ENCEINTE DE TRIPLÉS À 59 ANS !!
Je n’avais vraiment prévu de parler du cas posé par cette dame de 59 ans qui s’est fait implanté trois embryons (si je puis dire) et qui attend donc dans quelques jours la naissance de triplés dans une maternité parisienne. Malgré l’actualité pressante, notamment internationale, on ne parle que de cela. Une certaine presse en fait ses manchettes, la télévision évoque ce cas en boucle et l’on se tourne vers les penseurs pour savoir quelle conduite tenir.
C’est effectivement très complexe. Tout d’abord, il faut se demander si la dame en question veut ces enfants pour elle, c’est-à-dire s’il s’agit d’un désir d’enfants qu’elle ne peut plus avoir en raison de l’âge, ou si, tout simplement elle a servi de mère porteuse. Dans ce cas, on déplace le problème éthique qui revêt un autre caractère : avons nous le droit, au plan éthique, de préparer (de fabriquer) nos enfants dans un organisme qui n’est pas celui de la vraie mère laquelle n’a servi qu’à abriter un embryon préparé par d’autres et pour d’autres ?
J’avoue mon ignorance et je doute que quelque philosophe ou juge que ce soit, parvienne jamais à trancher… Certes, on nous rend attentif à un célèbre exemple dont la Bible se fait l’écho et qui mettait en lumière, dès le IIIe siècle avant l’ère chrétienne, un drame auquel nombre d’humains sont parfois confrontés : la stérilité. En effet, la difficulté à engendrer remonte aux temps les anciens et l’on voit dans le livre de la Genèse le coupe de patriarche Abraham-Sarah réclamer à Dieu un enfant… Mais avant d’en arriver là et avant que Dieu n’exauce ce vœu, Sarah demande à son époux de cohabiter avec sa servante Hagar afin d’être «édifiée par elle». On voulait donc un enfant dans le foyer, mais l’enfant était d’une autre femme… Et restait le sien. Aujourd’hui, il en va tout autrement, d’où la difficulté au plan éthique.
Avons nous la possibilité de demander à la médecine de mettre à notre disposition toutes ces techniques de procréation dite médicalement assistées ? En d’autres termes, est-ce que le désir d’enfants est assimilable à d’autres désirs matériels d’un autre ordre ?
D’un autre côté, il faut être conscient d’une autre inégalité, décrétée, celle-là, par mère-nature… Alors qu’un mâle peut enfanter, s’il en a encore la force, à 75 ans passés, une femme se voit déconseiller de tomber enceinte après, grosso modo, 45 ans ! Pourquoi la nature est-elle ainsi faite et pourquoi semble-t-elle favoriser les hommes ? Je dis bien sembler…
On se souvient peut-être de cette jeune femme allemande qui avait fait un pourvoi auprès de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe au motif que les hommes disposaient désormais d’une pilule, le viagra, pour stimuler leur capacité sexuelle, alors que les femmes ne disposaient pas de viagrette (curieux néologisme). Au plan pratique, cela prête à sourire, mais au plan du droit, la demande pourrait être prise en considération ;
Devenu adulte et enseignant la philosophie depuis quelques années dans les universités, je me suis souvent interrogé sur le sens profond de cette phrase de Montaigne : science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Mais que voulait dire le grand Sage de France ? Que lorsque l’on fait quelque chose, on doit aussi savoir ce que l’on fait…
Mais Montaigne vivait à une époque où le monde était simple. Je vous renvoie à la lecture d’un grand livre d’un sociologue, presque oubli » aujourd’hui, Georges Friedmann, Sagesse et puissance.