UNE VENTE DE TABLEAUX AUX ENCHÈRES À DEAUVILLE
La vie à deux impose parfois des concessions inhabituelles, même aux philosophes. J’ai donc accompagné ma meilleure moitié à une vente de tableaux. C’est la première fois que j’assistais à ce genre de spectacle car le commissaire-priseur, homme d’expérience et de savoir-faire, a mené rondement son affaire, attisant la curiosité de la salle, interpellant les uns et les autres, allant parfois vite, parfois lentement lorsque des acquéreurs (surtout russes) appellent de Moscou ou de la Côte d’Azur, ou plus simplement de l’hôtel Royal Barrière…
J’ai vu partir le tableau de Léger (la femme ou la dame aux cactus) à plus de 250000 € ! Des gouaches , apparemment insignifiantes, ou des dessins de Picasso (notamment des peintures sur assiettes) à plusieurs milliers d’Euros… Je ne vous dis pas combien de fois les sommes données dépassaient mon salaire annuel…
Mais ce qui m’a le plus frappé, voire même peiné, c’est de voir des tableaux de peintres jadis très en vogues, partir à 1000 € ou être tout simplement «faute d’enchères» ! O ! Fugacité de la célébrité et de la gloire de ce bas monde !
Le commissaire-priseur que je connais et qui était si heureux d’avoir pour spectateur un philosophe m’a dit que lorsqu’il vend des yearlings, jamais aucun n’est retiré faute d’enchères. On achève bien les tableaux de grands peintres disparus, mais jamais les chevaux !
Qu’on se le dise.