Le dernier sommet de Bruxelles, le premier de Nicolas Sarkozy en tant que président de la République française, a permis de surmonter la crise qui frappait d’anémie l’Union Européenne, depuis l’échec du référendum sur le traité constitutionnel. Même s’il faut considérer les remarques du Premier Ministre luxembourgeois Juncker lequel invite à bien expliquer le résultat obtenu et à ne pas sous-estimer les retraits par rapport au projet initial (pas de drapeau, pas d’hymne, pas de ministre des affaires étrangères, bref rien de proprement constitutionnel-européen), l’idée d’un traité simplifié a été la meilleure et a fini par l’emporter. Une nouvelle fois, l’axe franco-allemand a été bien inspiré.
Pourtant, un incident, dû originellement à des considérations d’ordre tactique mais dépassant de loin -par ses conséquences prévisibles- les calculs de ses initiateurs, a sérieusement entamé la sérénité de ce sommet : je fais allusion à la remarque des autorités polonaises sur la population de leur pays qui eût été sensiblement plus forte sans les pertes occasionnées la seconde guerre mondiale… C’est une faute d’avoir parlé ainsi. Outre la position maximaliste de la Pologne et le risque d’isolement qu’elle recelait, la chancelière allemande ne méritait pas un tel rappel, elle qui a toujours veillé à ménager la sensibilité des Polonais dans leurs relations avec l’Allemagne. Qui a bien pu souffler un tel argument aux Polonais, réputés pour leur finesse et leur savoir-faire ? Gageons qu’une certaine frange de la population d’outre-Rhin n’aura pas goûté une telle remarque…
Sans s’appesantir outre mesure sur ce point douloureux, il faut bien noter que l’Europe a tout autant besoin d’une âme et d’une histoire communes que d’une constitution commune. Comment adhérer à des idéaux communs si l’on n’a pas des lectures compatibles d’un passé que l’on veut croire commun ? Même la pondération des voix au parlement et au conseils de l’Europe ne sauraient justifier pareil argument…