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La prestation télévisée de Nicolas SARKOZY, hier soir.

 

 

 

NICOLAS SARKOZY : AN 1     

    Comme on pouvait s’y attendre, le président est resté fidèle à ses engagements,  a fait preuve d’une grande sérénité face à des journalistes qui se sont très correctement acquittés de leur tâche. L’arrière-plan de cette grande représentation médiatique était pourtant peu favorable : les sondages ne sont vraiment pas bons, le mécontentement gagne et les Français se disent de plus en plus inquiets en raison de la baisse de leur pouvoir d’achat. Bien que cet aspect n’ait pas été abordé de manière frontale, M. Sarkozy a axé ses propos initiaux sur une analyse lucide de l’état de la France au lendemain de son élection : endettement, remise à plus tard des réformes, irruption de la mondialisation qui change les règles du jeu et, face à tous ces facteurs, une mentalité rétive aux changements. Le président a fait le procès généralisé des conservatismes. C’est là un constat fort ancien ; déjà Georges Pompidou affirmait que rien ne s’acquiert une fois pour toutes, au contraire, tout se conquiert.  Un principe que nos compatriotes ont parfois du mal à admettre… Vers la même époque, Alexandre Sanguinetti allait plus loin encore en disant que les Français rêvaient de venir au monde après que tout avait été payé : de la maternelle aux obsèques…
    Comment faire échec à cet immobilisme qui inhibe et paralyse à la fois ? En réhabilitant la valeur du travail répond invariablement le président qui reprend ainsi un point central de son programme économique : travailler plus pour gagner plus.  Il faut dire qu’il fut encore plus convaincant que par le passé en martelant ce principe auquel il semble adhérer de toutes les fibres de son être. On a perçu, tout au long de l’intervention présidentielle, un effort pédagogique plus soutenu, le chef de l’Etat reconnaissant volontiers ici et là un déficit d’explication de ses réformes et surtout la nécessité de ne pas confondre  simultanéité et successivité : un certain temps sépare obligatoirement l’engagement des réformes de l’apparition de leurs résultats.
    On a parfois l’impression en lisant les commentaires qui accompagnent les sondages que le mandat présidentiel ne court que  sur … un ans !  Nicolas Sarkozy a rappelé posément qu’il était là pour cinq ans, que les réformes étaient l’unique manière de combattre la triple crise (bancaire, énergétique et financière) traversée par la France. Les mesures de soutien au pouvoir d’achat sont répétées avec plus de force. La fameuse trilogie :  travail, croissance et pouvoir d’achat a de fortes chances d’emporter l’adhésion des Français. Il est vrai que dans notre pays, on attend tout de l’Etat. Et le président doit en tenir compte même si, comme il le dit lui-même, il croit au capitalisme (qu’il faut, précise-t-il, moraliser) il fait confiance aux entrepreneurs qu’il faut promouvoir contre les spéculateurs et entend développer la concurrence afin de juguler des hausses de prix que l’on n’observe pas dans les autres pays de l’Union…
    Une mesure, ou plutôt une préconisation nouvelle est constituée par l‘idée de répartir les dividendes des entreprises bénéficiaires en trois grandes parties :  les investissements, les salariés et les actionnaires. En abordant le chapitre économique, le président a souligné l’effet nocif des trente-cinq heures, responsables de l’amputation du pouvoir d’achat des salariés. Comment gagner un peu plus en travaillant toujours un peu moins ? M. Sarkozy a rappelé qu’il faut remonter à 1974 pour trouver un budget en équilibre de l’Etat… Mais ce constat ne s’accompagne pas d’un tour de vis dans le domaine social puisque le chef de l’Etat a rendu un hommage appuyé aux syndicats en soulignant leur esprit de responsabilité.
    Une telle conférence de presse ne pouvait passer sous silence l’affaire brûlante des travailleurs sans papiers. On a eu droit à un discours ferme : pas de régularisation massive, examen au cas par cas des dossiers et application de la loi qui prévoit clairement des dérogations. Une nouvelle fois, il a rejeté toute culpabilisation, ou toute haine de soi qui affecte souvent ceux qui défendent le douloureux dossier des étrangers en situation irrégulière.
    C’est, enfin, sur le chapitre de la politique étrangère que le chef de l’Etat s’est le plus animé. Parlant de l’attitude à adopter face à la Chine, il a rappelé que ce pays totalisait à lui seul un quart de la population mondiale, qu’il avait un droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU et qu’il était le seul à avoir l’oreille de certains pays (e.g. le Soudan).  Il faut donc, tout en ménageant la susceptibilité nationale des Chinois, les conduire à prendre langue avec le Dalaï Lama. Et sur l’Afghanistan, le Président a été clair et ferme : on ne discute pas avec les Talibans qui privent les jeunes filles de toute scolarité, amputent les jeunes femmes qui se mettent du vernis à ongles ou qui, lorsqu’ils étaient au pouvoir, exécutaient publiquement des malheureuses accusées d’adultère…  L’envoi de quelques centaines d’hommes supplémentaires est une nécessité à un moment où la France s’apprête à présider l’Union Européenne. On ne se couchera pas, dit le président, et on défendra les valeurs auxquelles on croit.
    La même fermeté se retrouve s’agissant du Hamas et de l’Iran, deux entités dont les responsables ont réitéré leur volonté de rayer Israël de la carte.
    En somme, un discours vigoureux et clair, un style moins flamboyant avec un zeste d’autocritique, de la pudeur même lorsque fut évoquée sa vie privée. Nicolas Sarkozy aborde l’an II de sa présidence avec une sérénité profonde.
Maurice-Ruben HAYOUN


 

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