Hier soir, mercredi mais aussi mardi soir, quoique plus tardivement, la troisième chaîne publique de la télévision française a publié un passionnant reportage sur l'histoire d'amour (entrecoupée de pariodes de désamaour) entre la France (et/ou l'Europe) et les juifs. Il s'agissait d'un documentaire plutôt bien fait, présentant des images d'époque et des interviews d'acteurs politiques culturels et artistiques.
Si on laisse de côté quelques personnalités incontournables qui ont l'art de si'mposer dans ce genre d'émissions et qui, habituellement, ne font guère de déclarations impérissables, c'est incontestablement l'avocat et ancien ministree socialiste Robert Badinter qui s'est détaché du lot, non point par des effets de manches ou des mouvements de menton dont sont coutumiers els avocats, mais par u ne très haute tenue morale et une incontestable dignité. L'émotion, palpale, n'était guère feinte car l'homme parlait de son enfance malheureuse durant l'Occupation.
De uqoi s'agissait-il? Il s'agissait de montrer la compatibilité ou l'incompatibilité de l'identité juive et de la culture européenne. Ce qui revient à poser la question de l'antisémtisme.
Pour les juifs de France, ce fut assurément l'affaire Dreyfus qui marqua un tournant dans l'histoire de notre pays. Ensuite, il y eut une période d'antisémtisme plus ou moins diffus qui atteignit des sommets avec Drumot et Louis Ferdinand Céline. Vinrent par la suite la seconde guerre mondiale avec le nazisme et la sinistre solution finale.
Mais l'originalité de ce document tient au fait qu'il ne s'arrêtait pas là: il envisageait aussi la tranasplanation des juifs d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie (et même d'Egypte) après la décolonisation. De là, les auteurs remontaient aux troubles antisémites sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin dont une partie de la population maghrébine était largement responsable en raison des affrontements entre les Palestiniens et les Israéliens.
On ne peut pas résumer en si peu de lignes l'émotion, la crainte, l'angoisse transgénérationnelle exprimées par les enfants des Déportés qui sont désdormais des octogénaires ou au moins des septuagénaires. Et comme je le notais plus haut, c'est Robert Badinter, juriste froid et pointilleux, qui, cette fois-ci, ne maîtrisait guère son émotion.
C'est la première fois qu' l'on voyait un homme, au soir de sa vie, livrer ses réflexions sur l'antisémtisme qu'il qualifia de «la chose la plus inepte, la plus stupide» qui soit. Un moment d'émotion aussi où l'homme ne maitrisa pas ses sanglots en évoquant le souvenir du père tant aimé et tant attendu, mais qui ne revint jamais de déportation. La phrase qui fit fondre en larmes le fils orphelin, après plus de soicxante-cinq ans de deuil, fut qu'il «ne s'était jamais résigné à la disparition… de son père»
Dignité et retenue malgré l'émotion: l'épisode où Badinter évoquait l'amitié ou quelque chose d'approchant entre François Mitterand et Bousquer. Au mont Valérien, Bandinter avait pourtant dit aux jeunes juifs ayant sifflé Mitterrand: «Vous m'avez fait honte…» Badinter ajoute aujourd'hui qu'il téléphona au Président de l'époque pour s'expliquer avec lui. Il se retint et ne dévoila pas la teneur de leur entretien téléphonique qui fut sans doute orageux.
C'est vrai, l'antisémitisme comme toute autre forme de racislme, est une morbidité de l'âme. Vers la fin du XVIIIe siècle, Johann Gottfried von Herder, ministre protestant du culte, excellent hébraïsant et fin connaisseur de la poésie sacrée des Hébreux, disait qu'n jou viendrait où en Europe nul ne demanderait plus qui est juif et qui est européen… Comme si les deux s'excluaient mutuellement. Et pourtant l'Europe est plus une culture qu'un continent. Sa vraie constitution éthique est le Décalogue
A voir ce ce documentaire si poignant et si émouvant par moment, à écouter Badinter, pourant gâté par l'existence (grand avocat, ministre de la justice, garde des Sceaux et Président du Conseil Onstitutionnel) on se disait que ce jour n'était pas encore arrivé…