Hommage à Aimé Césaire
Un grand homme nous quitte, après une vie bien remplie, une existence au service de son peuple, de l’homme en général et de l’humanisme. Certes, cet homme ne fut pas qu’un poète que tout le monde encense aujourd’hui ; ce fut aussi un combattant, un homme d’idées, entièrement tourné vers les aspirations et le combats d’hommes noirs, victimes de l’oppression et de la colonisation.
Ce fut aussi un homme qui donna ses lettres de noblesse au concept de négritude à l’origine duquel on le retrouve, aux côtés de quelques rares compagnons de lutte. Comme, par exemple, Léopold Sedar Senghor… Hier ou avant hier, j’écoutais sur France-Info une interview d’Aimé Césaire parlant de son ami disparu, Senghor. Il précisait que chacun des deux avait son histoire propre. Senghor, disait-il, était un africain, moi, j’ai un autre vécu, un autre penser. Mais une amitié profonde et incontestable unissait les deux hommes dont les destins semblent parallèles : tous deux noirs, remarqués par leurs instituteurs, tous deux fréquentent les classes préparatoires, tous deux deviennent de fins lettrés que la situation de leurs peuples respectifs attire vers la politique. Enfin, Senghor acceptera d’être membre de l’Académie Française, ce que Césaire refusera obstinément…
Que l’on soit ou non d’accord avec ses convictions idéologiques, on ne peut rester insensible aux qualités de cœur et à la puissante faculté de jugement d’un homme dont la vocation première fut la poésie. Issu d’un peuple chaleureux et rêveur, agité parfois par des aspirations contradictoires, voire même violentes, Césaire n’a jamais commis d’excès et sa parole, même militante, est restée empreinte d’un humanisme certain.
Césaire sut, à sa façon, concilier l’identité créole et la culture européenne. Il parvint, non sans mal, à avoir une vision lucide de son état en se servant des valeurs que la France, l’Europe, l’homme blanc (si je puis dire) avaient mis à sa disposition. C’est ainsi qu’il réussiit à concilier le particulier et l’universel. Son combat personnel devenait celui des droits de l’homme en général.
Aujourd’hui, tout le monde reconnaît en lui le père de la Martinique. Et même au delà. Les groupes ethniques minoritaires ou oppirmés ont parfois du mal à dépasser le cadre étroit de leur propre communauté, réduisant ainsi, et de manière drastique, la portée universelle de leur message. Selon moi, Césaire a évité ce piège dans lequel tombent les propagandistes et les idéologues. Il était bien plus que cela. C’est pourquoi il appartient au panthéon spirituel des grandes figures de l’humanité.
Reposez en paix, cher Aimé Césaire, dans cette terre des Antilles qui vous a vu naître et à laquelle vous avez tant donné.
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