon M. Hottinger, les mondes islamiques (puisqu’il n’y a pas un, mais plusieurs islams) n’auraient pas encore trouvé la recette du succès qui semble être devenu l’apanage exclusif du monde chrétien ou occidental. Les réactions, voire les oppositions acharnées des masses musulmanes, bien que de nature différentes selon les pays concernés, ne dénoteraient pas une réponse de nature religieuse mais seraient simplement la manifestation d’une impuissance génératrice de frustrations et de violences… D’où le repli identitaire et toutes les crispations qui vont avec. L’auteur de l’article explique que l’on met en avant cette attitude parce que l’on cherche un refuge inexpugnable où ces valeurs, battues en brèche par la mondialisation croissante, pourraient survivre. En d’autres termes, ces gens seraient en quête d’une stratégie de survie. Et pour articuler ce discours, pour lui donner un minimum de substance, les adeptes de ce repli identitaire arguent qu’il suffit de respecter scrupuleusement certaines règles religieuses pour rétablir l’ordre ancien.  La religion n’intervient donc plus en première position mais occupe la seconde place. En philosophie ou en sociologie on appelle cela une instrumentalisation.
        L’auteur introduit aussi les données économiques dans son raisonnement : les pays concernés ont subi, nolens volens, des évolutions pas toujours bien maîtrisées ; ils sont obligés d’exporter ce qu’ils ont chez eux, le pétrole par exemple quand ils en ont, afin de nourrir leurs populations en proie à une démographie galopante. Ils introduisent donc chez eux les ingrédients d’un mode de vie qui ne semble pas leur convenir Il offre aussi quelques exemples assez surprenants dont on se demande comment on aurait pu en changer la nature : ainsi, dans les étendues désertiques où paissent les moutons et les chameaux, il faut désormais porter aux animaux l’eau à l’aide de véhicules à moteur alors que jadis c’étaient les bêtes qui étaient conduites à l’abreuvoir… Mais, souligne-t-il, toutes ces évolutions n’ont rien à voir avec la religion alors qu’elles provoquent un refus qui se donne des airs religieux. 
        En d’autres termes, comment vivre harmonieusement avec son temps alors que l’on a vécu hors du temps ? Il y a là une inadéquation qui finit par virer à l’écartèlement et développe une véritable schizophrénie… Il est vrai que la civilisation européenne est d’extraction judéo-chrétienne et que, sur le plan de la technique ou de la technologie, elle a remportée bien des succès.
        Alors que faut-il en penser ? L’article m’a séduit par son sérieux et la solidité de sa documentation, mais il ne m’a pas vraiment convaincu. Je  me souviens que lors de sa visite en Allemagne de l’est, peu avant la chute du mur de Berlin,  M. Gorbatchev avait dit aux dirigeants communistes de Berlin-est que ceux qui ne suivent pas l’évolution de l’histoire seront tôt ou tard balayés par le vent de l’histoire. On connaît la suite. Le prophète du Kremlin avait vu juste. Nul ne sait où va le monde ni ne comprend bien son évolution.
    Hegel parlait de l’histoire comme d’un gigantesque réel en devenir. La vénération d’un passé révolu dont on souhaite le rétablissement conduit au fondamentalisme. C’est là le danger qui menace. Et il convient de le conjurer.

     

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  • LE JEU DANGEREUX DU PRESIDENT IRANIEN



    LE JEU DANGEREUX DU PRESIDENT IRANIEN
    Mais que cherche donc l’actuel président iranien ? Que veut-il au juste ? Sont-ce les gros problèmes économiques et politiques de l’Iran qui le poussent à la fuite en avant et à chercher un exutoire confortable dans les relations internationales, en se confrontant aux USA et en menaçant constamment Israël de disparition ?
    Ainsi donc, tous les chefs d’Etat et de gouvernement présents à Rome pour la réunion au sommet de la FAO se sont rendus sur place pour parler de la faim dans le monde et voir comment y obvier. L’Iranien arrive sur place et que fait-il ? Il menace une nouvelle fois Israël… alors que la conférence porte sur la faim dans le monde !!
    Ce petit jeu ne fait rire personne et pourrait très mal se finir pour l’intéressé qui n’est plus vraiment en odeur de sainteté dans son propre pays. Une grande majorité de la jeunesse iranienne, née sous le régime des Mollahs, n’a rien connu d’autre et aspire, pourtant, à un mode de vie à l’américaine. Au plan extérieur, les violations des règles de l’ONU par le régime iranien isolent de plus en plus le pays sur la scène internationale. Ses seuls amis sont la Syrie, le Hezbollah et le… Venezuela ; et encore ces pays sont proches de l’Iran parce qu’ils craignent les foudres américaines… Les sanctions de l’ONU vont sûrement se durcir et les investissements en iran ont subi un arrêt net.
    Il se pourrait bien qu’avant de quitter la Maison Blanche, le président Bush laisse un petit souvenir, assez inoubliable, au président iranien. La visite du Premier Ministre israélien penche dans la même direction.
    Prions pour que cela n’arrive pas et que le peuple iranien se donne enfin un chef digne de sa grande histoire et à la hauteur de son apport à la civilisation mondiale.

  • LA MORT DE PIERRE BEREGOVOY

     

     

      LA MORT DE PIERRE BEREGOVOY
    Le livre de Pierre Follorou, le dernier secret (Paris, Fayard, 2008)

     Si l’on peut parler d’un cas tragique de la politique intérieure française de ces quinze dernières années, c’est assurément à la disparition de l’ancien premier Ministre Pierre Beregovoy que l’on pense immédiatement. Ce livre s’attache à reconstituer les circonstances de sa mort et déroule sous nos yeux les grandes étapes de sa carrière. Le jeune cheminot, fils d’un émigré russe ayant fui la révolution bolchevique, gravit patiemment tous les échelons de ses différents engagement pour s’imposer enfin, grâce à une ténacité sans pareille.
    Dans son prologue, l’auteur, journaliste au Monde, s’attache à conforter la thèse du suicide, même si une récente émission sur FR3 un samedi soir il y a plus d’un mois, remettait cette thèse en question…
    On lit l’histoire d’un homme qui ne fut jamais vraiment accepté par un milieu qui ne fut jamais le sien, un homme entièrement voué à l’admiration, voire au culte aveugle d’un chef qui, de l’aveu même de son épouse, Madame Gilberte Berégovoy, le manipula plus d’une fois. Modeste, vivant retiré de ce qui fait l’illusion du pouvoir, Beregovoy sera happé par un milieu qui lui donnera le vertige, au point qu’au lendemain de sa disparition tragique, sa mort dira qu’elle souhaitait que 1981 n’eût jamais eu lieu, signifiant par là que cette victoire a tout changé : les relations, le milieu, l’habitation et tout le reste.
    Si l’on suit l’auteur, c’est le passage dans l’opposition après l’ivresse du pouvoir qui pousse le future Premier Ministre qui nouait des amitiés avec des personnes sulfureuses, un peu comme un nœud coulant se serre de plus en plus autour de votre coup… Ces hommes, moins scrupuleux que le Premier Ministre, sauront lui rappeler leurs largesses passées et exigeront un retour d’ascenseur …
    Je passe sur les scandales dans lesquels le Premier Ministre n’avait rien à se reprocher pour arriver à ce prêt calamiteux d’un million de francs (un malheureux petit million) pour un appartement dans le XVIe arrondissement… Mais pour l’auteur, ce qui a délenché le geste fatal de Bérégovoy, c’est la crainte de voir le juge Thierry Jean-Pierre découvrir un compte numéroté sur lequel d’importantes sommes d’argent liquide avaient été déposées. Il y eut aussi l’incroyable imprudence  de membres très proches de la famille.
    Tout ceci se termina dans le sang, sûrement le sang d’un innocent qui n’était pas le pire des hommes politiques de notre temps.

     

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